C’est un fait divers qui a glacé l’opinion qui arrive en unitaire sur TF1 : Le mystère Daval sera diffusé sur TF1 le 12 septembre lors d’une soirée spéciale.
C’est quoi Le mystère Daval ? Samedi 28 octobre 2017, 12h10. Deux hommes débarquent, affolés, à la gendarmerie de Gray. Jonathann Daval, accompagné de son beau-frère, vient signaler la disparition de son épouse, Alexia. Celle-ci est partie faire un jogging le matin et n’est pas revenue. Que lui est-il arrivé?… Pendant 3 mois, les gendarmes vont mener une enquête implacable, exemplaire, le plus discrètement possible, pour amasser des preuves, puis faire avouer celui dont ils ont la conviction qu’il ne dit pas tout : Jonathann.
L’essentiel
Il y a une grande tradition des adaptions de faits-divers à la télévision et ce, depuis très longtemps. L’année dernière, Une affaire française racontait toute l’histoire de l’affaire dite du petit Grégory. Mais avec l’apparition et l’explosion des chaînes infos en continue, l’actualité feuilletonne elle aussi et les Français suivent, semaine après semaine, les avancées d’une enquête en cours. Charge est faite du coup à la fiction quand elle s’en empare de « synthétiser » une affaire complexe. Comme lorsque Ryan Murphy s’empare de l’affaire OJ Simpson. Dans le cas qui nous intéresse, Emmanuelle Rey-Magnan et Pascal Fontanille vont devoir raconter et condenser un féminicide qui s’est déployé sous nos yeux durant de longues semaines et tenter de percer de percer « le mystère Daval », ses revirements, tout en saisissant au plus près la position des parents d’Alexia pour qui il a longtemps eu une place centrale dans leur vie. Le tout ça en 90 minutes !
« Je voulais simplement qu’elle se taise »
Jonathann
« On aime »
Si les américains sont habitués depuis longtemps à ces fictions qui mettent en scène des affaires récentes, la télévision française commence elle à peine à le découvrir même si cela se fait de plus en plus, à l’image de Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi avec Muriel Robin. La difficulté d’une telle transposition réside dans le fait que Jonathann Daval est devenu « un personnage » à part entière de cette histoire criminelle, que l’on a vu évoluer sur nos écrans de télévision. Il convenait donc de faire appel à un comédien dont la notoriété ne va pas « vampiriser » le rôle. Liam Baty (Demain nous appartient) remplit cette tâche et incarne parfaitement Daval car il le joue comme on le perçoit à la télévision : insaisissable et mystérieux. Dans le sens où l’on ne comprend jamais pourquoi il campe si longtemps sur une position pour ensuite en changer. Le film le montre d’ailleurs très bien et lors de la reconstitution, quand il avoue enfin avoir brûlé le corps de son épouse, on ne sait pas pourquoi il a changé d’avis.
A l’issu du film, si le mystère de la mort d’Alexia est résolu, le mystère entourant Jonathann est lui entier. Ce jeune homme a tellement déployé sa palette d’émotions pour que l’on croit à son histoire que l’on comprend en fait qu’il n’en a aucune. Sauf peut-être lors de cette scène charnière du film, en forêt, Liam Baty montre sans doute pour la seule fois du film « le vrai visage de Daval », mécanique quand il refait les gestes qui l’ont poussé à brûler le corps de sa femme. A cet instant, rien ne semble le troubler (alors qu’il commet l’horreur), et c’est glaçant.A ses côtés, Maud Baecker que l’on voit à peine dans le film, se glisse dans les traits d’Alexia avec une véracité troublante.
Le point « faible » de ce film n’est pas véritablement lié à la manière dont il est écrit ou réalisé, mais plus à ce qu’il est : un film. Les spectateurs qui le verront sur TF1 sont tous contemporains de l’affaire. Et jamais aussi bien soit-il fait un film ne pourra rendre compte sans donner l’impression ‘ »d’accélérer » l’histoire, de ce que l’on a ressenti en voyant l’histoire se déployer sous nos yeux dans les JT, jour après jour, mois après mois. Le mystère Daval raconte donc comme il peut cette histoire, avec beaucoup de pudeur, notamment dans ce moment bouleversant qu’est la reconstitution du meurtre d’Alexia dans sa maison (avec en fond la sublime partition d’Alexandre Lessertisseur). Un passage est d’ailleurs symptomatique de ce que l’on vient de décrire. La juge demande à Daval de mimer ce moment où il étrangle sa femme durant 4 minutes… et s’arrête après 1 minute comme si les 4 minutes étaient passées. Evidemment, on ne pouvait filmer durant 4 minutes, tout comme on ne pouvait pas non plus saisir en 90 minutes toutes les nuances d’une affaire complexe. La narration doit suivre son cours et son tempo et ce n’est évidemment pas celui de la réalité. Naturellement !
A lire aussi : 5 éléments pour comprendre… l’affaire Jonathann Daval | VL Média (vl-media.fr)
On regarde … si on veut voir la reconstitution digne d’un fait-divers puissant, symbole des violences faites aux femmes
On ne regarde pas … si on est la transposition d’une histoire vraie à la télé ne plaît pas, ou si on pense que l’information a déjà tout dit
Le mystère Daval
Déjà sur Salto
Le 12 septembre sur TF1