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On regarde ou pas ? Mademoiselle Holmes, le nouveau polar de TF1

Présentée en avant première à Marseille Séries Stories, la série Mademoiselle Holmes avec Lola Dewaere arrive sur TF1.

C’est quoi Mademoiselle Holmes ? Comment imaginer que Charlie, 36 ans, flic discrète et timide qui vit toujours chez son grand-père, est la descendante du célèbre Sherlock Holmes…?! Jusqu’au jour où, percutée par une voiture, elle a un déclic. La Charlie sans saveur et inhibée déborde soudain d’énergie. Pour la première fois, elle croque la vie à pleines dents. Son intelligence et son empathie hors normes font d’elle une flic aussi brillante qu’imprévisible. En rencontrant Samy, celui qui va devenir son Watson, Charlie va enfin s’assumer en tant que flic, femme… et Holmes !

L’essentiel

L’univers de Sherlock Holmes est l’un des plus adapté, tellement adapté qu’il est entré au Guinness Book. On ne compte plus les incarnations du personnage créé par Conan Doyle, de Jeremy Brett à Peter Cushing en passant par Benedict Cumberbatch ou Robert Downey Jr. Dans le cas présent, celui de Mademoiselle Holmes, il s’agit d’une suite non officielle du personnage plutôt qu’une nouvelle adaptation. Holmes serait passé par la France et aurait ainsi eu une famille sur le vieux continent avant de repartir vers l’Angleterre. Comme dans Elementary ou Sherlock, l’idée est aussi de transposer l’univers et les références de Holmes dans une société différente ici Nantes, mais aussi avec des allusions permanentes à l’univers du héros que le public connaît bien. Pour incarner la descendante du célèbre détective de Baker Street, la production a fait appel à Lola Dewaere qui a l’habitude du format série dans un univers que ne renierait pas Conan Doyle, celui d’Astrid et Raphaëlle. A ses côtés, on retrouve un « nouveau Watson » incarné par Tom Villa, mais aussi Thomas Jouannet et, plus surprenant, Daniel Prevost en membre de la célèbre famille.

Pour la forme, la série épouse une formule qui a fait ses preuves sur TF1 : des enquêtes bouclées et du feuilletonnant pour conclure chaque épisode et ouvrir vers la suite, le tout (depuis HPI) porté par un personnage « hors des clous ».

A lire aussi : On a vu pour vous … les deux premiers épisodes de Brocéliande, première série de Nolwenn Leroy | VL Média (vl-media.fr)

On aime ?

Sur le papier, en étant tout à fait honnête, Mademoiselle Holmes n’est pas la série qui donnait le plus envie. On sentait un peu trop une forme de facilité à adapter un tel personnage aussi populaire, un pari d’autant plus casse gueule qu’il survient après le phénomène planétaire que fut Sherlock. Et on se dit que la série a des chances d’être teinté d’un humour propre aux séries françaises et dont on aimerait tant se passer. Et on continuait de le craindre à mesure que l’on découvrait les premières minutes de la série. Mais c’est sans compter sur le talent de l’équipe d’auteurs de la série qui ont su embrasser les codes de la fiction policière de TF1 pour mieux, pierre après pierre, bâtir leur propre univers, qui devient de plus en plus riche à mesure que la saison avance.

Comme dans Sherlock Holmes, les enquêtes démarrent sur un faux semblant (comme une simple disparition d’enfant) pour basculer dans autre chose à mesure que la réflexion de Charlie Holmes ne s’affine. Pour symboliser le point de bascule où Charlie démêle le vrai du faux et pourra révéler la vérité, les auteurs ont imaginé un gimmick qui renvoie à Holmes : hypersensible qui a renoncé à son traitement, Charlie a besoin de s’enfermer dans sa bulle avec son violon pour tout connecter, le tout sur une musique très réussie et récurrente de François Liétout.

Outre le violon, c’est tout l’univers franco-français qu’il a fallu marquer de références à un univers plus « british ». Un vrai travail a été effectué dans tous les domaines, au scénario bien sûr mais aussi musique, décoration, décors pour qu’ils évoquent par « touche » la société anglaise qui fait défaut. Ainsi Charlie est adepte du vélo (qui permet de donner à la « grande ville » un aspect plus « village » et qui rappelle la manière de circuler dans la campagne anglaise) ; on notera aussi que la bâtisse où vivent les Holmes – parfaitement trouvée – ressemble davantage aux manoirs anglais qu’à nos petites maisons traditionnelles ; la musique de François Liétout est une très belle bande originale qui tout ce qu’il faut pour nous plonger dans une atmosphère anglaise et rend même hommage ici et là à la BO de Sherlock ; enfin, la mythologie se construit pour le coup sur des références à Holmes qui ne cessent de monter en puissance (on ne spoile rien mais il y a de véritables pépites à découvrir). A commencer par le premier épisode qui pose l’existence « dans cet univers » de la famille Moriarty avec une question à la clé : que vont-ils en faire ? et qui constituera le fil rouge de la saison et sans doute de la série.

« Je vais enfin pouvoir montrer que je suis une comédienne » (TF1 info)

Mais la grande réussite de la série réside dans ses personnages. Une très belle relation se noue entre Charlie et son « Watson » (un légiste en stage dans la police et qu’incarne Tom Villa), loin des clichés des séries policières habituelles. Même chose entre Charlie et son grand-père tantôt tendre, tantôt mystérieux, même si on ne cachera pas avoir eu besoin d’un temps d’adaptation pour imaginer Daniel Prévost en fils de Holmes (!!).
Mais c’est bien Lola Dewaere qui constitue la très belle révélation de cette série, elle qui rêvait de jouer un rôle loin de ce qu’elle est : « Ce que fait Sara Mortensen sur Astrid et Raphaëlle, je rêve d’avoir un rôle comme ça » avait-elle précise dans la presse au moment de l’annonce du projet. Et ce personnage lui va tellement bien, la comédienne en est attachante, touchante, drôle et opère un vrai virage dans son parcours. Le personnage pourrait être caricatural (et sans doute l’est-il un peu) mais la comédienne en fait quelque chose d’authentique et qui connaît une très belle évolution.

Comme dans une histoire de super-héros, c’est par un « accident » que la transformation se fait ici aussi, le passage de Charlie en Mademoiselle Holmes (soit en descendante de son aïeul). Mais c’est loin des codes de la série policière que le personnage se construit. C’est presque comme une héroïne de comédie romantique que le personnage avance, évolue. Un peu comme dans Touche pas à ma fille, et son héroïne ado qui devient une femme, c’est quasiment une évolution identique que connaît Charlie en sortant de sa chrysalide et se mettant à faire confiance, à sortir de son mutisme, à aimer. Une très jolie évolution que Lola Dewaere rend à merveille.

Mademoiselle Holmes
6x 52 minutes
Dès le 11 avril et sur TF1+

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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