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On regarde ou pas ? That Dirty Black Bag (Paramount+)

Sur la base d’un western classique, That dirty black bag navigue entre hommage au genre et modernisation audacieuse. 

C’est quoi, That dirty black bag ? Formé par Anderson (Travis Fimmel), un vétéran de la guerre civile, Red Bill (Douglas Booth) est un chasseur de primes qui parcourt les plaines du far west. Pour obtenir sa récompense, il décapite ses victimes à la hache et transporte la tête dans un vieux sac noir – parce que, « une tête, c’est moins lourd qu’un corps », comme il aime à le répéter. Lorsqu’il arrive près d’une petite ville en déshérence, sa route croise celle de Arthur McCoy (Dominic Cooper), shérif violent et corrompu, et l’affrontement est immédiat. 

L’essentiel

Si le genre connaît un nouveau souffle dans le monde des séries, les derniers mois ont été particulièrement prolixes en westerns. Après 1883 et 1923 dédiée aux ancêtres de la famille Dutton de Yellowstone, le Billy the Kid de Stephen Knight et The English avec Emily Blunt, voici That dirty black bag, disponible sur YY.  Une série que l’on doit à Mauro Aragoni, réalisateur italien qui a directement puisé dans son propre film de 2015, Questa sporca sacca nera, et qui cite parmi ses influences Le bon, la brute et le truand… et La Chose de John Carpenter.  Ce mélange est la clé de sa série, et c’est d’ailleurs ainsi qu’il l’a vendue à AMC+. 

On aime

That dirty black bag puise allègrement du côté des westerns spaghetti. A commencer par  les paysages sauvages du far west (ou plutôt des Pouilles et du Sud de l’Espagne), parfaitement exploités. Prairies à perte de vue, déserts écrasants de chaleur, villes poussiéreuses… Le respect du style de grands réalisateurs comme Sergio Leone ou John Ford est évident, et le premier épisode débute même avec le duel classique au pistolet, entre deux personnages face à face. Même chose dans le final, qui reprend avec brio ces duels mortels épiques – avec taux de mortalité effarant qui laisse toutefois suffisamment de survivants pour une deuxième saison où on pourra continuer à se tirer dessus. Mais la série s’ingénie aussi à moderniser le genre, grâce à une réalisation souvent inventive aux accents tarantinesque mais aussi en introduisant une dimension d’horreur voire de slasher. Si vous mélangez Le bon, la brute et le truand avec Massacre à la tronçonneuse, vous obtiendrez quelque chose de similaire à That dirty black bag – pour un résultat incongru mais réussi qui fait tout le sel de la série. Classique mais avec un twist. 

Les aventures de Red Bill constituent le fil rouge, sur une durée de 8 jours. D’une part, des flash-back reviennent sur son passé aux côtés de son mentor Anderson ; d’autre part il croise dans son errance une multitude de personnages là encore classiques quoi que souvent légèrement voire carrément psychopathes. Le propriétaire de ranch sadique,  le hors-la-loi sanguinaire qui cherche à récupérer le butin qu’on lui a volé, les fermiers désabusés, la mère maquerelle, prostituée au grand  cœur, les chercheurs d’or obsessionnels, le riche spéculateur qui veut forcer les agriculteurs à vendre leurs terres… Bref, des gens peu recommandables, à la gâchette facile. Et en particulier Arthur McCoy, l’incontournable shérif qui s’avère impitoyable et a visiblement derrière lui un passé chargé, avec qui l’affrontement est immédiat.  

La série bénéficie d’un casting enthousiasmant, avec des acteurs bien connus des amateurs de séries et qui s’amusent beaucoup à cavaler à cheval et dégainer leur colt – on a l’impression qu’ils prennent un immense plaisir à jouer dans une série digne des films que beaucoup d’entre eux ont du voir quand ils étaient petits. Parmi eux, Dominic Cooper (le Howard Stark du MCU), Aidan Gillen (The Wire), Christian Cooke (Magic City), Guido Caprino (Il Miracolo) ou Douglas Booth qui incarne magnifiquement le chasseur de primes Red Bill. Il faut aussi mentionner Travis Fimmel (Viking), qui s’est directement investi dans le projet, devant et derrière la caméra en tant que producteur. 

On aime moins

Le mélange de western spaghetti / horreur est assez déstabilisant, en particulier parce que le résultat est irrégulier. Dans certains épisodes en milieu de saison, on a l’impression d’une juxtaposition plus que d’une fusion. En puisant dans deux genres aussi brutaux et malgré une violence graphique et souvent esthétisée, la série n’a pas non plus comme objectif la finesse ou la subtilité. 

La série reste aussi très classique dans son scénario : une poignée de personnages, une trame bien définie, une mécanique certes bien rodée mais qui par contrecoup dévoile des ressorts assez faciles à saisir… En outre, les épisodes ne sont pas exempts de longueurs et jouent souvent sur de longues scènes d’exposition avant un déchaînement de violence. Et mieux vaut avoir le cœur bien accroché, certaines séquences étant assez gore ou a minima dérangeantes. Vous risquez de vous souvenir longtemps d’une des premières scènes, filmée depuis la perspective… de la tête décapitée dans le sac.

Enfin, That dirty black bag propose une approche radicalement différente de Yellowstone ou de 1883, qui décrivent en arrière-plan une époque et placent les personnages dans un contexte social et / ou historique. Ici, c’est un microcosme où se croisent une poignée de francs tireurs solitaires (qu’ils soient bons ou mauvais) motivés uniquement par la vengeance ou la richesse ; la série se soucie uniquement de leurs intérêts personnels au détriment de grandes aspirations collectives et le récit souffre parfois de ce manque d’ampleur. 

On regarde si… on est un inconditionnel des westerns ; on aime les personnages emblématiques car il y en a un paquet ; on est prêt à se laisser surprendre par un mélange détonnant. 

On ne regarde pas si… on ne supporte pas la violence ; on préfère une série chorale qui explore toute la complexité de la conquête du far west ; on déteste les western (mais ça, vous l’aviez compris)

That dirty black bag.
8 épisodes de 60′ environ.
Le 4 Janvier 2023 sur Paramount+ .

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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