Depuis peu, Eric Lejoindre, maire PS du 18e arrondissement, porte un projet de taille : ouvrir un centre d’aide pour drogués. A priori, il ne s’agit pas d’une salle de shoot, mais d’un lieu où les toxicomanes se sentiraient épaulés.
“On sait très bien comment ça va finir..”, fustige Nouma, pharmacienne sur le Boulevard des Maréchaux, dans le XVIIIe. L’employée, comme la plupart des riverains de ce quartier populaire parisien, n’est pas enthousiaste à l’idée de voir apparaître un centre d’aide pour toxicomanes : “Ça commence par une salle d’écoute, et ça finit en véritable centre d’injection de drogue”, comme il en existe déjà un depuis 18 mois dans l’hôpital Lariboisière (10e).
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Pour accueillir les accros au crack, la ville prévoit de réhabiliter un vieux magasin de meubles, “Elite Décoration”, aujourd’hui à l’abandon. Ce bâtiment, géré par Paris habitat, est situé en plein milieu d’un quartier, 3 rue Réné-Binet, gangrené par la drogue, le vol, et la prostitution.
Selon la jeune femme, une telle initiative “va ramener des camés dans le quartier, qui viennent de toute la ville, juste pour profiter de cet endroit.” L’apothicaire renchérit :“Il y aura encore plus de drogués à notre comptoir, munis de fausses ordonnances pour acheter des médicaments, qu’il n’y en a déjà aujourd’hui.”
Coup de gueule des politiques
Un projet rapidement contré par l’opposition, représentée par Pierre-Yves Bournazel (Agir), qui suppose que “ce local pourrait accueillir un projet culturel. Entamez des discussions avec les riverains pour construire avec eux !” L’élu n’est pas le seul à penser ainsi : une pétition a déjà été lancée par les riverains pour déjouer l’idée.
L’insécurité, déjà présente dans les rues de Saint-Ouen, petite commune de Seine-Saint-Denis, risquerait d’être décuplée si un tel centre voyait le jour, selon Eric, un des habitants du quartier : “Ils vont commencer à stagner dans les environs, plus qu’ils ne le font déjà, et à squatter les lieux. Déjà qu’on en voit souvent faire la manche aux feux rouges pour se payer leur dose..” Mais le père de famille reste modéré, et explique que “si c’est juste un centre de réinsertion, c’est une bonne idée. Après tout, il en faut bien quelque part.”
“Le principe me plaît”
D’autres riverains, moins perplexes, espèrent voir dans ce projet un moyen de “rendre clean” les drogués. “Le principe me plaît, il faut vraiment que l’on prenne en considération ces gens, qu’on s’occupe d’eux”, témoigne-t-il, en rentrant chez lui. “Après il faut contextualiser. On vit dans un quartier populaire, rempli de dealers et de vendeurs à la sauvette, la mairie ne fait rien pour nous. Je ne sais pas s’ils ont bien réfléchi en plaçant un tel centre ici. Moi ce que je demande, c’est une réelle consultation publique, que l’on demande l’avis aux citadins avant toute chose.”