Premier président démocratiquement élu en Egypte le
Le sort de l’ancien président islamiste égyptien Mohammed Morsi dépend donc en grande partie de l’avis du
GUERRE TOTALE CONTRE LES FRÈRES MUSULMANS
Au-delà de la condamnation de l’ex-président du Parti de la Liberté et de la Justice, véritable vitrine politique des Frères Musulmans, une centaine d’autres accusés, dont des dirigeants éminents de cette confrérie, ont également écopé de la peine capitale. Ainsi, il clair que le président al-Sissi veut mener une confrontation à mort avec le mouvement islamiste. Effectivement, depuis juillet 2013, plus de 1 400 partisans ont été tués, 20 000 ont été emprisonnés et des centaines ont été condamnés à mort lors de procès de masse expéditifs.
Cette lutte contre le mouvement qui a remporté toutes les élections démocratiques organisées entre 2011 et la chute de Morsi en 2013, est véritablement le symbole de l’échec du processus démocratique en Egypte. En effet, l’ex-chef de l’armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi a instauré un régime encore plus autoritaire que celui de l’ancien dictateur Hosni Moubarak, réprimant toute opposition, islamiste mais aussi laïque.
LE SILENCE DE L’OCCIDENT
Du coté occidental, les Etats-Unis, pourtant grand allié de l’Egypte, se sont dits « préoccupés » par ce verdict de la justice égyptienne. Tandis que la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, a simplement déclaré que « la décision de condamnation à mort de Morsi et de plus d’une centaine de ses partisans, a été prise au bout d’un jugement massif qui ne convient pas aux responsabilités internationales de l’Egypte. »
Et ces faibles réactions ont fait réagir le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a qualifié la condamnation de Mohammed Morsi de « peine capitale contre la démocratie ». Erdogan, rappelant que la Turquie et l’Union européenne avaient aboli la peine de mort, s’est interrogé sur le silence européen et sur l’absence de sanctions contre le régime d’al-Sissi. Et même son de cloche du côté des islamistes tunisiens d’Ennahdha qui ont qualifié cette décision de verdict tyrannique à l’encontre d’un président démocratiquement élu.
Cette condamnation de Mohammed Morsi illustre bien le fait que l’Egypte de 2015 a tout d’une tyrannie militaire, meurtrière et liberticide, soutenue par les gouvernements européens et américain qui composent parfaitement avec ce régime illégitime pour étendre leur influence et en tirer des bénéfices (ventes de rafales français notamment). De plus, une part importante de l’opinion publique européenne continue de penser que le régime du maréchal d’Abdel Fattah al-Sissi est un moindre mal, voire une protection contre l’expansion du terrorisme dans la région. En définitive, lorsque que l’on a ce genre d’allié, il ne faut pas s’étonner d’entendre des dirigeants comme Vladimir Poutine ou Bachar al-Assad moquer les soi-disant principes occidentaux universels de démocratie et de droits de l’Homme.