Et si on s’était planté ? Depuis les années 1960, l’agriculture intensive n’a eu de cesse de se développer dans le monde. Tous persuadés que le gain de productivité passait nécessairement par le progrès technologique, l’agriculture intensive est devenue la base de notre modèle de production agricole. Malgré les désastres écologiques, sociaux et économiques directement liés à ce système, les alternatives peinent à émerger. Mais l’une d’elle commence à faire son trou : la permaculture.
La permaculture ?
Qu’on se le dise. Derrière ce mot typique du jargon du vegan, se cache un véritable concept. La permaculture est une méthode de production directement inspirée de la nature. Le terme sous-entend « agriculture permanente » (ou durable), qui consiste à cultiver de manière biologique les plantes/fruits/légumes en les associant entre eux, telles que les choses se font logiquement dans la nature sauvage. Elles peuvent tirer des avantages des espèces environnantes sans nuire à leur propre développement. Par exemple croiser des cultures de bananes et de café accroit les rendements du caféier. Grâce aux grandes feuilles du bananier, le caféier a plus d’ombre et pousse mieux dans ces conditions. Cette technique permet aussi d’optimiser l’espace agricole dans la mesure où les plantations se retrouvent au même endroit (contrairement aux monocultures classiques en agriculture intensive).
Des rendements exceptionnels !
Sur des petites surfaces, la permaculture permet d’atteindre des sommets de rentabilité. D’après l’institut national de la recherche agricole (INRA), cette méthode agricole a une rentabilité équivalente sur 1000 m2 de terrain, que sur 1 hectare en agriculture conventionnelle ! C’est à dire exactement les mêmes rendements, mais sur 10 fois moins de surface. L’autre gain d’argent se fait également par la réduction des frais, puisque rien n’est mécanisé. Financièrement parlant, l’agriculteur est gagnant, tant il limite ses investissements à la fois dans l’achat de la surface agricole, mais aussi dans ses équipements (out les tracteurs, pesticides etc.). Il est complètement possible de vivre dignement de son travail en faisant appel à cette méthode. C’est notamment le choix qui a été fait par les fermes françaises du réseau Fermes D’avenir.
Au delà du simple aspect économique, cela assure de meilleures conditions de travail à l’agriculteur. Sa production étant diversifiée, du fait de l’association d’espèces, il n’est plus autant dépendant des marchés financiers. Les monocultures ne peuvent en dire autant. Lorsque le cours du céréale est au plus bas, ceux spécialisés dans cette production sont directement impactés. La pression des coûts et des courts est donc moins problématique pour la permaculture.
L’Éveil de la #Permaculture, un #film à suivre, prochainement au #cinémahttps://t.co/nvhtag2SOK #agriculture #futur #durable #SIA2017 pic.twitter.com/f8WaX9f0Oj
— Ecovillages Europe (@EcoVillages_Eu) 2 mars 2017
Bientôt des fermes dans les villes ?
En 2050, 70% de la population mondiale vivra en ville (contre 54% actuellement). Et 9 millards de personnes à nourrir. C’est au vue de ces chiffres que la permaculture prend tout son sens. Comment peut-on imaginer que 30% de la population nourrisse les 70% autres ? D’autant plus que si nous continuons à exporter autant de fruits et légumes aux quatre coins de la planète, comment ne pas l’intoxiquer encore plus ? La Terre étant déjà atteinte d’un cancer des poumons métastasé avec des masses nuageuses noires, il devient impératif (entre autres) d’utiliser des circuits courts pour limiter la pollution liée au transport.
Les contraintes de surface en ville ne sont pas un problème pour la permaculture. Comme nous l’avons vu plus haut, les petites surfaces sont gages de rentabilité. Il est donc aisé d’imaginer des fermes miniatures sur le toit des immeubles, que chacun pourrait exploiter. Comme c’est déjà le cas dans certaines villes à l’instar de Copenhague ou encore Paris. Les coûts liés au transport chuteraient drastiquement et l’accès à la nourriture – locale – seraient on ne peut plus simple. Jamais la fameuse phrase de Voltaire dans Candide ne résonna aussi distinctement au XXIème siècle : « Il faut cultiver notre jardin ». Quitte à la remettre au goût du jour, autant la compléter par une réadaption de la célèbre citation de Neil Armstrong, lorsqu’il posa un pied sur la Lune. C’est un petit champ pour l’homme, une grande chance pour l’humanité.