Le débat autour du projet de loi sur la fin de vie ou l’aide à mourir, s’ouvre ce lundi 27 mai à l’Assemblée nationale. Le texte sera au centre des conversations pendant deux semaines.
La mort et la maladie s’invitent aujourd’hui dans l’hémicycle. Le projet de loi sur la fin de vie sera examiné à l’Assemblée nationale, à partir de ce lundi 27 mai, 16h00. Présenté en avril, ce texte suscite les interrogations et le débat. En effet, ce dernier vise à renforcer l’accès aux soins palliatifs et à légaliser l’aide à mourir. Durant deux semaines, les députés discuteront de cette réforme et pourront la modifier comme ça a été le cas avant. À titre d’exemple, le critère du « pronostic vital engagé à court ou moyen terme » a été remplacé par celui « d’une affection grave et incurable en phase avancée ou terminale ». Plusieurs articles renforcent les conditions du projet de loi qui sera soumis à un vote solennel dans l’arène du Palais-Bourbon, en première lecture le 11 juin.
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Être pour l’aide à mourir
Soulagement de la souffrance
Rien ni personne ne devrait obliger un être humain, doué d’une sensibilité, à endurer des souffrances. Ce projet de loi est vu comme une réponse à la douleur réfractaire, c’est-à-dire aux souffrances physiques et psychologiques qui ne peuvent être soulagées par les traitements palliatifs actuels. Même avec les meilleurs soins, l’aide médicale à mourir peut être vécue comme une délivrance. Pour certains patients, notamment ceux atteints de maladies incurables et en phase terminale, l’aide à mourir pourrait être la solution pour éviter une fin de vie marquée par des douleurs extrêmes. La Cour Suprême du Canada avait même considéré que l’interdiction de l’aide à mourir empiétait sur la sécurité des patients qui, souffrants, peuvent s’auto-infliger de nouvelles douleurs.
Respect de l’autonomie individuelle
C’est une fin inévitable mais que certains estiment essentielle pour être mieux vécue. L’aide à mourir permet aux individus de se préparer à la mort et de décider de leur propre fin de vie. Le tout en respectant leur autonomie et leur dignité. Chacun choisit les options qui correspondent à ses souhaits, ses valeurs ou ses projets de vie. Ainsi, par ce texte de loi, chacun a le droit de mettre fin à ses souffrances lorsque celles-ci deviennent insoutenables et sans espoir d’amélioration. En ce sens, le principe d’autonomie rejoint celui du respect de la dignité humaine, valeur suprême depuis le XVIIe siècle. L’autonomie de décision du patient s’appuie sur la pertinence des recommandations données par le soignant. L’autonomie doit ainsi amener le patient à décider non pas de ce qui est souhaitable mais de ce qui est parfaitement établi comme l’option thérapeutique adaptée au patient.
Encadrement strict et sécuritaire
Le texte de loi prévoit des conditions strictes pour l’accès à l’aide à mourir. En d’autres termes, pour éviter les dérives, les patients doivent répondre à plusieurs critères pour y avoir recours. Par ailleurs, ce dispositif sera effectué dans un cadre spécialisé avec des professionnels de santé. Cela inclut un diagnostic confirmé de maladie incurable avec un pronostic vital engagé, une capacité de discernement du patient, et la vérification par une équipe médicale collégiale. Ce texte protégerait alors les patients en évitant tout abus, suicide ou clandestinité. Une clause de conscience sera même instituée pour les professionnels de santé qui refuseraient de participer à la procédure d’aide à mourir.
Être contre l’aide à mourir
Insuffisance des soins palliatifs
Ceux qui critiquent le projet de loi sur la fin de vie souligne que le développement des soins palliatifs est insuffisant en France. Ces derniers assurent qu’il serait nécessaire d’améliorer cet aspect avant de légiférer sur l’aide à mourir. L’accent devrait être mis sur la qualité des soins palliatifs pour tous les patients en fin de vie. Cela permettrait de leur offrir une alternative digne sans recourir à l’aide à mourir. De plus, offrir cette possibilité à un patient ne devrait pas être une solution alors que la France fait face à un manque de personnel soignant. Ce serait question de facilité pour compenser le déficit de main-d’oeuvre. Cette crise, qui s’aggrave au fil des années s’est accentuée avec la crise sanitaire de 2020. Selon une étude parue dans The Lancet, la France comptabilise en moyenne 336,5 soignants pour 10.000 habitants. Une véritable pénurie.
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Risques pour les populations vulnérables
Les opposants craignent que le texte ne protège pas suffisamment les personnes vulnérables. Les personnes âgées, isolées, ou en situation de handicap sont les premières victimes de ce dispositif. Ils redoutent que ces individus puissent ressentir une pression sociale ou économique les poussant à demander l’aide à mourir plutôt que de recevoir les soins et le soutien nécessaires. Il serait plus propice de se concentrer sur l’aide à vivre et sur l’accès aux traitements. De l’autre côté du rideau médical, si les patients peuvent être impactés, c’est aussi le cas des médecins. Les professionnels de la santé, ceux qui prodigueront l’aide à mourir, subiront eux aussi des séquelles psychologiques.
Questions éthiques et morales
Le projet soulève des questions éthiques profondes concernant le rôle des médecins et la valeur de la vie humaine. Des figures religieuses et des associations médicales s’expriment. Elles estiment que permettre l’aide à mourir transformerait la relation entre soignants et patients. Cette dernière passerait alors d’un rôle de guérison à celui d’administrer la mort. Un principe qui va à l’encontre des principes de la médecine traditionnelle. À l’image d’un oxymore, l’aide à mourir rompt avec la réalité et proscrit deux principes. Le texte est alors une atteinte à la vie privée et une obstination déraisonnable.