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Pourquoi la santé menstruelle est un droit fondamental ?

Ce mercredi 28 mai a lieu la journée mondiale de l’hygiène menstruelle, une date qui n’est pas choisie au hasard : 28 comme le nombre de jours comprenant un cycle menstruel moyen, et 5ème mois de l’année comme les 5 jours de règles. Une journée qui a pour but de défendre le droit fondamental à la santé menstruelle, non garantie pour plus de 500 millions de femmes dans le monde.

La santé menstruelle érigée comme droit fondamental 

C’est ce que défendent en ce jour de nombreuses associations comme Plan International, le but étant de souligner les nombreux enjeux sous-jacents aux menstruations. Le droit fondamental à la santé menstruelle, c’est la garantie d’une vie plus inclusive pour les femmes, l’antonyme de la précarité menstruelle : une appellation lourde de sens, car elle rappelle que les menstruations touchent à l’intégrité de la femme, de son statut et de son corps.

Le droit fondamental à la santé menstruelle, c’est le droit à une information fiable, des protections périodiques mais aussi des infrastructures adaptées (…) on veut rappeler que les règles sont quelque chose de normal

(entretien avec Lola Ruscio, porte parole de l’ONG Plan International France)

En effet, une femme a en moyenne ses règles pendant 7 ou 8 ans dans sa vie, si l’on cumule l’ensemble de ses cycles. Les menstruations et le cycle menstruelle sont pour autant source de défis multiples qui empiètent la vie quotidiennes des femmes, touchant à l’éducation, à la santé, et à leur vie sociale : c’est ce qui fait de la santé menstruelle un droit fondamental.

La précarité menstruelle, plus qu’une histoire de serviettes hygiéniques

En France, ce sont plus de 4 millions de femmes qui sont touchées par la précarité menstruelle, c’est-à-dire par des difficultés financières concernant la gestion de leur hygiène menstruelle. Derrière cette précarité, on n’entend pas simplement le prix des serviettes hygiéniques comme certaines pensées réductrices pourraient l’interpréter, mais réellement un enjeu de santé et de dignité humaine : « On n’entend la précarité menstruelle pas seulement comme le manque de ressources financières pour s’acheter des protections menstruelles (…) c’est aussi une situation dans laquelle des femmes ne peuvent pas avoir accès à des anti-douleurs, à des sous-vêtements neufs…« 

En effet, les menstruations peuvent avoir un vrai coût. A environ 5 à 10 euros par mois, si on compte protections et antidouleurs par exemple, le cout des menstruations s’élèvent à 120 euros par an en moyenne, sans compter les coûts indirects liés à la productivité que certaines femmes subissent. Parfois victimes de maladies aggravantes comme l’endométriose ou le SOPK, par ailleurs souvent source d’errance médicale, des millions de femmes payent le prix de leur propre corps.

En France, des politiques à élargir

Ce sont ainsi les femmes les plus vulnérables qui sont concernées par la précarité menstruelle. Pour lutter face à ce phénomène, plusieurs millions de protections sont distribuées dans les universités et écoles depuis plusieurs années, des campagnes de sensibilisation sont financées par l’Etat et depuis fin 2024, les protections hygiéniques réutilisables sont remboursées par la sécurité sociale pour les moins de 25 ans. Des avancées qui ciblent notamment les plus jeunes, à reconnaître mais à élargir selon Lola Ruscio.

En effet, il est nécessaire de rappeler que plus d’1,7 million de femmes célibataires en France peinent à s’octroyer une hygiène menstruelle, une catégorie parmi d’autres souvent laissées de côté. 1 femme sur 2 a par ailleurs déclarer avoir déjà rater l’école à cause de ses règles selon Plan International France.

Ainsi, il est d’abord important de briser le tabou concernant les menstruations, et cela doit aller plus loin que de simplement changer les couleurs des fameux liquides utilisées dans les publicité de protections hygiéniques de bleus à rouges (même s’il était temps). La fin de la stigmatisation, elle passe évidemment par l’école, par le dialogue, et elle doit inclure tous les genres comme le rappelle le porte parole de Plan International : « Il est important de sensibiliser autour de nous, la première étape c’est de briser les tabous« 

Une journée mondiale, une action à l’échelle globale

Le problème public que constitue l’hygiène menstruelle doit également être envisagé en décentrant nos regards de l’Hexagone, afin d’appréhender la précarité menstruelle à une échelle globale, la France étant loin de faire partie des pays les plus touchés.

Les chiffres sont alors plus alarmants : selon l’OMS, seulement 2 établissements sur 5 dans le monde procurent des cours d’éducation sexuelle à leurs élèves, et 1 sur 3 est doté de poubelles menstruelles. Plusieurs pays demeurent par ailleurs en état de crise face à la précarité liée aux règles, comme le Liban, pour cause de l’explosion de son inflation. Ainsi, l’ONG Plan International agit directement sur le terrain, pour aider les femmes qui y souffrent doublement pour cause de leur règle : « Avec notre programme « Intajouha » on intervient au Liban (…) on aide par exemple les femmes à faire elles-mêmes leurs protections.« 

Finalement, les actions sont à mener de manière tant ponctuelle que structurelle, en se concentrant particulièrement sur les Suds. Pour qu’elles aient un véritable impact, ces dernières doivent bien sûr être appuyées par une vraie volonté politique concernant l’égalité des genres et la condition de la femme dans les multiples sphères de la vie publique et privée.

A lire aussi : C’était le 29 avril 1945… les femmes votent pour la première fois

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