Netflix a retiré le jeudi 13 janvier un film à succès en Inde après des pressions de militants hindous.
Le film « Annapoorani : The Goddess of Food« était le deuxième film le plus regardé sur la plateforme Netflix en Inde, la veille de son retrait, jeudi 13 janvier. Il met en scène la fille d’un prêtre hindou qui rêve de devenir le meilleur chef cuisinier de l’Inde. Elle devra affronter des défis en raison de son éducation au sein de l’hindouisme. Des nationalistes hindous ont appelé au boycott du film.
Un appel au boycott
Une campagne appelant au boycott du film et à son retrait immédiat de Netflix a été en tête des tendances sur les réseaux sociaux pendant plusieurs jours. La raison ? Dans le film, l’actrice principale renonce au végétarisme strict avec lequel elle grandit. C’est une pratique observée par les hindous des castes supérieures qui s’abstiennent de consommer de la viande. Elle bénéficie du soutien d’un camarade musulman qui l’aide à naviguer dans le monde impitoyable de son école de cuisine. Au fil de leur collaboration, une histoire d’amour naît entre eux. Cela va les confronter à l’un des tabous les plus persistants de la société indienne : les mariages interreligieux, considérés comme impensables par les traditionalistes. Une partie de la communauté hindouiste a de ce fait, mal accueilli le film.
Le retrait du film de Netflix, ce jeudi, quelques semaines après la première, a suscité la jubilation de ses contempteurs. Shriraj Nair, porte-parole d’un groupe de militant hindous, s’est exprimé sur X. « Nous ne nous sommes jamais ingérés dans la liberté créatrice d’un film, mais le dénigrement et le fait de se moquer des hindous ne seront jamais tolérés », a-t-il écrit.
Une plainte contre les acteurs principaux
La semaine dernière, un militant, nommé Ramesh Solanki, a porté plainte auprès de la police. Dans sa plainte, il affirme que le film faisait la promotion du « djihad de l’amour ». C’est une formule péjorative inventée par les nationalistes hindous. Cette expression accuse les hommes musulmans d’épouser des femmes hindoues et de les obliger à se convertir à l’islam. L’auteur de la plainte, a déclaré sur X (Ex-Twitter) que Netflix et le co-producteur Zee Studios avaient « délibérément produit ce film… pour heurter les sentiments des hindous ». Il a demandé à la police de lancer de poursuites contre les principaux acteurs du film.
En Inde, le cinéma n’a pas toujours bien été accueilli. Longtemps très censurée, l’industrie du cinéma a aujourd’hui progressivement évolué. La religion hindouiste est majoritaire dans le pays depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre nationaliste hindou, Narenda Modu, en 2014. Le monde du cinéma veut à présent éviter les contenus susceptibles d’offenser les moeurs hindouistes.