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Primaire à gauche : l’hypothèse prend de l’épaisseur

Alors que Les Républicains s’écharpent en vue de la primaire de novembre, la gauche n’est pas en reste. François Hollande se verrait bien rempiler pour un second mandat à la tête de la République. Mais cette idée ne semble pas s’imposer dans son propre camp.

A peine 2016 commencée que les candidats à la primaire de la droite et du centre sont dans les starting blocks. Alain Juppé publie son dernier livre programme, Nadine Morano part à la chasse aux parrainages et Valérie Pécresse soutient publiquement François Fillon. Et si une course à la présidentielle s’organisait aussi à gauche ? François Hollande a lié la décision de se représenter à l’inversion de la courbe du chômage, en hausse au troisième trimestre 2015. Au-delà du front économique, les dissensions entre socialistes, écologistes et communistes, écartent une telle perspective aujourd’hui.

Le débat sur la déchéance de nationalité pour les binationaux nés français condamnés pour des faits de terrorisme, a cristallisé la dispersion des forces de gauche. La maire de Paris, Anne Hidalgo, s’est montrée hostile à la promesse du Président qu’elle juge « inutile », et préférerait une « peine d’indignité nationale ». Les écologistes Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-paroles du mouvement, se sont fendus d’un communiqué dénonçant des « manœuvres politiciennes sans rapport aucun avec l’intérêt du pays mais [qui] l’engagent sur une pente toujours plus dangereuse ». Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a situé cette mesure « à l’opposé des valeurs de la gauche ».

Thomas Piketty : « tout ceux à gauche qui refusent cette politique lamentable doivent se réunir pour imposer une primaire« 

Qu’en est-il des intellectuels affiliés aux socialistes ? L’économiste à succès Thomas Piketty, auteur du best-seller Le Capital au XXIe siècle, ne s’est pas privé pour critiquer ouvertement la politique du gouvernement. « Tous ceux à gauche qui refusent cette politique lamentable doivent se réunir pour imposer une primaire citoyenne à gauche en 2017, afin de choisir le meilleur candidat contre la droite et l’extrême droite » a écrit sur son blog le conseiller économique de Podemos, un parti d’extrême-gauche et anti-austérité qui progresse en Espagne. Et si Thomas Piketty décidait de se présenter en cavalier seul ?

Le Parti socialiste se fracture même en son sein propre, entre légitimistes et frondeurs. L’ancien ministre de l’Education Benoit Hamon a fait part tôt de son désir de porter les couleurs du parti en 2017. Dernièrement, c’est le député d’Indre-et-Loire Jean-Patrick Gille qui est monté au créneau, rappelant sur Twitter, que les statuts du parti prévoient une primaire.

Les alliés traditionnels du PS, PCF et EELV, déçus par quatre années de présidence Hollande, sont déterminés à incarner l’alternative en présentant leur propre candidat. Jean-Luc Mélenchon, porte-parole du Parti de gauche, optera-t-il pour un un ticket commun avec les communistes, sous la bannière du Front de Gauche ? Rien n’est moins sûr. Quand à Cécile Duflot, les finances exsangues des écologistes et la perte d’ancrage territorial pourraient l’empêcher de concourir.

Surmené par une menace terroriste sans précédent et le théâtre du conflit syrien, François Hollande a délégué à Jean-Christophe Cambadélis, la lourde tache de rassembler les sensibilités de gauche sous sa coupe. Mais le premier secrétaire du PS n’excelle pas aussi bien que le chef de l’Etat dans l’art de la synthèse. Il a savamment entretenu le flou sur son Alliance populaire, énième tentative d’union de la gauche trans-partisane, qu’il souhaite lancer courant janvier.

Et si l’homme fort du PS dessinait les contours d’un programme commun, comme l’avait fait François Mitterrand en 1972 en s’alliant avec les communistes et les radicaux ? Bien que la proposition ne soit pas à l’ordre du jour, François Hollande s’est employé à rendre hommage au feu président, à l’occasion des vingt ans de sa disparition. Avec l’espoir secret de connaître le même destin que celui qui s’est fait réélire en 1988.

Crédits photo Une : Sébastien Bozon/AFP

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