Arrivé troisième en Iowa, Marco Rubio, jeune sénateur de Floride de 44 ans, pourrait être la révélation des primaires républicaines.
« Traditionnellement il y a tickets gagnants (pour la présidentielle) dans l’Iowa, et nous serons très heureux d’une solide troisième place ». Ces propos prophétiques viennent du directeur de campagne de Marco Rubio, Axel Conant. Cette troisième place acquise, le sénateur doit capitaliser d’ici la prochaine élection, le 9 février dans le New Hampshire. Dernièrement, les sondages l’annonçaient 5ème dans cet Etat, derrière les favoris Cruz et Trump mais aussi Jeb Bush et Kashish. Dans sa carrière, celui qui rêve d’être le plus jeune président depuis JF. Kennedy a montré que les sondages ne l’arrêtaient pas.
Invaincu
Le candidat Marco Rubio n’a jamais perdu une élection. Après des études à Miami, il se lance en politique et devient sénateur, en 2010. Ce mandat fut le plus difficile à aller chercher. Parti avec 35 points de retard sur le sénateur sortant Charlie Crist, il finit 10 points devant, notamment grâce au soutien du Tea Party contre ce candidat de l’aile modérée. Il devient l’un des plus jeunes représentants du Congrès.
Sa jeunesse passée dans une famille modeste le pousse à se surpasser. Excellent orateur, il adore raconter cette enfance, élevé par des parents immigrés cubains, avec un père barman et une mère femme de ménage. Il incarne le rêve américain, thème récurrent de ses campagnes comme en témoignent ses deux livres American Son (2013) et American Dreams (2015). Rubio se fait remarquer par les personnalités du parti, certains n’hésitent pas à le surnommer « l’Obama républicain ».
Clip de campagne de Marco Rubio évoquant son enfance dans un milieu modeste
Cette affiliation avec le mouvement ultra-conservateur Tea Party ne se retrouve pas toujours dans ses votes au Congrès. Il rejoint les huit sénateur des deux camps (Gang of Eight) pour relancer la réforme sur l’immigration. Entre autres la naturalisation de 11 millions d’immigrés suivie d’un durcissement des contrôles aux frontières. Il est alors critiqué et taxé d’opportunisme par ses anciens soutiens.
Pragmatisme
Donald Trump multiplie les déclarations tapageuses, les meetings enflammés. Ted Cruz est le candidat favori des chrétiens évangélistes, ultra-conservateur. Les deux favoris inquiètent l’« etablishment » des républicains, c’est-à-dire les barons et grands donateurs du parti. Jeb Bush, leur candidat naturel, apparait comme épuisé et hors course. Le score obtenu dans l’Iowa (2,8%) est le coup de grâce. Les autres postulants (Chris Christie ou John Kashich) sont loin derrière. Malgré un programme plus conservateur, Marco Rubio espère devenir leur candidat, celui qui rassemble.
Dans l’Iowa, déçu par le peu d’enthousiasme des barons à le soutenir, le sénateur a cédé aux sirènes du candidat anti-système et hors etablishment. Des propos tenus lors des derniers meetings vont dans cette voie. Cependant, à l’approche de primaires dans les Etats plus favorables à l’etablishment, il joue la carte de l’unité. Et du pragmatisme, comme il a déjà su faire par le passé : « Quand je serai désigné candidat, je veux unifier le parti et le mouvement conservateur. Je veux que nous soyons unis pour que nous soyons vainqueurs ».
Après son excellent score (23%), Marco Rubio arbore un large sourire, s’en prend à ceux qui ne croyaient pas lui car il « n’avait pas assez de cheveux gris ». Son intervention a des allures de victoire, il critique le camp démocrate. Hillary Clinton est directement visée et « ne peut pas être commandant en chef » après avoir menti sur l’utilisation de sa boite mail privée lorsqu’elle était au Département d’Etat. Rubio prépare déjà l’élection présidentielle. Il y sera, il en est convaincu. Il conclut : « Iowa merci, nous reviendrons et nous gagnerons la présidentielle! »
Crédits photo: politicalgarbagechute.com