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Que pense ChatGPT du sujet du bac de philo 2025 : « Notre avenir dépend-il de la technique ? »

Ce jeudi 16 juin, plus de 700 000 bacheliers partout en France ont composé dans le cadre de la mythique épreuve de philosophie. Les élèves avaient le choix entre un commentaire de texte ou deux sujets de dissertation différents, dont l’un abordait la notion de technique : « Notre avenir dépend-il de la technique ? ». Bien que cette question ai été posée dans le cadre d’une épreuve de philosophie assez générale, elle semble s’ancrer parfaitement dans les problématiques auxquelles nos sociétés font face, notamment avec la montée de l’IA… qu’en pense ChatGPT, principal intéressé ? A-t-il une réponse à nous donner ?

Introduction : être précis dans les définitions

ChatGPT nous propose une introduction en respectant les impératifs d’accroche, de définitions, de reformulation et de problématisation du sujet. La technique est d’emblée simplement définie comme « l’ensemble des savoir-faire et outils permettant à l’homme d’agir sur le monde ». Important ici de préciser que la technique est plutôt définie comme la production de tout ce que la nature ne produit pas d’elle-même, comme le rappelle Aristote dans Poétique. C’est le rapport humain aux choses, la manière de les envisager et de les utiliser, et donc également plus que l’usage d’outils par exemple.

Manquement ici de ChatGPT : pas de définition du verbe dépendre. Pourtant, la bonne compréhension du sujet dépend – justement – de l’interprétation de ce verbe décisif. Que veut dire dépendre ? Plusieurs interprétations possibles à préciser dans l’introduction : notre avenir nécessite-t-il la technique ? notre avenir est-il déterminé par la technique ? notre avenir est-il consubstantiel à la technique ? Beaucoup de nuances à préciser.

ChatGPT n’oublie pas de montrer que la technique est une caractéristique humaine qui a défini son existence : « Depuis la maîtrise du feu jusqu’à l’intelligence artificielle, elle accompagne l’évolution humaine, façonnant nos sociétés et notre environnement. » ce qui est ici nécessaire.

L’introduction se poursuit par une longue problématisation : « Mais peut-on dire que notre avenir dépend nécessairement de la technique ? Ou bien la technique est-elle seulement un moyen parmi d’autres, dont l’usage et la finalité restent soumis à notre liberté et à notre jugement ? En d’autres termes, la technique détermine-t-elle mécaniquement notre devenir, ou reste-t-elle subordonnée à des choix humains et éthiques ? C’est cette tension que nous allons examiner. » Ce type de problématisation avec plusieurs questions liées entre elles est souvent apprécié des professeurs, de plus que la tension du sujet est bien explicitée. Point faible : on comprend seulement maintenant le sens donné au verbe dépendre.

« I. La technique comme condition matérielle et historique du progrès humain »

Premier axe proposé par ChatGPT qui fait intervenir une autre notion importante au sujet : le progrès. Il est cependant ici important de ne pas confondre progrès et technique, la technique étant un média du progrès.

Le but dans cette première partie est donc de montrer que la vie humaine est structurée et structurante de la technique. Nos sociétés et leur évolution semblent ainsi intrinsèquement liées à la technique : « l’avenir matériel de l’humanité semble lié à sa capacité technique : sans innovations, nos sociétés risqueraient la stagnation ou la régression face aux défis majeurs. » ChatGPT appuie cette thèse défendant une interdépendance entre avenir et technique en faisant un petit panorama de la la technique à travers les siècles, en mentionnant notamment la révolution numérique dont il est issu.

Une référence importante ici aurait pu être le mythe de Prométhée, raconté par Platon dans Le Protagoras. e mythe explique la création de l’Homme par les Dieux. Prométhée vole le feu sacré aux dieux, ainsi que les arts techniques pour les donner aux hommes afin qu’ils puissent survivre dans l’adversité, réparant ainsi l’erreur d’Epiméthée qui avait oublié de conférer aux hommes la vitesse, le pelage ou encore la force des animaux. C’est ainsi la technique qui différencie l’Homme des animaux et qui l’accompagne vers le progrès.

« II. La technique, source d’aliénation et de danger, n’est pas une fin en soi »

Le deuxième axe fait ici office d’antithèse, soutenant l’idée que la technique est aussi source de dangers et donc ne garantit pas un avenir meilleur : « La technique, en tant que simple moyen, ne garantit donc pas un avenir meilleur ; elle peut au contraire aggraver les dangers qui pèsent sur l’humanité si elle n’est pas régulée par la raison et l’éthique. »

Même si ce raisonnement est cohérent, l’IA ne traite ici pas le sujet. Il n’est pas question de savoir si la perspective d’un meilleur avenir dépend de la technique. Il s’agit simplement de savoir si notre avenir, peu importe sa forme, dépend de la technique. Le but est de montrer qu’il existe d’autres déterminants que la technique en ce qui concerne le futur.

ChatGPT utilise ici deux références : l’une qui a sa place dans cette deuxième partie, l’une qui aurait dû être mobilisée plus tôt. Ainsi, il est pertinent ici de préciser que la technique étant la matérialisation de la pensée humaine, l’homme a une emprise sur elle. Il existe une forte responsabilité éthique et morale autour de la technique et du progrès que le philosophe Hans Jonas souligne bien. Plutôt que la technique, notre avenir dépendrait donc plutôt, au préalable, de la responsabilité humaine.

Autre référence utilisée par ChatGPT : La Question de La Technique, Heidegger. Difficile à ne pas citer, Heidegger nous parle du concept d’araisonnement : le passage brutal entre la technique mise au service de la nature à la technique qui l’exploite et agit sur elle avec violence. Il aurait été cependant plus pertinent de discuter des effets néfastes de la technique sur notre environnement dans la première partie, pour ainsi souligner la manière dont notre futur est conditionné par la technique, avec le réchauffement climatique par exemple.

« III. Notre avenir dépend de notre rapport critique à la technique : liberté et responsabilité »

Après avoir simplement montrer que notre avenir dépend donc plus des choix humains que de la technique à proprement parler, on discute maintenant des solutions pour encadrer ces choix humains. ChatGPT mentionne encore une fois une ressource philosophique qui aurait pu être abordée plus haut, mentionnant la conscience collective concernant la technique : « Gilbert Simondon propose une lecture alternative, où la technique est comprise comme une individuation collective : la technique n’est pas un simple objet, mais un prolongement de l’homme, qui participe à sa transformation. »

Autre ressources utile, Kant nous parle de la raison humaine, indispensable pour maîtriser la technique dans un souci éthique. Il est ici crucial d’illustrer avec des exemples concrets, comme l’a bien fait ChatGPT : « Les débats actuels sur l’intelligence artificielle ou la bioéthique illustrent cette nécessité d’une réflexion éthique permanente. »

Cependant, une manière très pertinente d’enrichir cette synthèse n’a pas été exploitée par la correction de ChatGPT. Si finalement, l’homme doit mettre en place des stratégies, des méthodes, des nouveaux moyens d’appréhender éthiquement la technique, cela veut dire qu’il crée un nouveau rapport à la technique… et donc finalement une certaine « technique de la technique ». Finalement, l’humain doit engager sa responsabilité et sa conscience, pour non pas sortir de la technique, mais pour en élaborer de nouvelles qui régulent les premières.

A lire aussi : Quelles aides financières lorsqu’on commence ses études ? | VL Média

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