Fervent défenseur des baleines, Paul Watson a été arrêté au Groenland ce dimanche 21 juillet. Le marin fait l’objet d’une demande d’extradition de la part du Japon en raison d’activités antichasse à la baleine en Antarctique. Pour l’heure, Paul Watson risque d’être détenu jusqu’au 15 août.
Traqué depuis 2012 par le Japon, une notice rouge avait même était émise par Interpol. Celle-ci stipule qu’en 2010, les activités de Paul Watson à l’encontre d’un baleinier japonais dans les eaux de l’Antarctique ont causé des « dommages et des blessures », au cours de deux incidents. Le pirate des mers a été arrêté, dimanche 21 juillet, au Groenland. Pour le moment en détention, il pourrait être extradé vers le Japon.
Fondateur de l’ONG Sea Sheperd
Paul Watson est né en 1950 à Toronto au Canada. Dans son enfance, il manifeste déjà un attrait prononcé pour la protection des animaux. Le petit Paul s’amusait à détruire les pièges posés par les trappeurs pour attraper les castors. En 1968, il s’engage dans les Gardes-Côtes canadiens, où il sert dans des aéroglisseurs de secours en mer. Plus tard, il devient officier de marine marchande et travaille sur un navire norvégien, le Bris.
Très vite, il s’engage sur diverses missions pour défendre l’environnement et sa faune. En octobre 1969, il participe à une protestation du Sierra Club contre les essais nucléaires. Il fait ensuite partie de l’association Greenpeace. Il navigue alors sur des navires de Greenpeace, comme l’Astral en 1972. En 1973, il aide les services de soins de l’American Indian Movement, pendant la crise de Wounded Knee, dans le Dakota du Sud. Durant les années 1970, il continue à militer à Greenpeace, en tant que membre et marin. Sa lutte pour protéger les baleines continue en 1975, une année durant laquelle il participe à une campagne contre les baleiniers soviétiques.
En 1977, Paul Watson, en désaccord avec la politique des instances dirigeantes, quitte Greenpeace. Le marin crée alors son propre groupe, la Sea Shepherd Conservation Society. L’étendard de l’ONG est Jolly Roger, un drapeau à tête de mort entouré d’une crosse de berger et du trident de Neptune. Cette ONG de défense des océans retransmet les valeurs de son fondateur et la promesse qu’il s’est fait.
Sa vocation serait née en juin 1975, écrit-il, « le jour où j’ai regardé dans l’œil de ce cachalot mourant dans l’océan Pacifique Nord. Le jour où j’ai fait le serment de consacrer ma vie à la protection et à la défense de la nation des cétacés. » L’association a pour but « d’intervenir de manière active et non violente dans les cas d’atteintes illégales à la vie marine et aux écosystèmes marins », selon le site Sea Sherped.
Paul Watson et la justice, une grande histoire d’amour
Sea Sheperd multiplie ses actions depuis sa création. Les sanctions ne tardent alors pas à tomber pour Paul Watson. Alors que l’association réussit à empêcher l’abattage d’un millier de phoques au Canada dans le golfe du Saint-Laurent, il est arrêté en 1979, pour la première fois. Cette date marque le début d’une longue série d’arrestations et de confrontations entre l’activiste et la justice de nombreux pays.
En 1983, Paul Watson et son équipe bloquent le port de St. John’s à Terre-Neuve avec le Sea Shepherd II. Leur but est d’empêcher la flotte de partir à la chasse au phoque. Le bateau de l’ONG se fait confisquer par les autorités canadiennes. Paul Watson écoppe de 21 mois de prison. Il est finalement dehors après neuf jours de détention. La Cour d’appel du Québec annule sa peine.
Dix ans plus tard, Sea Shepherd achète le navire Cleveland Amory. À bord, l’ONG chasse les chalutiers cubains et espagnols des Grands Bancs de Terre-Neuve. Paul Watson est poursuivi de trois chefs d’accusation en 1993. Deux ans plus tard, le capitaine se fait acquitter lors de son procès.
Paul Watson est une nouvelle fois arrêté en 1997, aux Pays-Bas cette fois. La Norvège réclame son extradition pour le naufrage du baleinier norvégien Nybraena. L’activiste se retrouve en détention durant 120 jours. Il obtient finalement sa liberté après que le tribunal néerlandais s’oppose à son extradition.
Trois ans plus tard, en 2000, le magazine Time le sacre « héros de l’écologie ». Il figure parmi les 50 meilleurs défenseurs de l’environnement au XXe siècle.
Avec son caractère bien trempé et des actions coups de poing, l’activiste ne laisse personne indifférent. Capitaine Watson justifie d’ailleurs ses actes : « Quand vous détruisez le matériel d’une personne qui veut tuer un animal, c’est un acte de non-violence« ,se défendait-il auprès de Ouest-France en 2016 « Car vous détruisez un objet pour sauver une vie. On a affaire à des gens qui ne comprennent que pertes et profits. Pour les arrêter, nous devons parler leur langue. Mais nous n’avons jamais blessé personne. C’est un engagement, et nous nous y tenons. »
Le début de sa cavale
Devenant de plus en plus célèbre, Paul Watson fait le choix radical de partir en cavale. Pourquoi ? Après un mandat émis par la Costa Rica pour « mise en danger d’autrui », Capitaine Watson se fait arrêter en Allemagne en 2012. Assigné à résidence à Francfort, il décide de partir en cavale lorsqu’il apprend que l’Allemagne veut l’extrader vers le Costa Rica.
À bord de son bateau, Paul Watson navigue dans les eaux internationales durant quinze mois, pour échapper à son sort. Si le Costa Rica abandonne la procédure à son encontre, le Japon lance un mandat d’arrêt contre le capitaine. Interpol émet alors une notice rouge à son encontre en 2012. Sa cavale a pris fin ce dimanche 21 juillet, au Groenland alors qu’il accostait à Nuuk, la capitale. Placé en détention jusqu’au 15 août, le capitaine attend sa sentence. Le Groenland étant un territoire danois autonome, il se rattache au ministère de la Justice du Danemark, qui doit décider de son extradition ou non vers le Japon. Le Danemark lui reproche d’« avoir navigué dans les eaux féroïennes en 2023 dans le cadre de l’opération Bloody Fjords [‘fjords sanglants’]« , une mission pour tenter d’interrompre un grindadrap, la gigantesque chasse aux cétacés traditionnelle toujours en vigueur dans les îles Féroé.
Le pays du soleil levant, quant à lui avait émis ce mandat d’arrêt contre Watson en raison d’activités antichasse à la baleine en Antarctique qui auraient causé des dommages et blessures en 2010. Le Japon « a mené pendant de nombreuses années une chasse totalement illégale dans le sanctuaire baleinier antarctique. » , selon Sea Sherped sur X.
L’arrestation du capitaine Watson a suscité une vague d’indignation et de soutien en France. Le journaliste Hugo Clément à lancé une pétition qui a déjà recueilli plus de 380 000 signatures. De son côté, le président de la République Emmanuel Macron« suit la situation de près » et « intervient auprès des autorités danoises » afin d’empêcher l’extradition du militant, a indiqué mardi l’Élysée.