24 journalistes et photoreporters vont porter plainte pour violences policières, lors des manifestations des « gilets jaunes ».
Le journalisme n’est pas de tout repos, notamment lorsqu’il s’agit de couvrir des évènements particulièrement violents et critiques. Samedi dernier, se déroulait l’acte V du mouvement des « gilets jaunes ». Entre arrestations massives, tis de flash-ball, encadrement d’un mouvement au départ pacifique, les forces de l’ordre sont bien souvent, au coeur des plaintes. Ainsi, vingt-quatre journalistes et photographes présents et blessés durant les manifestations des gilets jaunes décident de porter plainte pour violences policières. Vendredi 14 décembre, Michel Delpuech – préfet de police de Paris – recevait déjà une lettre du procureur de Paris, Rémy Heitz, annonçant les nombreux dépôts de plaintes.
Huit des procédures déposées se rapportent à des violences avec arme. Toutefois, le mouvement de protestation ne se limite pas seulement aux seules manifestations des gilets jaunes. Selon Le Monde, certaines violences policières remontraient aux protestations contre la « loi travail » du printemps 2016. Deux ans se sont bientôt écoulés, et les langues se délient aujourd’hui. Yann Foreix, journaliste chez Le Parisien, accuse ainsi un officier de la compagnie républicaine de sécurité d’un tir de lanceur de balle de défense LBD40 dans sa nuque, alors que le CRS se trouvait à moins de deux mètres de la victime. Boris Kharlamoff, journaliste à l’Agence de presse audio A2PRL, poste quant à lui, une photographie de la marque laissée sur son corps par un tir de flash-ball policier.
« Au-delà de la manifestation des “gilets jaunes”, il y a de la part des forces de l’ordre un comportement identifié et similaire envers les journalistes, peu importe le lieu et le cadre » — Me Assous, avocat des déposeurs de plaintes.
Des « dérapages inadmissibles des forces de police«
Pour Boris Kharlamoff : « La stratégie policière était différente le 8 décembre, le niveau de violence était beaucoup plus important que les week-ends précédents ». Les conditions d’encadrement des manifestations et de répression des plus violents du mouvement, sont ressenties par les journalistes comme plus violents qu’auparavant. L’ensemble des syndicats de journalistes désigne une « situation inédite » alors que les actions des forces de l’ordre sont considérées comme des « dérapages inadmissibles« .
La réponse du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, ne s’est pas fait attendre. « Lorsque il y a une bavure, elle doit être sanctionnée. C’est ce que je rappelle aux forces de l’ordre régulièrement : nous avons un devoir d’exemplarité », déclarait-il lors d’une rencontre organisée avec les différents syndicats du mouvement des gilets jaunes. Mais une solution est envisagée pour éviter de nouveaux débordements : l’accueil des journalistes derrières les dispositifs des forces de l’ordre pour éviter toute violence involontaire. Cependant, les professionnels de l’information discréditent ce geste du gouvernement car la pratique condamnerait l’idée d’une presse libre.