Matignon a annoncé l’ouverture prochaine d’une salle de shoot expérimentale à Paris. L’instauration de celle-ci sera réalisé par la Midlt (Mission Interminéstérielle De Lutte contre les drogues et les Toxicomanes) et le ministère de la Santé. Aucune date, et aucun lieu n’ont pour le moment étaient précisées. Pour autant, la municipalité a indiqué travailler avec la SNCF pour trouver un local alors que le Conseil de Paris avait voté en décembre dernier une enveloppe de 38 000 euros pour l’association Gaïa Paris pour l’ouverture de cette salle de shoot. Alors que beaucoup de villes du pays, de droite comme de gauche, s’étaient manifestées pour tenter l’expérimentation. Le maire du Xe arrondissement de Paris, Rémi Féraud, s’est félicité et a déclaré « en avoir besoin » notamment Gare du Nord.
Enfin, le gouvernement tente cette expérimentation. Pourquoi la France est si sceptique sur le sujet ? Le sujet de la légalisation du cannabis par exemple est un sujet qui revient souvent sur le tapis, mais avec toujours les même retombées. Ici, il ne s’agit par d’une légalisation, mais pas non plus d’une lutte contre la toxicomanie. Simplement, une avancée vers la santé publique, et le confort de l’ordre public. Une salle de shoot est, par principe, pour des toxicomanes des rues, marginalisés et en rupture avec la société. Le but de ces locaux est de favoriser l’hygiène des ustensiles et produits utilisés, sous une surveillance du personnel de santé, en réduisant les troubles à l’ordre public. Il n’est pas rare de voir certains toxicomanes se piquer en pleine rue, dans des endroits souvent sales et propices aux maladies transmissibles comme le VIH ou les hépatites.
Des résultats concluants
Si on fait un tour d’Europe, les résultats sont certains et concluants plus de 25 ans après l’ouverture de la première salle de shoot en Suisse, à Berne. La Suisse fait d’ailleurs office de modèle sur le sujet. Aujourd’hui une douzaine de locaux ont été installés. Avec un crédo basé sur la consommation, tout en continuant la lutte sur le trafic, prisé près des salles. Entre 1999 et 2009, les décès de toxicomanes ont diminué de moitié, tandis que la contraction du virus du VIH chez les consommateurs a baissé de 80%. En Espagne, notamment à Madrid et Barcelone, sept salles de shoot sont en place. Les seules fermetures sont dûes à une crise budgétaire aiguë (comme dans la banlieue de Madrid récemment). L’Allemagne compte aujourd’hui 26 salles dans 17 villes différentes. Tandis qu’au pays de la consommation « libre », pays des coffee shops au coin de la rue, les Pays-Bas dénombrent environ 35 salles, connaissant une fréquentation d’environ 24 usages par jour. Plus récemment, le Danemark a vu son parlement accepté l’ouverture de locaux pour toxicomanes conscient des progrès réalisés en terme de contrôle, notamment.
Confiance à gauche, colère à droite
« Si un drogué fait une overdose et meurt dans une salle de shoot, qui est responsable ? C’est l’Etat. Si un drogué sort de la salle de shoot et commet un crime ou un délit, qui est responsable ? C’est l’Etat », a clamé cet après-midi le député UMP de Paris, Bernard Debré, au micro de Europe 1. L’opposition est clairement contre l’instauration de ces salles. Une crainte partagée par les habitants de la Gare du Nord, lieu probable du premier essai, qui craignent une montée des dealers au coin de la salle. Henri Guaino a dénoncé « une défaite morale de plus ». A gauche, seul Bruno Le Roux, le patron des députés PS a confirmé que cette avancée ne « mérite aucune caricature et vise à résoudre aujourd’hui des problèmes qui se posent très concrètement dans notre pays ».