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Salon du Bourget : pourquoi les métiers de l’aérien ne séduisent plus les jeunes ? 

Malgré une demande mondiale en hausse constante, le secteur de l’aérien fait depuis quelques temps face à une pénurie de main d’œuvre conséquente. Si les entreprises de la filière peinent à recruter, c’est tout un marché qui ne parvient plus à attirer les jeunes talents. Une étude menée par la Chaire Pégase, première chaire française dédiée à l’économie du transport aérien, révèle que 65 % des jeunes de 15 à 24 ans n’ont jamais envisagé de faire leurs études ou leur carrière dans ces secteurs. Alors que le salon du Bourget 2025 bat son plein, ce manque d’attractivité soulève en fait plusieurs problématiques liées à l’image des métiers de l’aérien, auxquelles le secteur se doit de répondre.  

La méconnaissance du secteur de l’aérien et l’autocensure comme fardeaux

Menée auprès de plus de 1000 jeunes et 500 demandeurs d’emploi français, l’étude de la chaire Pégase, rattachée à Montpellier Business School (MBS), met en lumière une série de freins à l’attractivité du milieu. L’un des principaux est la méconnaissance du secteur. Plus de la moitié des jeunes sondés pensent ainsi à tort qu’un cursus scientifique est obligatoire pour travailler dans l’aérien. De l’autre côté, des métiers essentiels de l’industrie aéronautique comme ceux de stratifieur-drapeur ou techniciens composites restent encore méconnus. De la même manière, si Air France et Airbus sont identifiés par l’immense majorité des jeunes interrogés, la plupart des autres acteurs majeurs du marché, tels que Thales, Safran ou Daher, sont largement inconnus.

De cette méconnaissance résulte un phénomène d’autocensure, avec 52% des jeunes qui considèrent que les métiers de l’aérien sont inaccessibles ou réservés à une élite. 71 % estiment même que leur formation actuelle ne leur permettrait pas d’y accéder. Une image élitiste, liée à un manque de d’accessibilité au secteur pour les potentiels prospects. « Le manque d’attractivité ne vient pas d’un rejet, mais d’un manque de visibilité, d’information et de représentation. Beaucoup de jeunes n’imaginent même pas que ces métiers leur sont accessibles » explique Paul Chiambaretto, directeur de la Chaire Pégase. 

Cette accessibilité réduite à l’information sur les filières de l’aérien amène avec elle un écart entre les attentes des jeunes et les représentations de ce domaine. À l’heure où les nouvelles générations placent en tête de leurs priorités le salaire et l’équilibre vie pro/perso, seuls 41 % pensent que les entreprises de l’aérien et de l’aéronautique offrent de bonnes conditions de travail, et à peine 18% estiment qu’elles sont respectueuses de l’environnement. 

Des solutions claires pour répondre aux enjeux de l’aérien

Pour remédier au décalage qui s’opère entre les besoins économiques du secteur et le désintérêt d’une majorité de jeunes, la Chaire Pégase souligne quelques axes de développement. Le premier est la sensibilisation, par la découverte des métiers de l’aérien et de l’aéronautique dans le parcours scolaire, dès l’école primaire. En les faisant participer à des forums, des visites de sites ou des ateliers pédagogiques, les élèves seront exposés tôt à cet univers, et auront plus de chance de s’y projeter. Cette sensibilisation doit aussi s’incarner par une meilleure intégration des formations de l’aérien dans les dispositifs d’orientation.

La réponse aux difficultés de recrutement passera également par une diversification des profils et voies d’entrées. L’étude de la chaire révèle que les jeunes originaires de zones éloignées des aéroports ou sans contacts dans le secteur s’auto-excluent massivement, réduisant de fait le nombre de prospect potentiels. Il s’agit donc d’aller au-delà des cercles habituels, en touchant par exemples les jeunes de milieux ruraux ou des quartiers prioritaires. 
Enfin, trop souvent perçue un frein à la transition écologique, l’industrie aéronautique joue pourtant un rôle majeur sur cet enjeu. Cherchant à s’adresser à une génération en quête de sens, les acteurs de la filière aérienne doivent rendre leurs engagements visibles et concrets, pour prouver qu’environnement et aérien peuvent aller de pair. « Le prestige ne suffit plus à attirer, il faut répondre aux attentes concrètes des jeunes », conclut le directeur de l’étude.

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