En décembre dernier, des députés socialistes demandaient à Nicolas Sarkozy, nouvellement élu à la tête de l’UMP, d’abandonner les avantages dont il bénéficie en tant qu’ancien Président de la République. Aujourd’hui, le débat est relancé après la publication sur Mediapart de la liste des frais qui lui sont octroyés.
Ce que touche un ancien Président de la République en France
Quand un Président de la République quitte ses fonctions à la fin de son mandat, il bénéficie d’un régime de retraite un peu particulier. Contrairement à la majorité des citoyens, le montant de son indemnité à la retraite ne correspond pas à un montant de cotisation. il est fixe. Un texte de loi de 1955 prévoit que « les anciens présidents de la République française perçoivent une dotation annuelle d’un montant égal à celui du traitement indiciaire brut d’un conseiller d’Etat en service ordinaire. » Ce montant est fixé à 63 000 euros par an, soit 5 250 euros par mois. Il ne dépend ni de la durée, ni du nombre de mandats, et est cumulable avec d’autres pensions externes. Un ex-président peut alors profiter d’un traitement reçu en tant que membre du Conseil constitutionnel tout comme il bénéficiera des retraites cumulées par de nombreux autres mandats. Des avantages en nature lui sont également accordés jusqu’à sa mort : un garde du corps, une voiture et un bureau pour son secrétariat.
Ce que coûte Nicolas Sarkozy
Au nom de la loi, un ancien élu écologiste, Raymond Avrillier, a demandé à Matignon de lui fournir les documents synthétisant le moyens fournis par l’Etat à Nicolas Sarkozy. Faute de réponse, il a saisi une autorité indépendante qui a donné son feu vert pour que les documents soient transmis. Il les a ensuite communiqué au site Mediapart. La liste des frais est déconcertantes.
Entre mai 2012 et décembre 2014, Nicolas Sarkozy a totalement renouvelé le mobilier de son secrétariat de onze pièces, rue de Miromesnil, pour un budget de 56 724 euros. Le loyer de celui-ci est payé par l’Etat pour un montant de 196 092 euros par an, soit 16 431 euros par mois pour une surface de 320 m2. Le déménagement des cartons du Faubourg-Saint-Honoré a coûté 8 513 euros. En 2014, les frais d’entretiens, de nettoyage, les factures d’électricités et téléphoniques ainsi que les papiers et le timbres s’élèvent à 215 392 euros.
En guise de consolation au lendemain de sa défaite en mai 2012, Nicolas Sarkozy reçoit une Citroën C6V6 HDI Exclusive d’une valeur de 44 140 euros. La facture pour le carburant s’élève à 4 046 euros par an et l’entretien à 5 301 euros.
Dans son bureau, cinq conseillers permanents sont mis à disposition de l’ex-président ainsi que cinq conseillers contractuels rémunérés entre 5 247 et 7 020 euros par an. La demi-soeur de Carla Bruni Sarkozy fait parti de ses conseillers. Ces frais de personnel aurait déjà coûté 1,6 million d’euros depuis deux ans et demi.
En tant qu’ex-président, il dispose de la gratuité de ses déplacements avec la SNCF et Air France, dans la « meilleure des classes », évidemment.
Ajoutez à cela les conférences internationales données par Nicolas Sarkozy qu’ils monnayent entre 100 000 et 150 000 euros, soit environ 2 millions d’euros qui ne sont pas versés par l’Etat. Le 28 janvier, il aura 60 ans et pourra entre autre toucher sa retraite de parlementaire (il a été député dans les Hauts-de-Seine pendant près de cinq ans) qui est estimée à 1 900 euros par mois. A tout cela s’ajoutent ses retraites de différents mandats locaux comme Maire de Neuilly-sur-Seine ou président du conseil général des Hauts-de-Seine. toutefois, il ne perçoit pas sa pension par le Conseil Constitutionnel car il n’y siège pas.
Faut-il lui retirer ses indemnités en tant qu’ex-président ?
Nicolas Sarkozy ne perçoit pas plus que les anciens présidents comme Valery Giscard D’Estaing et Jacques Chiarc. Mais des voix s »insurgent à gauche quant à la pertinence du maintien de ses indemnités (notamment en période de crise) alors que Nicolas Sarkozy est désormais de retour sur le devant de la scène politique en tant que nouveau président de l’UMP. Raymond Avrillier s’interroge : « Depuis qu’il a été élu président de l’UMP, la question se pose de l’usage de cet argent public à des fins politiques. » Chaque ex-président coûterait entre 1,5 et 2 millions d’euros par an, soit 5 millions d’euros par an pour les trois retraités, le tout aux frais du contribuable. Une exception française que voulait réformer quelque peu François Hollande, sans suite car il n’avait pas obtenu la majorité.
Tandis que les Français sont abasourdis d’impôts et qu’on leur demande un effort national, d’autres mènent une vie luxuriante… à nos frais !