
C’est l’une des séries les plus originales de ce début d’année : Extra est diffusée sur Ciné+ OCS et c’est un petit bijou à voir.
Un concept « extra » original
Depuis plus de 10 ans, OCS a été le foyer d’expérimentation pour des dizaines de scénaristes qui voulaient se démarquer des autres productions. Une nouvelle fois, la chaîne ne déroge pas à la règle avec sa nouvelle création Extra, qui s’intéresse cette fois aux assistant(e)s sexuel(le)s pour personnes en situation de handicap. Rien que ça ! Une sujet courageux, original et nécessaire, écrite et réalisée par Jonathan Hazan & Matthieu Bernard, avec une ambition forte : « parler d’un sujet encore tabou en France« .
Vienne, en Isère. Catherine Blondin mère de famille dévouée et cheffe de choeur d’extra., une chorale inclusive, mène une vie sans histoire. Son existence bascule lorsqu’elle surprend une de ses choristes en fauteuil avoir un orgasme grâce à un cunnilingus que lui prodigue un homme déguisé en Père Noël. Cette vision la hante et la fascine. L’orgasme de sa choriste la renvoie à un plaisir qu’elle n’a jamais reçu, ni donné. Alors, à l’insu de tous, Catherine décide de braver les interdits et devient Cathy, assistante sexuelle pour personne en situation de handicap. Une double-vie galvanisante qui lui permet de conquérir une place qu’elle ne s’est jamais autorisée.
Au casting, on retrouve une distribution éclectique et parfaitement dosée : Anne Girouard, Stéphane Debac, Nicolas Lumbreras, Rio Vega, Hélène Bares, Elisa Erka, Riad Gahmi, Alexandre Philip, Olenka Ilunga, Alexis Victor, Olivier Broche.

Malaise nécessaire pour bien-être sériel
Extra est une très belle réussite portée par un très beau casting qui évite de jouer la comédie à outrance, lui préférant un jeu tout en nuance. L’humour choisi est paradoxalement plus léger, mais axé sur une volonté délibéré de créer du malaise, non pas dans les aspects de comédie mais dans les situations que traversent les personnages. La série montre ainsi parfaitement dans ces débuts qui, on le devine, ne dévoilent qu’une partie du propos, la manière dont se traduit la détresse face à une vie sexuelle qui n’est pas accomplie, voire même qui est empêchée. C’est ainsi là encore paradoxalement très jolie dans ce que ça dit et dans ce que ça montre.
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Côté casting, Anne Girouard est tout en délicatesse et en pudeur et se révèle absolument bouleversante dans les tournoiements qui sont les siens et face à un mari, que campe l’excellent Stéphane Debac, qui n’est traversé que par la routine inhérente à (presque) tout couple qui commence à durer. Son statut de pauvre type le nez dans son entreprise et qui délaisse sa femme est parfaitement réussi. Enfin, dernier personnage savoureux, le frère de l’héroïne, en fauteuil roulant, qui vit dans la maison d’en face, et qui va mettre sa soeur sur la voie du bouleversement totale dans la vie professionnelle, mais aussi dans sa vie intime et sa perception d’elle-même. A ce petit jeu, Nicolas Lumbreras est littéralement bluffant et terriblement drôle en petit frère geek et assez cash. Et il y a cette mosaïque de personnages qui constitue la chorale de Catherine, tous très touchants, à l’image de Alexandre Philip qui est le premier à ressentir les « nouveaux talents » de Catherine.
Extra
10×26 minutes