Il avait décollé en mars 2015, et a volé sans une goutte de carburant autour du monde jusqu’à ce 26 juillet. Solar Impulse 2, piloté par le Suisse Bertrand Piccard, s’est posé à Abu Dhabi après des milliers de kilomètres de vol à la seule force du soleil. Une synergie pionnière qui révolutionne le monde de l’aviation.
Aujourd’hui, pour parcourir de longues distances, le recours à l’avion est une nécessité. Qui dit avion dit kérosène, et donc pollution toujours plus importante de l’atmosphère terrestre. Cette liaison n’est, à partir de ce 26 juillet, plus irrévocable. Un aéronef nommé Solar Impulse 2 a en effet terminé son tranquille voyage autour de la Terre, sans aucun carburant. Pas moins de 17.000 cellules photovoltaïques étaient disséminées sur ses ailes en composite, lui permettant d’avancer à une vitesse certes pas compétitive (rarement plus de 100 km/h en moyenne sur les étapes), mais source d’un formidable espoir pour l’utilisation des énergies renouvelables.
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D’Abu Dhabi à la Chine, jusqu’aux États-Unis et à l’Espagne puis de retour à Abu Dhabi, Bertrand Piccard a piloté son oiseau de métal seul avec son collègue André Borschberg, à travers le jour et la nuit. Parfois, il lui a fallu jusqu’à 117 heures, comme entre Nagoya et Hawaï. Et au milieu du Pacifique, aucune occasion de se poser en cas de manque de lumière. C’est là qu’on se rend compte que Solar Impulse 2 est une révolution. « On croit que c’est de la science-fiction mais en fait c’est la réalité aujourd’hui » s’émerveille le pilote suisse, en pleine forme à son arrivée finale aux Émirats arabes unis, visiblement comme son compagnon de voyage.
Des exercices quotidiens pour garder la forme
Le projet existe depuis 2003, et avait pour but de « transmettre le message que les technologies propres peuvent réaliser l’impossible« . Par « propres« , il faut entendre énergies renouvelables ou alternatives, comme ici le photovoltaïque. Les 117 heures entre Nagoya et Hawaï ont permis aussi de battre un record : celui du plus long vol solitaire jamais réalisé, qui plus est sans bruit et sans pollution.
Un vrai exploit technologique et humain, tant l’exiguïté des conditions de vie était forte : 3.8 m² de lieu de vie (sur cinq jours, il faut avoir un sacré mental), une isolation thermique de pointe et « des exercices dans le cockpit, une demi-heure, le matin et l’après-midi, sinon au bout de plusieurs jours on ne peut plus bouger les bras et les jambes » s’amusait Bertrand Piccard. Si 20 semaines auront été nécessaires pour venir à bout de ce voyage hors du commun, nul doute qu’il va engendrer de nouvelles aventures du même genre, tant le Soleil est là pour encore longtemps.
Photo de Une : AFP PHOTO / Eugene Tanner