Dimanche 30 septembre, place de la Bastille, une foule intergénérationnelle commence à se rassembler sur les pavés de la place, brûlés et fatigués par le soleil. En effet, tous se retrouvent pour célébrer le vingtième anniversaire de l’association Solidarité Sida, fondée en 1992 par Luc Barruet et Éric Elzière dans le but de lutter contre la maladie en organisant toutes sortes de manifestations allant de la simple prévention au lobbying, mais également en aidant les personnes touchées par le virus en favorisant l’accès au soin, le tout à travers le parrainage de cent associations françaises et étrangères.
Mais ce jour là s’annonce particulier. Dans la lignée des Solidays (festival musical annuel pour la lutte contre le sida), l’association propose en guise de « cadeau » une parade menée par une trentaine d’artistes répartis sur dix chars qui sillonnent les rues de Paris de la Bastille à Opéra, en passant par l’Hôtel de Ville.
C2C, Skip the Use, Bénébar, Naive New Beaters, Beat Assailant, Dope D.O.D, We are the 90’s, ou encore DJ Zebra, tous sont prêt à offrir 45 min de concert pour le bonheur de milliers de personnes réunies pour soutenir et renforcer la lutte contre le VIH dans une ambiance joyeuse. C’est le cas de Camille et Yasmina, deux étudiantes parisiennes rencontrées sur place qui sont venues pour soutenir l’action de l’association;« c’est une événement important » confirment-elles, mais également également l’occasion d’écouter leurs artistes favoris.
Les concerts terminés, les artistes sont invités à un cocktail dans la Mairie du IVe arrondissement où sont présents les membres les plus actifs de l’association ainsi que quelques volontaires chargés de leur accueil.
C’est à cette occasion que nous rencontrons un des membres du groupe « We are the 90’s » fraichement célèbre du grand public. Peu habitué à mixer seulement 45 min, eux qui font des soirées qui durent « entre six et sept heures », le groupe revisite avec toujours le même enthousiasme les tubes des années 1990 pour le plaisir du plus grand nombre. La Love Life Parade? C’était « un méga méga master mix », où ils ont envoyé « tout ce [ qu’ils ] pouvaient, autant en dance, en rock, qu’en rap», se vantant même d’avoir lancé la plus grande macarena du monde rue de Rivoli.
Comme il l’explique, les tubes des années 1990 sont restés très présents pour ceux qui ont vécu cette période qui reste dans les mémoires une époque créative en terme de musique où beaucoup d’artistes connurent, en dépit de toutes causes, un succès très bref. Mais les années 1990 c’est aussi l’époque où la société a commencé à riposter face aux problèmes gangréneux de la société, avec par exemple la naissance de Solidarité Sida (1992), avec qui ils sont « très fier de travailler », nous assure le jeune homme.
La fin de cette rencontre s’achève sur une réflexion intéressante à propos de l’évolution de la musique dans nos sociétés. En effet, les We are the 90’s dénoncent à travers leur choix de revisiter les musiques « d’antan », le « braquage » de ces années 1990 par les artistes actuels de « musique commerciale » comme David Guetta, ou encore Pitbull et Bob Sinclar, qui d’après eux produisent aujourd’hui des musiques « sans cœur » où ‘il n’y a plus aucune création, plus d’histoire », qui ne font plus rêver concrètement. Selon eux, ces artistes là ne semblent plus faire d’efforts de créativité, et banalisent le recours aux mélodies des années 1950 à 1990, en modifiant le « beat » recouvert ensuite par la voix d’un chanteur ou d’une chanteuse célèbre, pour dissimuler le manque d’innovation. Mai qu’importe, la Love Life Parade était « une expérience extraordinaire » qu’ils n’oublieront pas de si tôt.
En bref, l’association a réuni 500 000 personnes, permettant de réaffirmer l’envie d’aider ceux qui en ont besoin, mais également de relancer la campagne de la lutte contre le sida dans une ambiance animée et joyeuse. Vivement les Solidays 2013 !
Clara Losi
http://www.wearethe90s.com/