Le docteur Mohammad Wassim Maaz, un des derniers pédiatres restés à Alep pour sauver les enfants syriens victimes de la guerre, a été tué mercredi 27 avril lors du bombardement de la ville par le régime de Bachar al-Assad.
Ce courageux pédiatre qui était resté à l’hôpital al-Qods d’Alep pour sauver les vies des enfants syriens n’a pas pu sauver la sienne. Mercredi 27 avril, le docteur Mohammad Wassim Maaz est mort sous les bombardements du régime de Bachar al-Assad, dans cette ville d’Alep coupée en deux depuis juillet 2012 entre secteur gouvernemental et rebelle. Un dentiste, trois infirmiers et 22 civils sont morts avec lui.
« Il était considéré comme le meilleur pédiatre et en tout cas un des derniers à être resté dans cet enfer », ont confié ses collègues à l’AFP. Tous les jours, le Docteur Maaz tentait de sauver les enfants malades ou blessés par les bombardements du régime sur les quartiers tenus par les rebelles à Alep, la deuxième ville de Syrie.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, la guerre en Syrie a fait 270 000 morts depuis 2011, dont 13 500 enfants tués dans les combats. Ces deux nombres sont cependant à prendre avec des pincettes car le travail de cette ONG fait l’objet de nombreuses critiques et est contredit par d’autres données.
Au milieu de ce carnage, le Dr Maaz a sauvé des dizaines de vies d’enfants. Lorsque les bombardements se sont intensifiés quelques jours avant le raid fatal, lui et le reste de l’équipe ont fait descendre les couveuses au rez-de-chaussée pour les protéger.
« Sa disparition est une véritable perte«
Pour son collègue le Dr Hatem, directeur d’un hôpital pour enfants à Alep, il était « le pédiatre le plus qualifié de la ville et le plus formidable de l’hôpital ». « Il était amical et blaguait souvent avec l’équipe. Il était humain et courageux », écrit-il dans une lettre publiée jeudi par la campagne « Syria campaign ».
Originaire d’Alep, le Dr Maaz travaillait la journée dans l’hôpital pour enfants et s’occupait la nuit des urgences à l’hôpital al-Qods. Sa famille se trouvait en Turquie et il devait lui rendre visite avant que la mort l’emporte.
Mirella Hodeib, porte-parole à Beyrouth de Médecins sans frontières (MSF), qui soutenait financièrement al-Qods, estime quant à elle que le Dr Maaz « était un pédiatre très dévoué [qui] avait choisi de risquer sa vie pour aider la population d’Alep ». « Al-Qods était le principal hôpital pour enfants et il était un important pédiatre. Il travaillait dans cet établissement depuis des années. Sa disparition est une terrible perte », a-t-elle confié.
70 à 80 médecins pour 250.000 habitants
Miskilda Zancada, chef de mission de MSF en Syrie (jointe par tel par l’AFP à Kilis en Turquie) parle de « tragédie » en évoquant la mort du docteur. « Il ne reste plus que 70 à 80 médecins pour 250.000 habitants dans la partie non gouvernementale (de la ville d’Alep) car 95% d’entre eux sont partis ou ont été tués », souligne-t-elle.
Des médecins d’Alep ont lancé un cri d’alerte dans une lettre publiée par l’organisation Crisis Action : « Nos hôpitaux sont près du point de rupture » à cause de l’intensification des frappes qui ont fait certains jours « près de quatre morts et plus de cinquante blessés toutes les heures ».
« Bientôt, il n’y aura plus de professionnels de santé à Alep. Vers qui se tourneront alors les civils qui auront besoin de soins ? » s’interrogent-ils. Selon eux, au moins 730 médecins ont été tués en Syrie en cinq ans.
*Image en une : metronews.fr