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«Tad l’Explorateur», «Les Âmes Vagabondes», «The Grandmaster» #1Mercredi3Films

Cette semaine, on sort les bandeaux et les shorts. En accord avec le beau temps, les trois sélections de la semaine courent, pour l’honneur, la survie ou la gloire. Beau programme !

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TAD L’EXPLORATEUR : À LA RECHERCHE DE LA CITÉ PERDUE

tadLe titre accrocheur annonce un divertissement familial avec références aux classiques d’aventure pour les plus grands. En version originale, la référence devient évidence : le héros s’appelle ‘Tadeo Jones’…

Tad, jeune employé d’une entreprise de BTP, rêve de devenir un grand archéologue & aventurier, comme l’a été son père. Par erreur, il se retrouve catapulté au Pérou à la place d’un éminent scientifique : la pièce manquante de la clé de la Cité Perdue aurait été trouvée…

Depuis le nouveau millénaire, les entreprises états-uniennes Pixar et Dreamworks se partagent les gros succès en termes de films d’animation en images de synthèse. Le projet Tad, made in España, présente au moins l’avantage de prendre cette culture américaine à rebours. On contourne enfin l’écueil de l’ennemi Communiste ou Qatar. Certaines blagues sont très bien trouvées (une momie hyper-active), voire teintées d’auto-dérision : Freddy, Péruvien natif, se promène avec un essentiel à droguerie sous son manteau et un énorme poste de télévision pour ne pas louper sa telenovela préférée.

Là où Tad ralentit vraiment la cadence, c’est sur ses graphismes. Nos yeux, habitués à des contours bien plus lisses depuis longtemps, ne voient que cet énorme défaut. Et toutes les chansons de One Direction n’arriveront pas à nous convaincre du contraire. Le scénario avait l’intelligence de se moquer d’une montagne de références à Indiana Jones, son effet final est assez grossier : les animaux, qui sont sensés dynamiser le récit, se déplacent avec lourdeur (un oiseau muet, pourquoi pas, mais avec des pancartes…). La période des vacances devrait assurer le succès de Tad auprès des plus jeunes. Il manquait peu pour nous faire oublier sa prévisibilité.

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LES ÂMES VAGABONDES : UN WESTERN CHEZ IKEA

les ames vagabondesAdapter un roman de Stephenie Meyer, c’est comme essayer de réaliser un bon film sans scénario. Qui plus est, lorsque le réalisateur de Bienvenue à Gattaca est aux commandes, la différence entre néo-spleen post-adolescent et trip extra-terrestre aspetisé s’accentue, sans jamais se mélanger.

Dans un futur proche, la Terre est envahie par les Âmes Vagabondes. Quand ces Âmes occupent un corps, un hôte, elles peuvent le contrôler. L’âme humaine reste cependant présente. L’histoire se concentre sur Wanderer, qui a investi le corps d’une rebelle, Melanie Stryder (Saoirse Ronan), et tente de localiser son groupuscule.

Les films d’anticipation se résument souvent à la problématique du conservatisme ou du progressisme. Dans cette version, le futur est résumé à un choix entre cheap et kitsch : soit vous adoptez une âme dans votre corps, une sorte de flocon mignon assorti de lentilles de contact couleur nacre, vous vous habillez en sky blanc et utilisez des brumisateurs pour vous soigner dans des lofts meublés par une marque Suédoise ; soit vous sortez la chemise à carreaux du placard et vous mangez bio au fin fond d’une cave option montagne avec le fusil de votre aïeul sur l’épaule. Malheureusement, le constat n’est que très peu accentué.

Si on choisit d’occulter les nombreux passages ridicules et improbables de cet opus, dont la liste exhaustive ne serait qu’entreprise vaine, un élément nous frappe de plein fouet : Les Âmes Vagabondes est le plus conventionnel des films d’anticipation. Difficile, évidemment, de ne pas rapprocher Melanie de Bella, deux jeunes passives transformées en héroïnes par le destin. Mais là où Melanie réussit un tour de fidélité et de passe-passe, est que deux âmes cohabitent dans son corps. Flirter avec deux hommes est donc viable, s’il y en a un pour chaque. Ou comment Stephenie Meyer a trouvé la forme ultime du puritanisme.

L’esthétique aurait pu ne pas hérisser nos poils, cependant, si l’outil de la double narration n’avait pas été traduit aussi grossièrement à l’écran. Certes, le dialogue-soliloque devait être intéressant sur papier, mais ajouter une voix-off à des réactions inexpressives n’était peut-être pas la meilleure option. Andrew Niccol a délaissé une Diane Krüger robotisée, et préféré soigner ses décors, comme une ode à ses précédents films. Même le réalisateur est conservateur.

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THE GRANDMASTER : KUNG-FU DÉLICAT

grandmaster-french-posterIl y avait bien un moment que le genre avait besoin de calme. Sa bruyante apparition dans le paysage cinématographique avait donné lieu à des chorégraphies spectaculaires ou sanglantes selon les choix. Jamais, de mémoire de tatami, le wing chun n’avait été aussi sensible devant une caméra. Un grand Wong Kar-Wai.

Dans la Chine des années 1930, Gong Yutian, doyen du Kung-Fu du Nord, souhaite unir son école à celle du Sud, afin que la dynastie des arts martiaux perdure. Il met en compétition son héritier Ma San avec celui du Sud, Ip Man (Tony Leung, déjà vu dans In the Mood for Love et 2046).

Avant toute chose, il faut savoir qu’en Chine, depuis 2008, la Ip Man mania a envahi le pays. Ip Man est connu pour avoir fait perdurer l’art du Kung-fu dans une période troublée, marquée par les guerres Sinéo-japonaises. Les biopics se sont emparés de la légende, le mettant souvent en scène avec le plus célèbre de ses élèves, Bruce Lee, et en ajoutant plus ou moins de romance. Wong Kar-Wai n’a pas misé sur une quelconque nouveauté. Et pourtant.

Là où le style de Kar-Wai avait donné une expérimentation étrange avec le road-movie My Blueberry Nights, le mélange avec le kung-fu fait des étincelles. Son goût pour les séquences ralenties au maximum donne lieu à des scènes de combat d’une finesse et d’un minimalisme impressionnants. En filmant la Chine à un moment charnière, Wong Kar Wai associe l’Histoire à l’histoire, mêle le destin d’un professeur d’un art obsolète et son rapport à l’honneur. La présence de la lumineuse Zhang Ziyi (Gong Er) face au sombre Tony Leung renforce l’esthétique bicolore de cet hommage précieux à un orfèvre du combat.

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Crédits photos : Studio Canal, Metropolitan Filmexport, Wild Bunch Distribution.

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