Ah le Sun et sa « page 3 » toute une histoire. Une véritable institution outre-manche vient d’être attaquée par une pétition à l’initiative d’une femme en colère de voir chaque matin ces femmes dénudées et montrant leur poitrine.
Selon l’anglaise cette tradition, vieille de plus de près de 35 ans, conduirait à la normalisation de la « femme-objet« . Crée en 1970 par un groupe d’hommes travaillant dans le secteur des médias, géré par des hommes, et dans un pays gouverné par des hommes, la « jeune femme de la page 3 » est devenue une vraie marque de fabrique pour le quotidien anglophone le plus vendu du monde dans son caractère de « tabloïd », purement anglais. Lucy Anne Holmes, qui a lancé la pétition « Take the Bare Boobs Out of the Sun » (Sortez les seins du Sun), décrit les quelques 300 000 agressions sexuelles que subissent les femmes, et les 60 000 viols annuels en Angleterre. Cette institution serait également un facteur d’éducation à réviser. En Angleterre, « The Sun » est à la fois le quotidien, le programme télé sur la table du salon, l’ouvrage d’éducation sexuelle du petit garçon anglais qui à dix ans crie « Regarde ces lolos« , et pour la jeune fille anglaise en quête de reconnaissance physique à l’adolescence, moteur de complexes. Pour Holmes, il est « temps de se pencher sur une décision prise en 1970 – une époque beaucoup plus sexistes que la nôtre – et de se demander si elle doit être maintenue« . Elle a envoyé une lettre au directeur de publication du quotidien britannique.
Pour le chroniqueur de « The Telegraph« , Brendan O’Neill, on s’extasie aujourd’hui sur les quelques « 62000 signataires » de la pétition au Royaume-Uni, ce qui alimente les chroniques. Pour O’Neil, « jamais on a vu autant de sexe dans les films, et les émissions de télévision, mais c’est toujours la page 3 qu’on montre du doigt » lu selon lui, « par des gens vulgaires, dans un journal à scandale » (The Sun est réputé pour être majoritaire chez la classe ouvrière). Le rédacteur en chef du magazine en ligne Spiked, décrit selon lui la situation : « les lecteurs de la page 3 sont des organismes formatés par les rédacteurs tout-puissants qui contrôlent la pensée de eux qui les lisent au petit déjeuner« . Pour les critiques de la page 3, les lecteurs (masculins, on doit se le dire) seraient donc incapables de contenir leurs pulsions sexuelles névrotiques à la vue d’une paire de seins.
La bataille hommes-femmes, retranchés de parts et d’autres, est ouverte. Un débat qui ne prendra jamais fin, vieux de plus de quinze ans.