Le blocage de Tolbiac aura duré quatre semaines. Lieu emblématique de la mobilisation contre la réforme de la sélection à l’université, les locaux ont subi des dégradations. À qui la faute ?
Côté direction
C’est à l’aube, aux alentours de 5 heures du matin, qu’a débuté l’intervention des CRS. Dans le cadre de l’évacuation du site, une unique interpellation aurait eu lieu, pour des faits « d’outrage et de rébellion ». L’opération a duré environ 1h et a mobilisé entre 100 et 200 policiers. Elle était réclamée depuis le 9 avril par Georges Haddad, président de l’université. Ce dernier a rapidement exprimé son soulagement et fait état de « dégradations (…). énormes». Pour lui, elles devraient « coûter très cher à l’université et au contribuable ». Il n’a pas hésité à ajouter « C’est l’argent de la nation qui a été gaspillé ». D’après une estimation du directeur, le montant des dégâts serait compris entre 600 000 et 800 000 euros. Des photos prises par les forces de l’ordre faisaient également état de la présence d’objets incendiaires artisanaux.
Côté étudiants
L’un des occupants a indiqué à l’AFP à l’issue de l’évacuation : « on n’a pas fait acte de violence ». Elle s’est en effet avérée relativement rapide. De nombreux étudiants ont tenu à publier des photos témoignant de l’organisation au sein des locaux. Certains n’ont pas hésité à souligner que les dégâts sur le mobilier étaient en partie dûs à une intervention violente de la police. L’un des professeurs de Tolbiac et soutient du mouvement, Nicolas Offenstadt, a tenu à relativiser l’ampleur des dégâts. Akai Sora, elle, a évoqué l’organisation sur place. Des clichés pris sur site montrent des bacs de recyclage, ainsi qu’un tableau de répartition des tâches.
Cela fait plus de plus de vingt ans que j’enseigne à Tolbiac. Les locaux étaient déjà peu avenants et peu confortables pour faire cours. Tout devient maintenant « dégradation » pour rendre illégitime la contestation, un papier par terre ou un tag plutôt réussi, sans réflexion.
— Nicolas Offenstadt (@Offenstadt) 22 avril 2018
Le 3 avril 2018, donc quand le campus de Tolbiac était toujours occupé par les étudiants, je me suis rendue visite et la propreté et l’organisation m’ont bien impressionnée. Pour cela, j’ai beaucoup de doutes raisonnables sur la « dégradation ». #Tolbiacpic.twitter.com/XuoIPyIe7z
— Akai Sora (@candy4sora) 20 avril 2018
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Des dégradations incontestables
Il semble que les dégradations soient indéniables. Leur imputation systématique aux étudiants omet toutefois les dégradations antérieure au sein des locaux. Les images montrent des tags dans les amphithéâtres, comme sur les murs des couloirs. Les distributeurs automatiques de nourriture auraient également été vandalisés. L’essentiel des dégradations se situe au rez-de-chaussée de l’établissement, où se concentrait l’occupation. Sur le compte twitter Commune Libre de Tolbiac, un long tweet fait office de défense.
Communiqué de presse relatif aux dégradations du centre Pierre Mendès France : pic.twitter.com/4HXXldw22d
— Commune Libre De Tolbiac (@TolbiacLibre) 23 avril 2018