« S’ils ne font pas de progrès, je me retirerai de l’OMC« , a averti Trump Jeudi, lors d’une interview à l’agence Bloomberg News. Cette menace n’est pas la première qu’il a adressé à l’Organisation Mondiale du Commerce. Est-ce une menace en l’air?
Trump a qualifié l’OMC « du pire accord commercial jamais conclu », et l’accuse d’être défavorable aux États-Unis. Cette nouvelle accusation peut-elle amener à un changement historique des relations commerciales internationales?
« Pour quitter l’OMC, il suffirait d’en ignorer les règles«
Comme toutes les organisations internationales, l’OMC se fonde sur un traité international, signé par les États. L’OMC alias le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) a conservé cette idée d’accord entre les États depuis sa création, en 1949. Ce qui montre qu’il est très facile d’ignorer les directives d’une organisation internationale. Il suffit en fait de ne pas respecter une règle et de ne pas accepter le jugement punitif qui en découle. Comme le résume l’économiste Philippe Marin au Figaro :
« Contrairement au Brexit où une sortie de l’Union européenne est très contraignante, pour quitter l’OMC, il suffirait d’en ignorer les règles« .
C’est la principale limite du droit international contemporain: il fonctionne uniquement par consensus. De plus, Washington est le principal contributeur de l’OMC, un départ des États-Unis serait suivi du départ des autres États membres et de l’implosion de l’organisation sexagénaire.
« Si le processus de départ de l’OMC est aisé, les États-Unis n’ont pas d’intérêt à le faire«
Christopher Dembik, responsable chez Saxo Bank, assure pourtant qu’un départ de l’OMC n’irait pas dans le sens des États-Unis. Le but premier de l’OMC est de libéraliser le commerce entre les États signataires en abaissant les barrières douanières. Les États-Unis lui avait donc déjà porté un coup le 10 Août en annonçant l’augmentation des droits douaniers sur l’aluminium et l’acier.
I have just authorized a doubling of Tariffs on Steel and Aluminum with respect to Turkey as their currency, the Turkish Lira, slides rapidly downward against our very strong Dollar! Aluminum will now be 20% and Steel 50%. Our relations with Turkey are not good at this time!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 10 août 2018
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Aller au bout de cette logique mènerait l’État américain dans une situation peu confortable. En effet, l’économie des États-Unis dépend beaucoup des importations de certaines matières premières et est donc inadaptée à un tournant protectionniste.
« Un choc commercial »
Jean-Paul Betbeze, conseiller économique, s’inquiète plutôt des répercussions d’une décision unilatérale sur le commerce international. En effet, l’OMC est le seul organisme capable de régler les litiges commerciaux internationaux. Revenir sur le traité fondant l’OMC conduirait assez certainement à une période de chaos commercial. L’organisation a effectivement été jusque là efficace, puisque 500 cas ont été portés devant les juges de l’OMC et aucune guerre commerciale n’a été déclarée. Trump voit justement l’OMC comme un frein à la guerre commerciale contre la Chine, l’UE, le Canada et le Mexique.
La Chine introduit une plainte dans le cadre de l’OMC au sujet des droits additionnels imposés par les États-Unis sur les importations chinoises #TradeDisputes https://t.co/FNavjUWBLx pic.twitter.com/EDSppQq0lv
— OMC en français (@OMC_fr) 27 août 2018