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Turquie : les femmes au pouvoir ?

Alors que la parole est loin d’être accordée aux femmes turques, ni même de rire en public (ndlr le vice-premier ministre Bülent Arinç), c’est une belle revanche qu’elles vont pouvoir prendre sur le gouvernement. Mesdames devraient intégrer le Parlement, suite à la victoire aux législatives du parti pro-kurde de Selahattin Demirtas. Erdogan n’a cas bien se tenir car les femmes n’ont pas la langue dans leur poche, c’est bien connu. 

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31 femmes de plus au Parlement

Après que le rêve d’Erdogan, président actuel de la Turquie, de régner en seul maître sur le pays se soit effondré suite aux élections législatives, les femmes entrent en force au gouvernement. En effet, sur les 550 membres du parlement, dit la Grande Assemblée nationale de Turquie, seules 79 femmes comptaient parmi eux. Mais la victoire du Parti démocratique des peuples (HDP) aux dernières élections législatives a changé le cours des événements. Le parti pro-kurde s’est ouvertement défini comme « féministe » et installera 31 femmes sur les 80 places d’élus qu’ils ont dûment remportés.

Le président Erdogan affirme que la place de le femme se résume à la maternité.

Le président Erdogan affirme que la place de le femme se résume à la maternité.

« L’égalité hommes-femmes est contraire à la nature humaine »

Le parti islamo-conservateur AKP (parti de la justice et du développement) avait pourtant annoncé dès son ascendance au pouvoir en 2002 que les droits des femmes consistaient un point important de leur mandat. Que niet. La réalité en est tout d’autre. Le droit à l’avortement restreint ou encore l’encouragement au port du voile ont été les mesure mises en place concernant la gente féminine. En outre, les interventions à répétitions du président Recep Tayyip Erdogan ne vont pas vraiment dans ce sens. Effectivement, il s’est illustré publiquement dans son rôle de parfait défenseur de la cause féminine en affirmant que l’égalité hommes-femmes est « contraire à la nature humaine » tout en renchérissant que « notre religion a défini une place pour les femmes (dans la société): la maternité« . Ces déclarations publiques n’ont pas plu à tout le monde dont la célèbre écrivaine turque Elif Shafak qui n’a pas manqué de lui répondre sur twitter.

(La maternité n’est dans tous les cas pas une vocation professionnelle. Ce sont les femmes turques qui devraient décider de leurs propres destinées et non les hommes politiques qui se pensent au-dessus.)

« La situation [pour la femme] est moins bonne que dans les années 1930 »

Erdogan avait ainsi recommandé aux femmes de faire naître « au moins trois enfants« . Des propos surenchéris par ceux tenus par son vice-premier ministre, Bülent Arinc, qui lui avait statué qu’une femme ne devait pas « rire fort en public » pour une question de « décence ». Les associations de défense des femmes dénoncent un encouragement de violences conjugales envers les femmes par le gouvernement avec ses allusions sexistes. D’après leurs informations, elles affirment que plus de 200 femmes sont mortes de la main de leur compagnon ou mari l’année dernière. Une situation toujours plus en recul pour la condition de la femme. Selon Jean Marcou, professeur à Sciences Politiques Grenoble « la situation est moins bonne que sous Kemal [premier président de la République] dans les années 1930« .

Le port du voile comme symbole politique

Le recul de la laïcité serait en rapport avec celui de la condition féminine. Ozer Aksoy, présidente de la Fédération des Associations Turques et Canadiennes (Federation of the Turkish Canadian Associations) et vice-présidente du Turkish World Congress (le Congrès mondial turc) dénonce l’obligation du port du voile comme la première pierre lancée vers l’islamisation de la société et par conséquent vers des droits bafoués pour la femme. Elle écrit sur le site d’info Point de Bascule : « Alors que nous observons des programmes officiels d’islamisation en Malaisie, au Maroc, en Algérie, en Indonésie et en Iran, nous pouvons clairement voir comment ces « pays musulmans » se transforment en «états islamiques». Dans tous les cas, les femmes ont d’abord été forcées de couvrir leurs cheveux et leur corps, et des changements systématiques dans le mode de vie au quotidien ont ensuite été progressivement introduits. Le foulard est plus qu’un bout de tissu : il est devenu le symbole indubitable de l’islam politique ».

Manifestation pour les droits de la femme en 2014.

Manifestation pour les droits de la femme en 2014.

Dorothée Schmid, spécialiste de la Turquie contemporaine à l’Institut français des relations internationales (IFRI), confiait au journal le Monde que le règne de douze années consécutives du président Erdogan avait apporté une régression de l’égalité homme-femme. Elle explique : «  Ce n’est pas une question de législation mais de culture sociale. Les hommes sont perçus comme les moteurs de la société, tandis que la femme est reléguée à son rôle de mère ». En effet, les déclarations publiques et sans détour du gouvernement sont souvent applaudies par l’auditoire, composé à majorité d’hommes. Avec l’arrivée au pouvoir d’un parti qui se réclame pour le droit de tous, Erdogan va devoir refréner ses ardeurs en public, et c’est tant mieux !

 

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