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Un si grand soleil | Hubert Benhamdine : « Christophe va tenter de trouver la rédemption »

Lors de notre passage sur le tournage d’Un si grand soleil, nous avons eu l’occasion en exclusivité de creuser le sujet du « Fleuriste » en compagnie de plusieurs personnes dont son interprète Hubert Benhamdine.

Mercredi 3 mai ! Nous débarquons à la gare de Montpellier pour un rendez-vous que l’on attendait. Même si on a l’habitude venir sur le tournage d’Un si grand soleil, nous avons cette fois-ci fait en sorte de creuser un dossier qui nous passionne depuis plusieurs mois : celui du « Fleuriste », pseudo que la police a donné à un tueur qui sévit en ville et qui semble prendre pour cible les criminels qui échappent à la justice. Derrière ce nouveau « Dexter » se trouve en réalité Christophe, vétérinaire, dont la personnalité trouble depuis son opération du cœur a de plus en plus de mal à se dissimuler. Nous avons donc demandé à la responsable de la communication de la série (l’excellente Sophie Tonelli) de nous faire venir au moment où son interprète, Hubert Benhamdine sera présent. Avant la rencontre fatidique, nous faisons une halte dans les studios de Vendargues où l’on retrouve la plupart des décors centraux de la série. A chaque nouvelle visite, on note des changements, des décors s’en vont pour laisser place à d’autres. Et au rang des nouveautés, il y a, et ça tombe, le cabinet vétérinaire de Christophe.

Avant de repartir, nous assistons au tournage d’une séquence forte au commissariat qui marquera le retour d’un personnage emblématique de la série qui sera bientôt suspendu de ses fonctions. Nous quittons ensuite Vendargues et repartons pour le centre de Montpellier. C’est là, dans une très Eglise, que nous retrouvons certains personnages de la série, comme Janet (Tonya Kinzinger) et … Christophe. S’ils ne sont pas présents dans les mêmes scènes, les deux personnages partagent un point commun : ils vont se rapprocher d’un prêtre. Et pour Christophe, c’est bien une quête de rédemption que le vétérinaire / serial killer recherche. Mais c’est bien plus qu’il risque de trouver. Entre deux scènes, Hubert Benhamdine accepte nous répondre et d’évoquer les avancées de son personnage.

La transformation de Christophe en « Fleuriste » a marqué un tournant dans l’histoire du personnage ?

C’est le traumatisme d’avoir été trahi par Johanna qui est le déclencheur de tout (Johanna le trompe avec son meilleur ami ndlr). Avant cette histoire, c’était un gentil garçon, un peu lisse. Mais il a bien vrillé et cette trahison fut un peu une sorte de passage initiatique vers « autre chose ». Christophe semble s’être construit par la souffrance.

Vous vous souvenez du jour où la production vous a annoncé que Christophe allait devenir un serial killer ?

En réalité on ne me l’a pas vraiment dit. Ce qu’on m’a dit, c’est qu’avec la greffe du cœur qu’il a subit, il allait changer de personnalité et qu’il y aurait une bascule. C’est en lisant les textes que j’ai découvert qu’il devenait un meurtrier. Ca m’a fait un choc au départ mais en même temps, c’est vraiment super de le découvrir comme ça car cela m’empêche d’anticiper sur le devenir de mon personnage. Quand Christophe tue la première personne (un dealer), je ne soupçonnais pas que ça allait devenir un mode opératoire et que j’allais tuer d’autres personnes.

Ce changement positionne Christophe en « super méchant » de la série ?

C’est vrai qu’il y a un petit côté croque-mitaine. On m’avait dit qu’il deviendrait un super méchant au moment où il se venge de Johanna, où il sort de l’hôpital et qu’il a sa canne. Je suis alors rentré dans la peau d’un personnage maléfique. Mais avec toujours un côté bipolaire chez lui : il tue mais il a un retour de bâton où il est pris d’une forme de culpabilité, il ne supporte pas sa nature de meurtrier et se retrouve tiraillé. Mais ce que je ne sais pas c’est où va aller le personnage à court ou moyen terme. Juste avant de tourner une intrigue, on me donne la tonalité de ce qui va arriver à Christophe, les grandes lignes de l’évolution à venir.
En ce moment, je tourne une intrigue où Christophe entre dans une phase mystique, il va rencontrer un prêtre et être touché par ce que cet homme dégage et ça va venir correspondre avec son besoin de trouver une forme de pardon, de rédemption. En gros : trouver une porte de sortie à sa logique meurtrière. Mais tout ne va pas se passer comme il l’imagine.

Mysticisme et serial killer ne peut que donner quelque chose d’explosif ?

Il y a en fait toujours ce côté pile et face chez lui et on ne sait jamais comment cela va tourner. Mais ce qui est certains c’est que ça tombe toujours du mauvais côté.
Mais il y a quand même chez lui un aspect justicier : il ne tue que des salauds et ça justifie moralement à ses yeux ce qu’il fait. Et c’est ce qui lui permet de supporter son statut de meurtrier. C’est quand même quelqu’un qui a besoin d’être entouré, quelqu’un d’aimant – il aime vraiment sa femme aujourd’hui ! Il y a aussi l’adoption d’Achille et on retrouve quelque chose à la Dexter : sur un fil ! C’est passionnant à jouer de devoir tout le temps retomber sur ses pattes et éviter de se faire griller.

Qu’est ce que ça donne quand Christophe, sorte d’ange exterminateur, se retrouve face à un prêtre, représentant d’un religion où l’on retrouve aussi la loi du talion ?

Au lieu de trouver la rédemption, il risque de trouver une sorte de légitimité à ce qu’il fait. Et là, on a un peu peur car ce serait un peu la justification suprême. S’il en vient à imaginer que c’est de Dieu qu’il tient le mandat pour être le justicier qu’il pense être, ça ne risque pas de s’arrêter.

Comment le regard du public a changé sur Christophe ?

On me dit souvent dans la rue que j’ai plus sympa que Christophe donc c’est déjà bon signe (rires). Avant qu’il ne se mette à tuer, je sentais que le personnage était perçu comme antipathique. Et depuis qu’il a endossé son rôle de justicier, il y a beaucoup plus de passion dans le public. Ce qui est plus flippant c’est qu’il y a visiblement beaucoup de partisans de la justice expéditive, qui s’identifie à lui et « m’encourage à continuer ». Et il y a ceux qui voudraient que j’arrête de tuer. Mais il y a une sorte de fascination pour ce personnage.

Cette grande arche mystique sera à suivre cet été sur France 2

Evidemment on craint tout autant que l’on redoute le moment où ce personnage va « tomber », la révélation ultime face aux autres personnages. Mais avec un jeu fin, tout en nuances, Hubert Benhamdine, aux antipodes de son personnage (il est aussi doux que l’autre est terrifiant ndlr) a fait de Christophe l’un des personnages les plus fascinants de toute la série : « Je profite chaque instant du formidable cadeau qu’on m’a fait avec ce personnage même si j’ai conscience que ça ne va pas durer longtemps encore. Je n’ai pas envie que ce moment arrive mais il se pourrait que ca finisse par se produire. Cet été par exemple, je vais tourner une autre arche qui va opposer Cécile à Christophe. Je n’en sais pas plus, je ne connais pas les tenants de cette histoire mais visiblement, quelque chose va se passer. Est-ce qu’elle va comprendre quelque chose ? Si c’est le cas, ça va être terrible !« 

Nous laissons Hubert Benhamdine aller travailler ces textes, si la journée touche à sa fin pour nous, lui tournera ce jour-là jusqu’à 2h du matin. Mais ce que l’on sait c’est qu’il risque de s’en passer dans cette église et que le personnage pourrait y connaître un puissant tournant. Mais nous n’en avons pas fini avec notre « Fleuriste » et c’est le lendemain, lors de notre retour au studio que l’on terminera cette échange.

Construction du décor d’un rooftop

C’est d’abord avec Olivier Szulzinger (directeur de collection sur Un si grand soleil) revient sur les origines de ce personnage et son évolution : « Le personnage était au départ censé ne rester que quelques semaines. Mais Hubert nous a tellement apportés qu’on a plus souhaité le voir partir. Il est donc devenu ce qu’on appelle « un opposant », pas très sympathique puisqu’il va tenter de piéger Johanna. Et on a réfléchi à comment le faire évoluer et c’est en réunion que l’idée d’en faire un tueur en série est venue. Ce n’est pas du tout mon idée, je suis même un peu retissant à ce genre d’idées. Mais l’idée est finalement validée, on reprend en le changeant le modèle de Dexter et on le met en couple avec la Juge. On est en train de travailler sur une grosse histoire qui va poursuivre son histoire en faisant attention de ne pas faire l’histoire de trop. Mais on s’inspire beaucoup de différentes histoires dont celle du film de Tavernier, Coup de torchon et du livre dont il est adapté à savoir 1275 âmes. L’idée est de lui faire trouver une légitimité à son action. Et si personne n’enquête dessus, c’est que personne ne comprend encore qu’il a un serial killer – à part le légiste- mais l’enquête sur le fleuriste va arriver, on est en train d’écrire dessus, et il va bien falloir qu’on le coince évidemment à un moment ou à un autre. Mais c’est pas pour de suite. En revanche, on essaye pour certains personnages, pas tous, de prévoir un destin sur plusieurs années. On en pas fini avec le personnage !« 

Dernière halte autour du personnage avec Manu aka Moïse Santamaria. Il est le dernier en date qui a croisé sans le savoir sa route et, en tuant Tresson, Christophe a sauvé la carrière de Manu. Il fallait donc qu’on en parle avec le comédien qui nous rappelle que Manu est le premier qui a fait travailler « clandestinement » Christophe en le faisant opérer Elsa (Julie Boulanger) blessée par balles : « Ce serait très intéressant de mettre Manu face au « Fleuriste ». Il faudrait qu’il y ait un accord commun entre eux pour qu’il arrête. Il y a un coté de Manu qui pourrait comprendre, voire même être en sympathie parce qu’il a tué Tresson et qu’il lui a sauvé la mise. Mais Manu ne pourrait accepter qu’il fasse justice lui même parce qu’il y a une justice qu’il représente en tant que flic. »

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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