Des députés demandent au Quai d’Orsay de faire pression sur Abu Dhabi qui utilise un site de Total au Yémen comme base militaire
Cinquante et un députés ont décidé d’envoyer une lettre ouverte le 11 décembre au ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian où ils affirment qu’un site de liquéfaction de gaz est utilisé par les Émirats arabes unis au Yémen, l’entreprise française Total en est actionnaire principal à hauteur de 40%. Selon eux, l’usine n’est pas seulement utilisée, mais elle aurait été transformée en base militaire qui abriterait une prison. L’État français avait accompagné la construction de l’usine avec une garantie de crédit de 216 millions d’euros, son activité avait été gelée en 2015 au début de la guerre.
François-Michel Lambert, coprésident du parti Liberté Écologie Fraternité (LEF) s’est exprimé à ce sujet sur Sputnik News : « Je ne pense pas que les Français soient heureux que plus d’un cinquième de milliard d’argent public soit utilisé pour faire une prison occupée par des forces étrangères au pays où se situe le site et où l’on croit savoir qu’il y a de la torture ».
La demande des parlementaires met l’exécutif dans une position difficile. Les Émirats arabes unis sont l’un des principaux clients de la France en matière de technologie militaire. En 2019, le pays était l’un des cinq plus gros acheteurs d’armes françaises. « Je pense que la fermeté peut, un temps, amener notre partenaire à être vexé et à regarder ailleurs pour acheter des armes. Mais la fermeté, c’est aussi être respecté. » ajoute le député. Lors d’un rapport des Nations Unies en 2019, qui attestait de ces tortures, la ministre Florence Parly avait répondu qu’elle n’avait pas d’informations sur le rôle de Total dans cette histoire. Les choses ne semblent pas avoir changé depuis, c’est justement ce que déplorent les 51 députés.