Ce dimanche, les Vénézuéliens étaient appelés aux urnes pour élire leur nouveau président. Mais, dès ce matin, El Nacional, l’un des plus importants quotidiens du pays, prévoyait une forte abstention.
D’après El Nacional, ce dimanche matin il y avait plus de personnes à l’avant des boulangeries pour acheter du pain que devant les bureaux de votes. Depuis plusieurs années, le pays est en proie à une grave crise économique, sociale et diplomatique. La situation a récemment empiré. En avril 2018, le Fonds Monétaire International prédisait une nouvelle chute du PIB de 15% sur l’année, et un taux d’inflation supérieur à 13 800%.
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En sus des difficultés auxquelles doivent faire face quotidiennement les Vénézuéliens, le mandat de Nicolás Maduro s’est soldé par une forte dérive autoritaire. Face à la victoire de l’opposition de centre-droit (la Mud) aux élections législatives de 2015, celui qui se présente comme l’héritier du chavisme bolivarien avait répondu par l’instauration d’une nouvelle Assemblée constituante parallèle.
La disqualification des opposants est telle que ce matin, la Mud, principale opposante politique de Nicolás Maduro a décidé de boycotté les élections. Le président sortant devrait donc, sans trop de difficultés renouveler pour un deuxième mandat.
Le résultat des élections ne sera toutefois pas synonyme d’adhésion nationale au futur président. Une part importante de la population s’est détournée des élections à cause des pratiques frauduleuses du régime. Les États-Unis et plusieurs pays d’Amérique latine ont d’ailleurs affirmé qu’ils ne reconnaîtraient pas le résultat du scrutin.
Dans El Nacional, María Corina Machado, la dirigeante nationale de Vente Venezuela s’est dite se sentir «orgueilleuse» face au refus des gens d’aller voter: « Me siento orgullosa de ver cómo Venezuela ha desobedecido. » Elle se réjouit que « toutes les rues du pays (soient) vides, tandis que dans le monde entier les Vénézuéliens ont consenti à élever la voix pour exiger la démission. »
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Selon la porte-parole de la Mud, Paulina Facchin, ne pas voter n’était pourtant pas toujours un choix pour certains Vénézuéliens. D’après elle, seulement 603 Vénézuéliens seraient inscrits dans le registre électoral de l’ambassade de Lima sur quelque 300 000 qui ont fui la crise au Pérou. Facchin accuse le gouvernement de ne plus mettre à jour le registre électoral depuis 2012 face à la hausse de l’émigration. Les Vénézuéliens concernés ne pourraient alors plus faire valoir leur droit de vote.