Le titre du constructeur automobile allemand Volkswagen a perdu ce mercredi en Bourse 7,48% à 102,70 euros à 8H55 GMT, amenant sa chute à près de 40% en six semaines. A l’origine de cette chute, des irrégularités sur les émissions de CO2 de 800 000 dans le monde ont été révélées, un mois et demi après le scandale des moteurs truqués.
Le calvaire continue pour Volkswagen. Après le scandale des moteurs truqués révélé mi-septembre, le constructeur allemand a avoué mardi de nouveaux mensonges concernant des irrégularités sur les émissions de CO2 de 800 000 voitures dans le monde. En effet, les émissions de dioxyde de carbone – déterminant dans le phénomène du réchauffement climatique – de véhicules Volkswagen, Skoda, Audi et Seat seraient plus élevées que ce que la marque promet à ses clients.
Le quotidien allemand FAZ, citant mercredi des documents internes des services qui ont mis le doigt sur ces « irrégularités », donnait en exemple la Golf Blue Motion de VW, qui émet en réalité plus de 100 grammes de CO2 par kilomètre, au lieu des 90 g/km promis par le constructeur et affichés dans les spécifications techniques du modèle. Mardi, le titre Volkswagen perdait 7,48% à 102,70 euros à 8h55 GMT, amenant sa chute à près de 40% en six semaines.
Enquête interne
Pour rappel, le plafond imposé par les normes européennes est de 130 grammes par kilomètre et doit baisser progressivement pour passer à 95 g/km à l’horizon de 2020. Ce plafond a toujours fait l’objet de marchandages, l’Allemagne rechignant à pénaliser ses constructeurs avec des limites trop contraignantes.
Ce mensonge aux émissions de CO2 des voitures a été révélé au cours d’une enquête interne dans le groupe, où le nouveau patron, Matthias Müller, a promis de tout remettre à plat. Les 800 000 véhicules concernés doivent donc être rappelés pour être mis aux normes et il en coûtera des milliards d’euros à Volkswagen. Sans compter sur les pénalités et la kyrielle de procès auxquelles le groupe devra s’attendre, les clients floués qui exigeront d’être remboursés et les actionnaires qui ont laissé des plumes dans la dégringolade en Bourse.
« Celui qui a menti une fois, on ne le croit plus »
Ces révélation interviennent seulement un jour après de nouvelles accusations proférées par les autorités américaines à l’encontre des moteurs diesel. Selon l’EPA (Agence américaine de protection de l’environnement), Volkswagen aurait également triché sur les émissions en CO2 de Nox avec des moteurs de trois litres, et pas seulement des moteurs plus petits comme connus jusqu’ici.
Volkswagen a démenti l’installation du logiciel truqueur. Mais comme l’a écrit le quotidien FAZ dans son édito, « celui qui a menti une fois, on ne le croit plus. » Ces reproches mettent les projecteurs sur M. Müller, arrivé aux manettes au pied levé à la faveur de la crise et ancien patron de Porsche, une marque désormais dans le viseur de l’EPA. « Tout cela fait mal, c’est très désagréable », commentait mercredi dans les colonnes du Handelsblatt, Stephan Weil, chef du gouvernement de l’État de Basse-Saxe actionnaire de Volkswagen, et à ce titre membre du conseil de surveillance. « Maintenant, vraiment tout doit être mis sur la table », a-t-il plaidé.