Aujourd’hui, les députés espagnols ont voté massivement pour l’abdication du roi Juan Carlos ce qui va permettre à l’héritier, son fils Felipe, d’accéder au trône dès le 19 juin. Il devra faire face à la crise institutionnelle qui touche l’Espagne.
Juan Carlos Ier d’Espagne a annoncé son abdication le 2 juin dernier ouvrant l’arrivée au futur souverain Felipe. Il a d’ailleurs présidé le 8 sa dernière cérémonie officielle. C’est donc ce mercredi que Mariano Rajoy, chef du gouvernement conservateur, a défendu le projet de loi devant la Chambre des députés. Elle a été votée massivement avec 299 voix pour – essentiellement du Parti populaire et de l’opposition socialiste -, 19 voix contre et 23 abstentions. Dans deux jours, ce sera au tour du Sénat de procéder au vote de la loi pour permettre au nouveau roi de prêter serment.
Felipe VI devra savoir faire face à la crise institutionnelle de l’Espagne. Cette majorité écrasante ne reflète pas forcément l’état actuel de l’Espagne quant à cette question. Le Congrès a refusé les amendements des petits partis comme l’Izquierda unida (communistes) ou ERC (indépendantistes catalans), qui réclamaient un référendum. 62% des Espagnols étaient d’ailleurs favorables à cette option.
Les crises ont entaché la fin du règne de Juan Carlos. Elles ont fait perdre aux Espagnols la confiance qu’ils avaient en leurs institutions et a causé la chute de la popularité de la Couronne. Ils sont de plus en plus nombreux à demander le retour de la République. C’est le cas des indépendantistes catalans qui veulent tirer profit de la crise et multiplient les manifestations. Ils en ont déjà profité pour descendre dans les rues en criant « L’Espagne, demain, sera républicaine » et organisant des référendums prévoyant l’indépendance aussi bien en Catalogne (dont la date est fixée au 9 novembre) qu’au Pays basque.
Enfin, il faut préciser que les plus jeunes Espagnols n’ont pas connu la monarchie au XXe siècle, ni le rôle qu’elle a eu pour construire le régime actuel. En effet, après la mort de Franco en 1975, Juan Carlos avait rétabli la monarchie et construit sa légitimité en conduisant la transition du pays jusqu’à l’approbation en 1978, par référendum, de la Constitution qui a fondé l’Espagne démocratique.
Malgré tout cela, El Pais a publié un sondage dimanche qui notait que 49% des personnes interrogées choisiraient comme régime une monarchie avec Felipe pour roi et 36% se prononcent pour une république. La popularité du futur roi n’a donc été touchée que faiblement.
Photo : AFP