Ça fait 25 ans que les Beaumont d’Une Famille Formidable font le bonheur des téléspectateurs de TF1. Que vaut la saison 14 ?
Un an après une saison 13 réussie qui voyait Une Famille Formidable prendre des risques en redistribuant les cartes et en se privant d’un pilier de la distribution, la famille Beaumont est de retour pour une quatorzième saison coïncidant avec les 25 ans de la série. Après plusieurs années plus délicates dans la gestion entre humour et émotion, la treizième saison avait renouée avec les plus grandes émotions que la série avait pu nous faire vivre. Des émotions fortes qu’une propension à verser parfois un peu trop dans le vaudeville avaient légèrement atténuées mais clairement l’an passé les Beaumont nous avaient remis dans leur poche si tant est qu’on en soit jamais sorti. Cette année pour les 25 ans, on espérait vivement que les festivités ne nuiraient pas à ce renouveau. Après en avoir découvert quatre épisodes (sur six), la série poursuit t-elle dans la même veine ?
Mais c’est quoi déjà… Une Famille Formidable saison 14 ? En cette nouvelle saison, notre Famille Formidable est à la croisée des chemins. Après le choc de la mort de Reine, chacun reprend peu à peu goût à la vie… et comme toujours, les Beaumont ne vont pas faire les choses à moitié ! Fred, malgré son handicap, accouche d’une petite fille et se met au défi de reconstruire sa vie. Jacques se lance dans un projet d’hôtel qui explose en plein vol… Il se met tout le monde à dos et c’est une fois de trop, car Catherine le laisse seul à Lisbonne pour rejoindre ses enfants en France. Pendant ce temps, Audrey tente de persuader Julien et son frère Bruno de vivre en «couple à trois». Nourredine, qui vient de monter un nouveau restaurant, fait face à un racisme latent qui finit par exploser lorsque sa cousine marocaine vient séjourner chez lui. Héléna et José flirtent discrètement, sans imaginer que Jérémie se mettra en tête de reconquérir son ex. Jacques, enfin, tentera de reconquérir Catherine…
Si chaque saison d’Une Famille Formidable nous réserve son lot de bons moments, la série avait fini par souffrir en crédibilité avec des histoires de moins en moins ancrées dans la quotidienneté et les sujets sociétaux et c’est souvent dans l’adversité et dans le miroir que la série tend à son public que les personnages révèlent toutes leurs facettes et déploient toute l’humanité qui les habite. Pour ses 25 ans la série fait le choix d’un entre deux qui lui réussit en général, à savoir alterner des moments de comédie et des situations dramatiques, à la différence près que cette fois-ci dans aucune de l’une ou l’autre des couleurs, le curseur n’est poussé à fond. Les scènes drôles et touchantes s’enchainent avec fluidité et c’est une bonne surprise. On ne verse pas de grosses larmes ni on ne rit aux éclats mais ce n’est absolument pas préjudiciable au plaisir que l’on prend grâce à une espèce d’équilibre miraculeux. En étant toujours sur le fil ténu entre le pathos et le comique troupier mais en n’y basculant jamais franchement, cette nouvelle saison réussit pour ce qu’on en a vu à être très séduisante. On sent bien la patte de l’équipe créative désormais aux manettes (Miguel Courtois le réalisateur et le scénariste historique Joël Santoni assisté de Jérome Le Mest et de Xavier Douin) qui dans l’ombre œuvrent pour qu’Une Famille Formidable reste dans le coup auprès du public et force est de constater que ça fonctionne.
Évidemment le plaisir à retrouver les Beaumont doit comme toujours énormément au talent incommensurable des comédiens qui les incarnent et à l’alchimie proprement indescriptible qui les lie. En tête Anny Duperey et Bernard Le Coq qui maîtrisent leur partition à la perfection et l’un et l’autre sont les moteurs de la série embarquant tout leur petit monde derrière eux avec une énergie communicative. Jennifer Lauret, Alexandre Thibault, Kamel Belghazi, Cécile Caillaud, Geoffrey Sauveaux, Fanny Krich trouvant dans ces quatre premiers épisodes suffisamment de matière pour nous tenir en haleine. Le propre de cette quatorzième saison et ce qui se remarque peut-être encore plus, c’est l’esprit feel good qui prédomine. La saison précédente était clairement dans une tonalité dramatique qui finissait par l’emporter, mais là, bien que certains sujets graves soient aussi évoqués (le racisme, l’intégration, la transmission, les triangles amoureux…), on ressent clairement la sève du plaisir de suivre encore et toujours les Beaumont dans leurs pérégrinations.
Il faudra évidemment attendre de voir les deux derniers épisodes de la saison pour être certain que les 25 ans d’Une Famille Formidable auront été célébrés comme il se doit, mais il ne fait guère de doutes que cette nouvelle salve d’épisodes (6×52 minutes écrits cette fois spécifiquement dans ce format et non découpés artificiellement comme en saison 13) aura su suivre la voie réempruntée l’an dernier et qui retrouvait à nos yeux la sève originelle d’une série qui en 25 ans a peut-être pris quelques rides au front mais garde le cœur immaculé et intègre des grandes sagas familiales populaires et réalistes. On les adore les Beaumont et on resigne sans problèmes pour 25 ans supplémentaires. Ce n’est pas juste un souhait, c’est aussi un cri d’amour.