12 ans après le point final de Star Trek Enterprise, Star Trek Discovery signe le retour de la plus incroyable franchise de la télévision américaine
En 50 ans (depuis 2016) la franchise Star Trek a explosé tous les records à la télévision américaine et les chiffres donnent le vertige : Star Trek Discovery qui a débuté ce dimanche 24 septembre sur CBS et dès le lendemain sur Netflix est la sixième série live de la franchise, soit près de 725 épisodes, 13 films et un nombre de produits dérivés parmi les plus conséquents de notre galaxie.
L’arrivée d’une nouvelle série 12 ans après le dernier épisode de Star Trek Enterprise et huit ans après que JJ Abrams ait commencé à mettre un coup de polish sur l’univers Star Trek au cinéma était particulièrement attendue. A l’heure des blockbusters télévisuels comme The Walking Dead et Game of Thrones, Star Trek Discovery s’est-t-elle adaptée aux nouvelles attentes des téléspectateurs sacrifiant l’intime au spectaculaire ?
Mais c’est quoi déjà… Star Trek Discovery ? Après un siècle de silence, une guerre éclate entre la Fédération et l’empire klingon, alors qu’un officier en disgrâce de la Starfleet se retrouve au centre du conflit.
Depuis 1966 et sa série originale, Star Trek a presque toujours su se montrer avant-gardiste et parler de thématiques contemporaines avec un regard incisif sur le monde sous couvert de science fiction. Si Voyager (dont le capitaine était une femme) et Enterprise malgré leurs durées, ont eu plus de mal à se démarquer de leurs devancières, les séries Star Trek ont toujours rencontré un écho retentissant aux États-Unis et il ne serait pas surprenant qu’il en soit de même avec cette nouvelle série.
Premier point positif : il n’y a pas besoin d’être un fan hardcore pour regarder et apprécier la série. Si l’univers codifié peut sembler obscur aux non initiés, Star Trek Discovery n’implique pas de devoir connaitre les séries précédentes. Chacun peut donc s’y retrouver puisque connaitre les différents tenants et aboutissants permet de savourer certaines références que les nouveaux venus ne saisiront pas sans pour autant être perdus. Que demande le peuple ?
Ce qu’il convient de constater d’emblée c’est que Star Trek Discovery ne jette pas de la poudre aux yeux. Visuellement bluffante, dotée d’une direction artistique de premier ordre, les débuts impressionnent, même si une utilisation trop prononcée des lensflare a tendance à agacer et à mettre un frein à la relation organique que l’on pourrait nouer avec ce que l’on voit. Excepté ce bémol, la photographie est splendide, les décors majestueux et les images de l’espace et des vaisseaux sont particulièrement soignées.
Au-delà de cette réussite visuelle, le sous-texte socio-politique qui est dans l’ADN de la saga s’avère réellement pertinent et la mise en place des enjeux dramatiques est rapidement esquissée par petites touches avec beaucoup de justesse. D’autant plus que cette fois l’héroïne de la série est une femme officier noire (et non pas comme c’est la coutume le capitaine) élevée par les Vulcains et dont l’histoire personnelle va la voir se confronter à ses devoirs, interrogeant ainsi des notions comme la vengeance, la culpabilité ou la primauté des intérêts collectifs sur les intérêts individuels.
En prenant le temps de mettre en place un récit que l’on imagine s’étendre petit à petit et sans renier sur sa notion de grand spectacle et d’intimisme mêlés, ces deux premiers épisodes bénéficient également d’une réalisation immersive et efficace (due à David Semel et Adam Kane). Bryan Fuller (Hannibal) est toujours crédité comme co-scénariste du premier épisode (avec Akiva Goldsman) bien qu’il ait depuis quitté le projet. Ce sont les scénaristes du second épisode Gretchen J. Berg et Aaron Harberts avec le co-créateur Alex Kurtzman, qui président aux destinées de la série.
Si tous les éléments s’imbriquent à merveille c’est aussi parce que le show est porté par une comédienne d’une intensité folle et qui réalise un presque sans faute dans ce double épisode d’ouverture. Sonequa Martin-Green (The Walking Dead) démontre qu’elle a non seulement les épaules pour être la figure emblématique de la série mais qu’elle est également douée autant pour l’action que pour l’émotion (hormis une petite séquence de larmes un peu exagérée).
Face à elle, le capitaine de l’USS Shenzhou, Philippa Georgiou est interprétée par Michelle Yeoh qui se sort très bien d’un rôle de mentor assez basique permettant ainsi aux rapports conflictuels qu’elle entretient avec Michael Burnham (Martin-Green) d’échapper à la banalité. Le contraste entre les deux femmes aurait pu s’avérer caricatural, il nourrit au contraire ces deux premiers épisodes impulsant sa tension dramatique.
Vous l’aurez compris, on est plus qu’agréablement surpris par ces premiers épisodes qui outre les points positifs déjà énumérés peut se targuer d’une sublime séquence d’ouverture sur une planète déserte, de flashbacks subtilement amenés, de personnages secondaires bien écrits et parfaitement interprétés (James Frain dans le rôle de Sarek, le père de Spock, Doug Jones, qui joue l’officier scientifique Saru à la voix et à l’apparence physique magnétiques….).
Alors sans doute que les fans les plus tatillons trouveront à redire sur l’accent klingon ou sur des maquillages parfois approximatifs, mais passés ces menus détails qui n’interpelleront pas les néophytes, Star Trek Discovery réussit des débuts très encourageants, qui, s’ils ne ne sont pas forcément des indices probants de ce qu’il en sera ensuite, permet de repartir le sourire béat, pour explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d’autres civilisations, et au mépris du danger avancer vers l’inconnu…
Star Trek Discovery : Avec Sonequa Martin-Green, Doug Jones, Jason Isaacs, Anthony Rapp, Michelle Yeoh, James Frain…
Créée par Alex Kurzman and Bryan Fuller
Diffusée sur CBS All Access depuis le 24 septembre 2017 et depuis le 25 septembre 2017 sur Netflix (2 épisodes puis un épisode par semaine)