Luc Besson n’a jamais manqué d’ambition. Avec Valérian et la Cité des Mille Planètes s’est t-il montré à la hauteur de son rêve démesuré ?
Quand on a su que Luc Besson s’attaquait à la bande-dessinée culte de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, Valérian et Laureline, il y a eu d’un côté les détracteurs du réalisateur de Lucy qui ont hurlés d’emblée leur effroi et de l’autre, ceux qui voulaient y croire, voyant dans le projet la folle ambition dont est capable cet artiste, souvent accablé de tous les maux mais doté d’une foi inébranlable et d’une démesure à nulle autre pareille dans l’hexagone. Capable de réunir les moyens pour mettre ses idées sur l’écran, Besson est à la tête d’un blockbuster gigantesque en terme de budget et qui pourrait tout emporter sur son passage bien que le film soit d’ores et déjà un flop au box-office américain. En débarquant sur les écrans français, Luc Besson va t’il parvenir à rallier les suffrages avec son film le plus risqué ?
Mais c’est quoi déjà… Valérian et la Cité des Mille Planètes ? Au 28ème siècle, Valérian et Laureline forment une équipe d’agents spatio-temporels chargés de maintenir l’ordre dans les territoires humains. Mandaté par le Ministre de la Défense, le duo part en mission sur l’extraordinaire cité intergalactique Alpha – une métropole en constante expansion où des espèces venues de l’univers tout entier ont convergé au fil des siècles pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire et leur culture. Un mystère se cache au cœur d’Alpha, une force obscure qui menace l’existence paisible de la Cité des Mille Planètes. Valérian et Laureline vont devoir engager une course contre la montre pour identifier la terrible menace et sauvegarder non seulement Alpha, mais l’avenir de l’univers.
On aurait voulu aimer Valérian et la Cité des Mille Planètes. Sincèrement et sans réserves. On aurait aimer saluer la folie du projet couplé à une réussite artistique totale. Parce que Luc Besson a fait au cœur des années 80 et 90 des films que l’on a aimé passionnément, qu’il déborde d’une sincérité enfantine touchante et d’un amour du cinéma incommensurable quand bien même il est devenu au fil du temps un businessman aguerri plus prompt à gérer La Cité du Cinéma (son complexe d’immenses studios nichés au cœur de Saint-Denis) qu’à défricher des terrains rebattus en y apposant son style inimitable. Malheureusement, sans qu’il rate son entreprise dans les grandes largeurs, Luc Besson n’est pas parvenu à faire le grand film de science fiction que l’on était en droit d’attendre eu égard au budget faramineux et à la démesure du projet. Comme souvent chez le réalisateur de Subway, c’est le scénario qui pêche, la faute à une écriture pachydermique, où tout est surligné et où la subtilité n’a jamais sa raison d’être. Premier écueil et de taille : Alors que la relation entre Valérian et Laureline aurait gagné à s’épanouir dans un jeu du chat et de la souris léger et fluide, la lourdeur est de mise dans chacun de leurs échanges à grands renforts d’allusions vaseuses qui n’ont rien de charmantes ou de romantiques. La mission qui incombe aux deux agents n’est absolument pas le centre névralgique du film et se trouve même être relativement accessoire et les enjeux dramatiques qui en découlent sont relativement faibles. Enfin la fluidité narrative n’est clairement pas au rendez-vous, les séquences anecdotiques succédant à des scènes d’action le tout semblant souvent rattaché artificiellement. Dans son obstination à continuer à écrire lui-même ses films, Luc Besson se heurte toujours aux mêmes problématiques et si son amour pour la BD d’origine ne peut absolument pas être remis en cause, il ne l’affranchit pas des scories qui ampoulent trop souvent ses récits.
Ce que le réalisateur avait réussi avec Le Cinquième Elément il y a déjà 20 ans, c’est à dire imposer un univers visuel foisonnant, baroque et poétique dans une histoire de science fiction inventive, drôle et flamboyante, il ne le réitère ici qu’avec parcimonie. A sa décharge, il n’a pas à sa disposition le charisme d’un Bruce Willis et si Dane Dehaan fait le job il manque de densité et de profondeur et c’est clairement Cara Delevingne qui lui dame le pion, la comédienne se montrant pétillante, pleine de vitalité et de malignité repoussant son partenaire dans l’ombre quand bien même l’histoire s’échine à revenir sur lui. Au-delà des deux stars, les apparitions plus que gênantes de Rihanna et Ethan Hawke font clairement basculer par moments le film dans une zone nanardesque de plus fâcheux effet, impression confirmée plusieurs fois avec des effets visuels qui frisent la bouillie numérique. Paradoxalement, visuellement le film parvient à plusieurs reprises à proposer des plans sublimes, voire carrément époustouflants qui ne dépareraient pas dans les plus grandes sagas de science fiction hollywoodienne. Mais cette maestria de Luc Besson qui n’est pas nouvelle, finit par être occultée par un rythme sinusoïdale, un manque d’émotion patent et un humour cruellement absent ou alors qui tombe à plat, qui plus est dans un film trop long (près de 2h20) et qui n’arrive pas à dégraisser le superflu. Si le film est une cruelle déception, on l’écrit avec d’autant plus d’amertume, que certains semblent avoir fait leur fonds de commerce de taper sur Luc Besson alors qu’il est l’un des rares dans ce pays à avoir les moyens de ses ambitions ainsi que la technique pour réussir de grandes choses. Son Valérian et la Cité des Mille Planètes a certes beaucoup de défauts et en cherchant à s’inscrire dans l’ADN du cinéma pop corn auquel il aimerait tant appartenir, il manque le coche, sans que, fort heureusement, cela ne s’avère rédhibitoire.
Valérian et la Cité des Mille Planètes passe son temps à chercher à s’inoculer l’ADN d’un cinéma pop corn mais n’y parvient jamais en dépit de certains plans majestueux!
Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson – En salles le 26 juillet 2017