Dans un rapport publié ce mercredi, l’organisation Human Rights Watch accuse des plantations indonésiennes de tabac d’employer des milliers d’enfants dans des conditions pernicieuses.
Le rapport de 113 pages intitulé « +J’ai la récolte dans le sang+: Le dangereux travail d’enfants dans des plantations de tabac en Indonésie », dépeint les coulisses du Lobby du tabac asiatique, profiteur inclément de sa jeune population.
Vous êtes-vous déjà interrogé sur la provenance de votre paquet ? Ces fumigènes décontractants que l’on pompe à tout va, symboles du socialement acceptable, savez-vous qui les façonne ? Si la majorité des cigarettes que vous consommez proviennent d’établissements européens, respectueux des droits du travail, un quart est issu d’usines asiatiques, beaucoup moins soucieuses quant à elles de la santé de leurs employés. Il se peut donc de temps à autres, que votre Phillip Morris coincée au bout du bec soit la besogne d’un garçon de huit ans, exerçant son dur labeur dans des plantations indonésiennes.
C’est en tout cas ce que dénonce Human Rights Watch, dans un rapport publié ce mercredi. De multinationales en multinationales, l’organisation humanitaire a recueilli les témoignages de jeunes adolescents, certains recrutés dès huit ans au service du tabac. Si la législation interdit le travail des moins de 18 ans dans les industries dangereuses, les producteurs de cancers semblent échapper à la surveillance des autorités, si tant est qu’elle existe. Outre l’âge précaire de l’embauche, Human Rights Watch décrit un emploi manuel nocif pour la santé, à court et long terme. Sans protection aucune, la jeune main d’œuvre opère quotidiennement parmi les pesticides qui l’entoure.
Étourdissements, malaises, vomissements, maux de crâne ou faiblesses musculaires ; les jeunes travailleurs, en raison de leur maigre corpulence, sont particulièrement sensibles à la « maladie du tabac vert ». Des symptômes divers dûs à l’absorption par la peau de grandes quantités de nicotine lors de la manipulation de feuilles de tabac humides. « J’ai vomi dans les champs et mon père m’a dit de rentrer me reposer à la maison. J’ai été malade pendant deux jours« , a confié une adolescente de 12 ans à HRW. L’âge légal du travail en Indonésie est 15 ans, mais les services de protection de l’enfance n’ont pas les ressources financières suffisantes pour garantir le respect de la loi sur l’ensemble du territoire, notamment dans les champs.
Selon l’organisation humanitaire, aucune multinationale du tabac opérant en Indonésie n’a de politique « suffisante pour garantir que les enfants sont protégés« . De plus, il est difficile de tracer le produit puisque celui-ci est directement acheté aux grand fournisseurs, ou via le marché.
Même Phillip Morris, propriétaire du géant indonésien Sampoerna, profite à son insu des petites mains indonésiennes. Si le grand groupe affirme récupérer la majorité de son tabac directement auprès des producteurs, il est néanmoins conscient que le travail infantile ait pu servir à la production de sa matière première.