
Rigueur incontestable, silhouette reconnaissable et influence attestée : après 37 ans à la tête de l’édition américaine de Vogue, Anna Wintour tourne une page presque historique. Retour sur cinq moments qui ont forgé sa légende dans l’univers de la mode et au-delà.
1988, l’arrivée remarquée à Vogue US
Anna Wintour, devient rédactrice en chef du Vogue américain en 1988, après avoir dirigé pendant deux ans la version britannique. Son tout premier numéro donne le ton. Elle choisit de mettre en couverture une mannequin dans un jeans à 50$ et un haut à 10 000$, un look décontracté, mélangeant le hors de prix à l’abordable, surprenant l’industrie de l’époque mais marque le début d’une nouvelle ère. L’ère Wintour. Elle rompt avec l’image élitiste de la mode et inscrit le magazine dans une époque plus moderne. Elle mêle haute couture, accessibilité et transforme le rapport à la mode dans les médias.
2003-2006, de la réalité à la fiction, Le diable s’habille en Prada
La parution en 2003 du roman Le diable s’habille en Prada, inspiré de son personnage puis, l’adaptation cinématographique en 2006 avec Meryl Streep dans le rôle de la froide et autoritaire Miranda Priestly, hisse Anna Wintour dans l’imaginaire collectif. Malgré les critiques, elle sort renforcée de cette caricature qui développe à juste titre son surnom de papesse de la mode. Elle devient un véritable symbole culturel.
2014, Anna Wintour devient directrice artistique de Condé Nast
Preuve de sa montée en puissance au sein du groupe de presse, elle est nommée directrice artistique de Conde Nast. À ce poste, elle supervise désormais le contenu éditorial de toutes les marques du groupe, bien au-delà de Vogue. C’est une reconnaissance officielle de sa vision stratégique et de son sens du « goût« . Cette nouvelle fonction renforce son contrôle sur l’image et l’esthétique de titres influents à une échelle mondiale.
2020, une remise en question publique
En pleine vague Black Lives Matter, Anna Wintour est confrontée à une critique qu’elle ne peut plus ignorer. Le manque de diversité au sein de Vogue et de ses équipes. Accusée de ne pas avoir donné suffisamment de place aux créateurs et collaborateurs noirs, elle présente des excuses publiques et reconnaît ses erreurs. Cet épisode accentue son image de personnalité distante et inaccessible. Elle reste cependant en poste, mais plus attentive aux questions de représentations.
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2025, la fin d’une ère à Vogue US
Le 26 juin 2025, après 37 ans de règne à la tête de Vogue US, Anna Wintour annonce qu’elle quitte son poste de rédactrice en chef. Elle ne disparaît pas pour autant. La papesse de la mode conserve ses fonctions au sein de Condé Nast et demeure directrice internationale de Vogue. Cette transition symbolise une évolution dans l’organisation du groupe, qui mise désormais sur une structure mondiale. Mais cela marque aussi la fin d’une époque. Celle où une seule femme incarnait à elle seule le pouvoir presque absolu sur l’industrie de la mode.
De Londres à New York, d’un bureau de rédaction aux soirées les plus fermées du Met Gala, Anna Wintour a redéfini ce que signifie « faire la mode« . Par sa vision avant gardiste, son exigence et ses choix bien orientés, elle a traversé les décennies de la mode en laissant son empreinte.