Au lendemain de la nomination d’Elisabeth Borne en tant que nouvelle Première ministre, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel ont comparé l’ex-ministre du Travail à Margaret Thatcher.
Mardi dernier, le chef de file LFI, alors en déplacement à Nantes (Loire-Atlantique) pour les législatives, n’a pas hésité à critiquer ouvertement la nomination de la nouvelle cheffe du gouvernement. S’il a précisé ne pas vouloir s’en prendre à « la personne, mais à la politique qu’elle va mettre en œuvre« , ce dernier s’est tout de même permis une comparaison étonnante : « C’est clair que c’est une libérale (ref à Elisabeth Borne) comme Mme Thatcher« .
Il n’était d’ailleurs pas le seul à penser de la sorte. Fabien Roussel, l’ancien candidat communiste à la présidentielle, a également fustigé la Première ministre sur Twitter. « Avec Elisabeth Borne, Macron a trouvé sa Mme Thatcher« . Décidemment, la dame de fer britannique en a pris pour son grade. Ce qui n’est pas étonnant quand on sait qu’elle était tout autant admirée que détestée. Toutefois, être comparé à Margaret Thatcher n’est pas forcément un compliment. La preuve avec un petit florilège de ses choix politiques les plus controversés, qui lui ont valu le surnom de « The Iron Lady« .
Privatisation en masse
Reine de l’économie radicale, Margaret Thatcher prend ses fonctions en mai 1979, dans un Royaume-Uni en crise. Durant ses mandats, elle est bien décidée à remettre le pays sur pied. Pour ce faire, elle n’hésitera pas à privatiser au maximum : British Telecom, British Airways, British Steel… Une politique condamnée par une partie des citoyens considérant que les privatisations ne bénéficiaient aucunement aux consommateurs.
Briseuse de grèves
Des grèves de dockers aux grèves de postiers, en passant par les grèves générales des mineurs, Margaret Thatcher en a vu passé des mouvements sociaux. L’un des plus marquants fut celui des mineurs en 1984. Face aux plus de 100 000 grévistes, l’ancienne Première ministre a tenu tête en limitant leurs aides sociales et en faisant plier les syndicats. Résultat des courses ? 9 morts, plus de 11 000 arrestations et environ 20 000 blessés. Sans compter que les mineurs n’ont, au final, rien obtenu en raison des trop grosses pertes financières.
Aveugle face à des accusations de pédophilie
Le scandale a été révélé il y a seulement il y a 7 ans. Selon la presse britannique, Margaret Thatcher aurait fermé les yeux sur des accusations de pédophilie concernant plusieurs députés, dans les années 70-90. Pour cause, le journal Daily Mail a mis la main sur une lettre dite « secrète » qui lui était destinée, dans laquelle il était mentionné « que l’attribution en 1988 du titre de chevalier au député Cyril Smith (…) au cœur du scandale, «risquait de nuire à l’intégrité du système de distinctions honorifiques»« . Et pourtant, la dame de fer a quand même « décidé de distinguer le député libéral-démocrate, mort en 2010 sans jamais avoir été inquiétée« , pointe Le Figaro.
Un fort caractère parfois prétentieux
« Maggie » a beaucoup encaissé, mais elle a aussi beaucoup vexé, voire humilié. Face à un(e) inconnu(e), il ne lui faut pas longtemps pour se forger un opinion à son sujet. « Je me fais une opinion sur les gens en dix secondes, et il est très rare que j’en change« , a-t-elle déjà avoué. Avec sa « bouche de Marilyn et son regarde de Caligula« , comme le disait Mitterrand, elle est persuadée de faire le bien dans tout ce qu’elle entreprend. Une sorte de mépris qui lui sera parfois reproché.
L’une des premières « eurosceptiques »
Durant son règne, les relations entre l’Europe et Margaret Thatcher ne ressemblent en rien à une histoire d’amour. À son premier sommet à Dublin en 1979, elle déclare : « I want my money back (Je veux qu’on me rendre mon argent)« . Une phrase désormais devenue célèbre partout dans le monde qui démontrait déjà son scepticisme envers l’Europe.
Dans la continuité des choses, six mois seulement après son élection, elle exige que la contribution britannique au budget européen soit revue à la baisse en raison des peu d’aides agricoles que le pays perçoit. Lorsque qu’un projet de monnaie unique dans tous les pays européens est proposé par Jacques Delors, elle qualifie l’idée comme un « coup de sang à la tête« . En bref, tout une multitude d’oppositions qui handicapera longuement l’intégration du Royaume-Uni à l’Europe, mais qui causera aussi sa propre chute.