Alexander McClay Williams, adolescent afro-américain de 16 ans, avait été exécuté pour meurtre en 1931. Il a finalement été innocenté 91 ans après cette condamnation à mort.
Une femme violemment assassinée
L’affaire Alexander McClay Williams commence le 3 octobre 1930. Le mari de Vida Robare, une responsable blanche de la Glen Mills School for Boys, un centre de détention pour jeunes délinquants, est retrouvée violemment assassinée dans l’enceinte de l’établissement. Si l’on en croît les dossiers judiciaires examinés par l’avocat Sam Lemon, elle a été poignardée 47 fois avec un pic de glace. Le meurtre de Vida Robare fait donc rapidement la Une des journaux nationaux.
Alexander McClay Williams rapidement accusé
Alexander McClay Williams purge à ce moment-là une peine dans l’établissement. On l’accuse rapidement d’être responsable de ce meurtre. Les enquêteurs interrogent l’adolescent 5 fois en l’espace de 17 jours. Il signe des aveux à trois reprises mais sans la présence d’un avocat ni d’un parent. Cette signature s’est sans doute faite sous la contrainte car une photo de l’adolescent le montre avec un œil au beurre noir lors du procès. Pour l’avocat Robert Keller, « il est évident que c’était le pire du profilage ethnique ».
Il est évident que c’était le pire du profilage ethnique.
Robert Keller
Condamné à mort à l’âge de 16 ans
Son avocat nommé ultérieurement est le premier Afro-Américain du barreau du comté. Mais il est seul à défendre Alexander McClay Williams et il ne possède aucune ressource pour préparer le procès. Face à lui se trouvent 15 enquêteurs et un jury entièrement blanc lors du procès. Ce dernier déclare ainsi l’adolescent de 16 ans très (trop) rapidement coupable. Il est exécuté le 27 février 1931. Il s’agit alors du plus jeune garçon de l’histoire de son état à subir la peine capitale.
Des preuves qui ne vont pas dans le sens du verdict
Selon le procureur du comté de Delaware en Pennsylvanie Jack Stollsteimer, la sœur et l’arrière-petit-fils d’Alexander McClay Williams ont mené un travail « sans relâche, pendant des années » pour prouver « les incohérences » du dossier. Ce travail a duré plus de 30 ans. Parmi ces incohérences, on peut par exemple citer une « empreinte de main sanglante d’un homme adulte trouvée près de la porte de la scène du crime, photographiée par la police » mais « jamais mentionnée au procès ».
Par ailleurs, l’ancien mari de Vida Robare, Fred Robare, était lui aussi accusé. Cela a été négligé alors qu’il s’agit du dernier homme à avoir vu Vida Robare vivante. C’est également lui qui a découvert le corps et les preuves montrent que la femme a été assassinée par un homme adulte. « Je ne sais pas qui a fait ça, mais je suis d’accord avec le détective pour dire que c’était un adulte et que c’est un crime passionnel. » a ainsi déclaré Robert Keller, l’avocat qui a travaillé sur le dossier avec Sam Lemon. « Cela ressemble simplement à un cas de violence domestique » a-t-il ajouté.
Je ne sais pas qui a fait ça, mais je suis d’accord avec le détective pour dire que c’était un adulte et que c’est un crime passionnel. Cela ressemble simplement à un cas de violence domestique.
Robert Keller
Une opportunité à saisir ?
En juin, un tribunal de Pennsylvanie a reconnu son innocence. Un non-lieu a été prononcé au bénéfice d’Alexander McClay Williams. Sa seule sœur survivante, Susie Williams-Carter, a confié au Philadelphia Inquierer être « simplement contente que cela se termine comme cela aurait dû commencer ». « Nous savions qu’il était innocent, maintenant nous voulons que tout le monde le sache. » L’idée est ainsi d’en faire un symbole par rapport aux questions d’injustice vis-à-vis des Afro-américains. « Nous ne pouvons pas réécrire l’Histoire. Mais quand la justice peut être rendue en reconnaissant publiquement une telle erreur, nous devons saisir l’opportunité » a ainsi expliqué Jack Stollsteimer.