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5 éléments pour comprendre l’affaire Marcel Petiot

Durant la Seconde Guerre mondiale, le mal était partout, même chez ceux que l’on soupçonnerait le moins. Marcel Petiot, surnommé le « Docteur Satan », est mis en cause pour l’assassinat de 27 personnes, il en a revendiqué 63.

Sous l’Occupation allemande en France durant la période 39-45, le docteur Marcel Petiot a commis le pire. Il est condamné en 1946 à la peine capitale pour l’assassinat et le vol de 24 personnes, fuyant la Gestapo. Docteur, ses patients devenaient ses victimes dans son cabinet situé dans le 16ème arrondissement de Paris. Son procès est très médiatisé avec un retentissement mondial. Beaucoup le compare même à celui de Landru au moment de la Première Guerre mondiale.

1-Portrait d’un tueur

Marcel Petiot nait à Auxerre en 1897. Enrôlé dans l’armée durant la Première Guerre mondiale, il en revient blessé avec des troubles psychiatriques. Il obtient son diplôme de médecine en 1922 et s’installe à Villeneuve-sur-Yonne pour ouvrir un cabinet. Il entame en parallèle une carrière politique et devient maire de sa ville en 1926. Malgré sa kleptomanie et des troubles psychiques patents, il demeure conseiller général de l’Yonne jusqu’en 1934.

En 1934, c’est le départ pour Paris où il élit domicile. Il alterne alors entre petits vols et séjours en hôpital psychiatrique mais cela ne l’empêche pas de continuer sa carrière de médecin. En 1941, il achète un hôtel particulier au 21 rue Le Sueur à Paris où il continue ses consultations. Il se dit alors être un passeur qui aide les personnes poursuivies par la Gestapo à s’échapper du territoire français. De là, l’horreur commence.

2-Marcel Petiot, le faux sauveur

Avec sa réputation de bon médecin, les clients affluaient facilement dans son cabinet. Son activité est rapidement devenu dérageante puisqu’il profitait de la détresse de peuples opprimés par le régime nazi. Ainsi, il disait offrir une filière d’évasion hors de l’Europe à tous ceux qui souhaitaient fuir le régime nazi durant cette période de l’Occupation.

Les clients arrivaient alors avec tout leurs biens de valeur dans des valises pensant quitter enfin l’horreur. En réalité, elle ne faisait que commencer. Petiot emmenait ses victimes dans son bureau, leur demandait d’y laisser leurs bagages et leur injectait un soporifique en leur faisant croire à un vaccin. Ensuite, ils les conduisaient dans une petite pièce triangulaire voisine, aux murs ornés d’anneaux métalliques. Quand ses clients piquaient du nez, il les attachait aux anneaux, puis sortait de la pièce en fermant la porte derrière lui. Il actionnait alors un mécanisme délivrant un gaz mortel dans la pièce. Avec un judas, il assistait à cette scène macabre, sans scrupules.

Quelques bagages appartenant à des victimes de Petiot, retrouvés à son domicile, au 21 rue Le Sueur à Paris.

Au début de son activité, il se débarrassait des corps en les jetant dans une fosse avec de la chaux vive. Mais les victimes étaient de plus en plus nombreuses, obligeant le docteur à démembrer les corps pour les brûler dans une chaudière. Le médecin diabolique s’emparait ensuite des richesses de ses victimes. Jusqu’en 1944, sa sinistre lubie passait inaperçue.

3-Un résistant déguisé ?

Le 11 mars 1944, des voisins donnent l’alerte sur une odeur nauséabonde et une épaisse fumée ressortant du domicile du docteur. La police et les pompiers se rendent sur place. Une fois arrivés, il découvre le pire à la cave : des restes humains provenant de 27 corps et de nombreuses valises contenant les affaires des victimes. Les regards se tournent alors vers Marcel Petiot, déjà en fuite.

Pour échapper à la police, le médecin ruse. Il se dissimule sous une fausse identité parmi les Forces Françaises de l’intérieur (FFI). Il s’engage dans la Résistance et se fait appeler « Capitaine Valéry » jusqu’à La Libération. La presse s’empare alors de l’affaire et relate son passé. Ses différents internements en psychiatrie font la une de journaux. Des morts et disparitions inexpliquées dans sa région natale lui sont imputés. « A Auxerre, la découverte du charnier n’a étonné personne », assure Paris-Soir, le 14 mars 1944. La rumeur l’accuse notamment d’être à l’origine de la mort d’une toxicomane et de sa maîtresse. Il ne sera néanmoins jamais condamné pour cela.

Après une enquête de l’inspecteur Henri Soutif, ce dernier l’arrête à la sortie du métro Saint-Mandé Tourelle, le 31 octobre 1944. Marcel Petiot détenait dans ses poches un revolver 9 mm et plusieurs fausses cartes d’identité. Son engagement dans la Résistance fait alors vite débat.

4-Une défense atypique…

Un an et demi après son arrestation, le 18 mars 1946, son procès débute. Sa défense repose sur l’affirmation que ses victimes étaient des membres de la Gestapo (des Allemands, des Juifs collaborateurs, des souteneurs, et des prostituées contraintes par l’occupant). Tout au long de l’instruction et du procès, il se présente comme un résistant actif, chef d’un réseau. Bien qu’il soit accusé de 27 meurtres, il en avoue 63, mais nie ceux de la rue Le Sueur, en affirmant avoir tué uniquement des nazis et des « traîtres ».

Assurée par Maître René Floriot, sa défense se concentre sur les lacunes de l’enquête et sur l’allégation que les victimes étaient des criminels nazis ou des collaborateurs exécutés « au nom de la France ». Le docteur joue un rôle central dans cette stratégie de défense. Critiquant les magistrats qui auraient conservé leur loyauté envers le régime de Vichy, il se pose en héros de la résistance jusqu’au bout du procès. Cependant, il apparaît que la majorité de ses victimes étaient des Juifs ou des criminels cherchant à échapper à leur passé.

De plus, le comportement de Marcel Petiot n’a pas contribué à plaider en sa faveur. Parfois trop familier, parfois colérique, il se permet des gestes déplacés malgré la menace de la peine de mort. Dans le box des accusés, il manifeste son ennui, allant jusqu’à s’endormir pendant les audiences. Sa personnalité singulière en fait néanmoins une figure populaire, renforçant le surnom de « Docteur Satan ».

5-…pour un procès historique

Dès le début du procès, une foule se presse chaque jour devant le palais de justice. Il est considéré comme « Le » procès médiatique de la Seconde Guerre mondiale. Son retentissement est mondial, comparable à celui de Landru au moment de la Première Guerre mondiale. Le Figaro titre même « L’un des plus grands procès de l’histoire criminelle », le 17 avril 1946.

Maître René Floriot n’avance ni l’irresponsabilité pénale ni la folie comme moyen de sauver son client de la guillotine. En effet, l’accusé avait été jugé sain d’esprit par trois psychiatres. Après une délibération de trois heures portant sur les 135 accusations retenues contre lui, Marcel Petiot est condamné à mort le 4 avril 1946 pour le meurtre prémédité de 24 des 27 victimes qui lui sont imputées.

« Tu me fais chier. »

Marcel Petiot à l’avocat général, au matin de son exécution.

Encore une fois, fidèle à son caractère cynique, Petiot s’est fait remarquer une dernière fois le samedi 25 mai 1946, jour de son exécution. Au matin, lorsque l’avocat général est venu le réveiller dans sa cellule, les seuls mots du docteur furent : « Tu me fais chier. ».

Le mystère plane toujours sur son butin, volé à ses victimes, plus de 70 ans après son exécution. Estimé à quelque 50 millions d’euros, cette fortune reste toujours introuvable.

À lire aussi : Pourquoi sommes-nous fascinés par les tueurs en série ?

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