Durant la Seconde Guerre mondiale, la maison d’Izieu a été le lieu d’une colonie d’enfants réfugiés qui dépend de l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE), une association qui mène des actions de sauvetage à destination des enfants juifs.
Situé dans un petit village de l’Ain, la maison d’Izieu fut fondée par Sabine Zlatin en mai 1943. Ce lieu perché au-dessus d’un bras du Rhône, à la frontière de l’Isère et de la Savoie, était une colonie d’enfants réfugiés qui dépend de l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE), une association qui mène des actions de sauvetage à destination des enfants juifs. Mais le 6 avril 1944, le cauchemar frappa aux portes de la maison. Retour sur la tragédie d’Izieu, 80 ans après.
La maison des enfants réfugiés d’Izieu
La colonie des enfants réfugiés d’Izieu est une initiative de Sabine Zlatin. Cette résistante juive d’origine polonaise est arrivée sur le sol français après le début de la guerre. C’est une infirmière de La Croix-Rouge engagée dans la protection des enfants juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Aux alentours de Lyon et Montpellier, les rafles nazies sont nombreuses. En 1942, elle fut à la direction d’une maison d’enfants juifs à Palavas-les-Flots. Plus tard, le sous-préfet de Belley, dans l’Ain, Pierre-Marcel Wiltzer lui propose une maison à Izieu, près de Lyon, pour créer un refuge pour protéger les enfants juifs des nazis.
Elle accepte et entame avec son mari, Miron Zlatin, les démarches pour amener les enfants et recruter les éducateurs pour en prendre soin. Pierre-Marcel Wiltzer intitule officiellement la maison d’Izieu, « Colonie d’enfants réfugiés de l’Hérault ».
En zone libre jusqu’en 1942, non loin de la frontière suisse, Izieu tombe dans la zone d’occupation italienne. Le 8 septembre 1943, l’Italie capitule et l’armée allemande occupe aussitôt les départements de l’ancienne zone italienne. Les persécutions antisémites s’y intensifient. Dans les premiers mois de 1944, Sabine Zlatin prend conscience de la nécessité de disperser les enfants de la colonie.
Le 6 avril 1944 : le début du cauchemar
Au premier jour des vacances de Pâques, la pérennité de la colonie bascule subitement. Pierre-Marcel Wiltzer se fait muter un mois plus tôt à la sous-préfecture de Châtellerault, dans la Vienne. Son remplaçant, Jules Serieyx ne partage pas les mêmes idées que son prédécesseur. Le 6 avril 1944, les 44 enfants juifs de la maison d’Izieu, de différentes nationalités et âgés de 4 à 12 ans, sont raflés par la Gestapo de Lyon sur ordre de Klaus Barbie. Les sept éducateurs, juifs également, ne sont pas épargnés. Seul Léon Reifman, alerté par sa sœur, est parvenu à s’enfuir en sautant d’une fenêtre. Les fermiers voisins, les Perticoz, l’aideront ensuite à se cacher. La veille, l’institutrice, Gabrielle Perrier était retournée pour quelques jours dans sa famille, dès la classe terminée.
Enfants et adultes embarquent dans des camions vers la prison Montluc, à Lyon. Ils vont en direction du camp de Drancy, où ils arrivent le 8 avril 1944, avant d’être déportés par six convois successifs vers les camps de la mort. Leur arrivée au camp d’Auschwitz-Birkenau en Pologne sera marquée par la mort de quarante-deux enfants qui sont gazés. Le plus jeune, Albert Bulka, n’avait que 4 ans. Seule une éducatrice, Léa Feldblum, survivra à la déportation. Miron Zlatin et deux adolescents sont quant à eux déportés en Estonie, à Tallin, où ils seront fusillés. Sabine Zlatin a échappé à l’arrestation. Elle se trouvait à Montpellier à ce moment-là, pour tenter de trouver un refuge plus sûr pour les enfants et disperser la colonie.
À chaque tragédie, son coupable
C’est un fermier du voisinage, Français et originaire de Metz, qui aurait dénoncés le refuge d’Izieu. Il se dénommerait Lucien Bourdon. Julien Favet, un ouvrier agricole à Izieu témoigne lors du procès Barbie sur la présence de Lucien Bourdon auprès de la Gestapo lors des arrestations.
Les Américains suivent sa trace et l’arrête finalement. Il passe devant le tribunal à Lyon en 1946 pour trahison. Mais l’accusation de dénonciation à propos des enfants d’Izieu n’est pas retenue. Il n’y a eu aucune preuve, aucun aveu, aucun témoignage n’ayant permis de la légitimer. Mais, le 13 juin 1947, la Cour de justice de Lyon le juge « coupable d’indignité nationale » et le condamne à la « dégradation nationale à vie ». Il retrouve finalement sa liberté immédiatement. En 1987, lors du procès Barbie, Lucien Bourdon est toujours en vie. Malgré une demande à comparaître, il est absent au procès. La présence des enfants juifs à Izieu n’était toutefois ni secrète, ni clandestine.
Au lendemain de ce procès, en mars 1988, la maison d’Izieu devient un lieu de mémoire et donne naissance à l’association du Musée-Mémorial des enfants d’Izieu.