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6 janvier 2021 : une journée américaine historique

La voix du nord

La journée d’hier a été riche en rebondissements pour la démocratie aux États-Unis. En effet, se sont déroulés parallèlement les dépouillements des cruciales élections sénatoriales en Géorgie, les délibérations du corps législatif quant à la validation des résultats des élections présidentielles de novembre et bien entendu la très remarquée prise d’assaut du Capitole par les supporters du président sortant, autant d’évènements aux fortes conséquences.

Des élections sénatoriales fortes en symbole

La victoire des deux candidats démocrates – John Osoff et Raphael Warnock – au second tour des élections sénatoriales de l’état sudiste de Géorgie dans la foulée de celle du candidat Biden a été l’une des surprises les plus importantes au cours de cette année électorale. De fait, malgré une forte population afro-américaine – 32% selon le recensement de 2019 – l’état semblait acquis à la cause républicaine, dans la mesure où la dernière victoire d’un candidat démocrate remontait à 28 ans aux cours des élections ayant opposé Bill Clinton et George H. Bush. L’évènement représente donc un symbole fort quant à la mobilisation des minorités, habituellement en retrait, dans l’optique de faire barrage à Donald Trump.

Composition du 117ème sénat Américain – Wikipédia

En outre, les deux sièges remportés par le Parti Démocrate lui permettent de disposer d’une marge de manoeuvre politique conséquente au moins pour les deux prochaines années, en lui assurant la majorité dans les deux chambres. Et pourtant, cette situation était loin d’être évidente quand on sait que le sénateur républicain David Perdue est passé à quelques dizaines de milliers de voix à une réélection au premier tour. La campagne entre les deux tours a été rude et a mobilisé les cadres des deux partis et a finalement permis de renverser totalement l’état, infligeant à Donald Trump un revers sévère alors qu’il avait axé cette campagne sur sa propre personne et sur l’importance d’obtenir un sénat républicain afin de lui assurer une hypothétique réélection.

Raphael Warnock, devenu le premier sénateur afro-américain en Géorgie – AFP

De surcroît, ces résultats électoraux revêtent une importance historique majeure. En effet, le système électoral – présent dans sept autres états du sud – a été mis en place en 1963 à l’initiative du représentant d’État Denmark Groover afin de désavantager les personnes afro-américaines souhaitant accéder à des postes de représentation. Son raisonnement était le suivant : un candidat noir a plus de chances d’arriver en tête des élections en raison d’un regroupement des votes afro-américains, tandis que les votes blancs seraient dispersés entre les différents candidats. L’instigateur de cette loi en revendiquait le caractère raciste, dans la lignée des tentatives des états du Sud pour brider les électeurs afro-américains. En cela, l’élection du Révérend Warnock représente un double symbole : premièrement, il devient le premier sénateur afro-américain a être élu dans un ancien état de la Confédération et secondement, il gagne dans les conditions prévues par Groover, c’est à dire seul candidat noir arrivé en tête au premier tout.

Une certification mouvementée à Washington

Confinement du Capitole

En parallèle du dépouillement des élections sénatoriales s’est organisé la réunion du congrès Américain en vue de la certification des résultats des dernières élections présidentielles. Ce processus a été marqué par les accusations de fraude du président Trump, ayant entraîné avec lui une centaine d’élus, ayant présenté des objections à la certification – toutes déboutées in fine. Dans l’après-midi, Donald Trump a organisé un rassemblement de ses partisans, renouvelant ses accusations quant à la tenue des élections et incitant son audience à se faire entendre directement au Capitole. S’en est suivie un investissement de l’édifice par des dizaines de milliers de personnes, dont certains l’ont pénétré, interrompant de fait la séance de délibération. Les forces de l’ordre débordées – le district fédéral ne dispose pas de force militaire telle qu’une garde nationale comme un état standard – la maire de Washington a du faire appel à des renforts envoyés par les états limitrophes et instaurer un couvre-feu. Après de violentes échauffourées et la condamnation unanime de la communauté internationale, le président Trump a fini par demander aux manifestants de rentrer chez eux.

Le bilan de cette après-midi est doublement lourd. Tout d’abord d’un point de vue humain, 5 personnes ont perdu la vie. Ensuite, d’un point de vue politique car le bâtiment du Capitole, représentant la souveraineté du peuple américain, n’avait pas été attaqué depuis 1814 au cours de la guerre avec le Royaume-Uni. Si les protestataires se revendiquent de l’esprit fondateur des États-Unis, dans la veine des Sons of Liberty, l’image qui en est ressortie est celle d’une Amérique divisée dont le modèle démocratique semble au bord du gouffre. On a même vu des partisans de Donald Trump critiquer le même collège électoral qui avait permis sa victoire en 2016 malgré la majorité des voix accordées à Hillary Clinton. Plusieurs cadres du parti républicain ont fait savoir leur opposition à ces mouvements violents. En parallèle, une demande de destitution du président en vertu du 25ème amendement – permettant au cabinet présidentiel et au congrès de démettre un président de ses fonctions s’il n’est plus à même d’exercer son pouvoir de décision – a été effectuée par des cadres du parti démocrate. De plus, pour la première fois de l’histoire, le compte Facebook de Donald Trump a été suspendu jusqu’à l’investiture du 20 janvier.

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Journaliste VL.
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