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Mashrou’ Leïla : cinq garçons dans le vent libanais

Avec un background politique ne laissant pas forcément place à l’expression totale de toutes les idées ou personnalités, Mashrou’ Leïla se plaît à avoir comme cheval de bataille la description satirique de la vie de le jeunesse de Beyrouth sur un fond de rock bien mené. Au départ, ils ne devaient être qu’un groupe à usage unique, jouant pour une nuit seulement (la traduction de « Mashrou’ Leïla » pouvant être « Projet d’Une Nuit »). Finalement, 8 ans après, Hamed Sinno (voix), Haig Papazian (violon), Carl Gerges (batterie), Firas Abou Fakher (guitare) et Ibrahim Badr (basse) sillonnent de plus en plus largement le globe et n’en sont plus à leur première nuit de vie commune.

Une qualité musicale de plus en plus reconnue

Si leur troisième album, Ibn El Leil (« fils de la nuit »), sorti en 2015, est qualifié par eux-mêmes de plus « pop », on remarque qu’il s’agit aussi d’un terrain d’expérimentation musicale avec de nouvelles sonorités, peut-être un peu plus joyeuses mais pas moins sensuelles. Ainsi, les fils de la nuit connaissent déjà le soleil libanais mais ne cessent de découvrir celui du reste du monde. Après leur second album, ils ont été le premier groupe du Moyen Orient à figurer en une de Rolling Stones : un succès rapide après avoir été la tête d’affiche de plusieurs festivals à Beyrouth. On a même fait des rapprochements entre eux et des groupes mythiques (Radiohead et Arctic Monkeys, s’il ne fallait citer qu’eux). Ce sont les mélodies joyeuses et denses et le rythme dansant de leurs compositions qui sont aussi probablement les clés de leur succès en dehors de leurs pays natal. La voix vibrante d’Hamed Sinno est de même imposante et parfaitement mixée avec divers instruments comme de la trompette dans leur album Raasuk.

Des paroles abordant les thèmes d’une jeunesse libanaise libérée

Dans leur chanson Djin, sur un fond sonore endiablant, Hamed jure au nom de dieu qu’il se donne corps et âme aux jouissances nocturnes. Si certains retiennent majoritairement leurs propos sur l’homosexualité, c’est un pan entier de la société que Mashrou’ Leïla représente. En effet, si aucun thème principal ne semble pouvoir émerger, c’est que des sujets aussi variés que l’immigration, l’amour ou la liberté sexuelle sont abordés dans les chansons. Et c’est notamment ce qui parle à la jeunesse libanaise, puisque rares sont les groupes qui se permettent de s’exprimer aussi librement et avec un humour assez noir sur leur société. Le Djin, sorte de créature mythique aux origines sémitiques ancrée entre autres dans la culture libanaise, devient rapidement oublié lorsque les bars de Beyrouth offrent à leurs visiteurs un grand verre de Gin.

Tout en critiquant certains aspects de la tradition, tous les textes du groupe sont rédigés en arabe, ce qui reste une défense d’un patrimoine auquel les cinq membres semblent donner une grande importance. C’est ce lien entre la critique et le respect de la tradition ; la remise en question d’une société parfois fortement conservatrice tout en dépeignant les problèmes des jeunes en perdition qui veulent en découdre afin de gagner de l’indépendance qui fait des paroles de Mashrou’ Leïla un exutoire intense.

Actuellement en tournée au Canada, le groupe parfois controversé sera présent pour jouer le 8 Octobre prochain à la Gaîté Lyrique à l’occasion du Festival Ile de France.

Crédit photo à la une : Festival Ile de France.

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