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On a vu pour vous : Younger, la série du créateur de Sex and the city

Après Sex And The City, la nouvelle série de Darren Starr arrive sur Teva. Younger est une comédie romantique légère, drôle et girly.

C’est quoi, Younger ? Récemment divorcée, Lisa (Sutton Foster) a mis entre parenthèses une carrière prometteuse dans l’édition pour s’occuper de son foyer. Lorsqu’elle décide de chercher un emploi dans son ancien domaine de compétence, la désillusion est rude : en compétition avec des gamines de vingt ans de moins qu’elle,  Lisa n’est plus dans le coup et essuie refus sur refus. Mais son amie Maggie (Debi  Mazar) la convainc de mentir sur son âge… En prétendant avoir 26 ans, Lisa décroche un job, devient amie avec sa jeune collègue Kelsey (Hillary Duff) et tombe sous le charme d’un beau tatoueur de 15 ans son cadet, Josh (Nico Tortorella). Mais jusqu’à quand pourra-t-elle dissimuler la vérité ? [youtube id= »_kNH0seIq2E »]

Dans Younger – adaptation des romans de Pamela Redmond Satran Lisa n’est pas Carrie Bradshaw : elle ne porte pas des Manholo Blanick, ni des fringues de créateur. Mais elle n’est pas si différente de l’héroïne de Sex And The City, « l’autre » série de Darren Star (à qui l’on doit aussi Beverly Hills). Comme elle, c’est une femme indépendante, qui se cherche et parcourt frénétiquement les rues de New York en quête du grand amour. En pleine crise de la quarantaine, larguée par son mari pour une maîtresse plus jeune, désœuvrée depuis que sa fille a quitté la maison, la voilà contrainte de chercher un emploi, alors qu’elle a déserté le marché du travail. Et Dieu sait qu’il n’est pas facile de convaincre un recruteur de 25 ans de vous laisser votre chance, quand vous n’avez qu’un vieux diplôme dépassé et aucune expérience. La situation est finalement banale, mais elle prend une toute autre tournure lorsque Lisa décide de mentir sur son âge et de se faire passer pour une jeunette de 26 ans…

L’ensemble aurait pu donner lieu à une analyse quasi-sociologique de la question de l’âge dans la construction de l’identité, de la place des femmes dans le monde du travail et de la pression qu’elles y subissent. Ces aspects sont présents en filigrane, mais ils ne sont pas l’essentiel d’une série qui n’a d’autre ambition que d’être une comédie légère et sympathique. Entre comédie de situation et romance, l’objectif est complètement atteint.

Le point de départ de l’imposture, avec tout ce qu’il suppose d’imbroglios et de suspense, est un grand classique de la fiction. Tout repose ici sur l’âge de l’héroïne et sur le fossé entre les générations, qui fournit l’essentiel de l’intrigue et du matériau comique de Younger. A 40 ans, Lisa n’appartient pas à la génération hyperconnectée, Snapchat et Twitter sont des mots absents de son vocabulaire, elle cite plus volontiers Punky Brewster que Hunger Games, ses techniques de drague ont vingt ans de retard, et même la manière dont elle s’épile où-vous-pensez est totalement has been ! Lisa doit donc se mettre à la page, revoir ses références culturelles et apprendre à fonctionner comme la génération à laquelle elle prétend appartenir si elle veut maintenir l’illusion face à ses collègues, sa patronne ou son jeune et fougueux amant.

Josh et Lisa : la différence d’âge n’est pas (encore…) un problème.

Josh et Lisa : la différence d’âge n’est pas (encore…) un problème.

On frôle parfois la caricature, mais Younger a l’intelligence de ne pas se résumer à une simple confrontation entre générations dont elle égrènerait les divergences. D’abord parce qu’elle exploite cette opposition pour explorer les problématiques propres à chaque âge : la crise existentielle de Lisa, le difficile équilibre entre vie privée et professionnelle de sa patronne Diana (Miriam Shor), les erreurs de jugements de Kelsey et la dérive de ses relations amoureuses. La série se double aussi d’une intrigue romantique légère mais bien construite, puisque le cœur de Lisa balance entre le hipster sexy et son patron, plus mature mais tout aussi séduisant – et les fans hésitent autant qu’elle et se partagent sur les réseaux sociaux entre #TeamJosh et #TeamCharles. (L’auteur de cet article appartient à la première, au cas où vous vous poseriez la question…) Tout aussi savoureux, le monde de l’édition en arrière-plan est décrit avec une ironie distanciée bourrée de clins d’œil et de références. On pense en particulier à l’ersatz de George R.R. Martin, dans un épisode irrésistible à ne pas manquer. (2.11).

Toute ressemblance avec des personnes existant…

Toute ressemblance avec des personnes existant…

Mais surtout, si la série peut sembler superficielle au départ, elle ne tarde pas à approfondir les relations entre ses personnages et à placer son héroïne en porte-à-faux. Le pieux mensonge, dont le spectateur est complice, s’avère d’autant plus intenable que Lisa noue des liens amicaux et amoureux qui mettent en péril le fragile édifice qu’elle a construit. Jusqu’à quand va-t-elle pouvoir dissimuler la vérité, mentir sur sa vie, sur l’existence de sa fille ? Comment pourra-t-elle sortir du mensonge dans lequel elle s’est enferrée ? Avec intelligence et finesse, Younger parvient à renouveler la dynamique entre ses protagonistes, sans jamais se répéter et en maintenant une qualité constante. Ce n’est pas le moindre de ses mérites.

Le plus surprenant est peut-être la manière dont on adhère au point de départ, pourtant improbable. Tout le mérite en revient à la merveilleuse Sutton Foster : 40 ans dans la vraie vie (ou IRL, comme disent les jeunes),  elle n’a aucun mal à se rajeunir de 15 ans et joue à la perfection du dynamisme et de la candeur de son personnage, de sa fragilité et de la multitude de sentiments qui l’agitent.  Le reste du casting, composé de comédiens sympathiques et dans le ton, est à l’avenant : Hillary Duff en jeune éditrice trendy, Miriam Shor en boss bourrue autoritaire, Debie Mazar dans la peau de l’artiste lesbienne ou un Nico Tortorella au sex appeal irrésistible : autant de comédiens qui donnent une belle énergie et une belle harmonie à la série.  

Alors que vient de débuter la saison 3 aux Etats-Unis, Younger a trouvé son ton et tracé son chemin, en s’éloignant progressivement de prémices convenues pour donner à son récit une profondeur intéressante. Réjouissante et fraîche, la série trace le portrait attachant d’une femme qui tente de se réinventer, et elle amuse par sa malice et émeut sans sensiblerie. Une jolie surprise, en deux saisons de 12 épisodes chacune qui sont autant de petits bonbons, à déguster avec délice et sans complexe. A 20 ans, comme à 40.

Younger – Saisons 1 et 2 sur Teva – A partir du 18 octobre.

Crédit photos : TVLand.

 

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