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On a vu pour vous … le pilote de Colony, la série SF qui débarque sur TF1

Alors que la saison 2 a débuté il y a quelques semaines aux Etats-Unis, Colony arrive enfin sur TF1. Avec un pilote intrigant qui donne envie de voir la suite.

C’est quoi, Colony ? Dans un futur proche, les extra-terrestres ont colonisé la Terre, et les forces militaires collaboratrices font régner l’ordre. A Los Angeles, l’ex-agent du FBI Will Bowman (Josh Holloway) se voit proposer un marché : pour retrouver son fils, qui a disparu lors de l’invasion, il doit accepter de reprendre du service et de traquer un groupe d’activistes  qui lutte dans l’ombre contre l’armée. Ce qu’il ignore, c’est que son épouse Kate (Sarah Wayne Callies) est elle-même impliquée dans la résistance…

Quand une œuvre de fiction aborde le thème de la guerre, elle peut le faire de plusieurs manières : en racontant ce que vivent les soldats sur le front, en se penchant sur les conflits politiques qu’elle engendre, en s’intéressant aux civils innocents qui se trouvent pris entre deux feux… Colony fait tout cela à la fois, en entremêlant tous ces aspects.

Dans un Los Angeles soumis à la loi martiale, la famille Bowman tente de poursuivre une vie normale : Will est mécanicien, tandis que sa femme Kate s’occupe de leurs enfants. Mais cette apparente banalité cache en fait une situation bien plus complexe… Pour tenter de retrouver leur autre fils Charlie, dont ils ont perdu la trace au commencement de l’invasion, Will infiltre un convoi à destination de Santa Monica : capturé, il est conduit devant le Gouverneur Snyder (Peter Jacobson), qui lui propose de travailler pour lui en échange du transfert de toute sa famille dans un quartier sécurisé, réservé aux dignitaires collaborant avec l’ennemi. Réticente, Kate finit par se laisser convaincre lorsque le gouverneur lui promet de l’aider à retrouver Charlie. Membre d’un groupe de résistants dissidents, elle y voit aussi l’occasion d’infiltrer les hautes instances de l’intérieur afin d’aider les membres de son réseau.  

A partir de ce scénario séduisant, Colony s’inscrit dans la lignée de toute une série de dystopies mettant en scène des territoires occupés : on pense par exemple à  Jericho, Falling Skies, ou plus récemment Occupied et The Man in the High Castle. La grande qualité du pilote de Colony réside dans la manière dont elle refuse de céder à la facilité, dévoilant la situation par des allusions et des sous-entendus, sans préambule ou prologue explicatif. Dès le départ, elle plonge le spectateur dans la banalité du quotidien d’une famille, et s’insère progressivement dans un plan d’ensemble plus vaste en révélant par petites touches une histoire plus complexe. Certes, l’ambiance est résolument sombre et futuriste, avec drones, technologie d’anticipation, murs infranchissables entourant la ville. Mais l’origine extra-terrestre de l’invasion n’est pas explicite, seulement suggérée par l’atmosphère, par de mystérieux faisceaux lumineux dans le ciel,  ou par quelques répliques disséminées dans les dialogues. Pas de petits hommes verts (ou gris), aucun vaisseau spatial, aucune mention des aliens ; c’est en reliant les différents indices qu’on en vient à cette conclusion et que l’on comprend qu’au terme d’une guerre perdue par l’espèce humaine, le pouvoir est exercé par une délégation soumise à la domination extra-terrestre tandis que de petits groupes refusent de s’avouer vaincus et, dans l’ombre, organisent la résistance.

A lire aussi : notre dossier sur The man in the high castle

Will et Kate Bowman, en pleine guerre alien (sans aliens)

 

Il en va de même avec les personnages : on ne découvre pas immédiatement le passé militaire de Will, et encore moins les réelles intentions de Kate. Ce n’est qu’en fin d’épisode qu’est dévoilée son implication dans la rébellion. L’information, essentielle, éclaire alors d’un nouveau jour la situation, le personnage et la dynamique de son couple, en posant davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses : Kate parviendra-t-elle à ses fins ? Comment  aidera-t-elle ses comparses sans se compromettre ? Will va-t-il découvrir le double jeu de son épouse ? Comment réagira-t-il alors qu’il est chargé de traquer les rebelles, et devra-t-il choisir entre Kate et leur fils ? Quel rôle joue exactement le gouverneur ?

Le point fort du pilote réside donc dans les mystères, les interrogations qu’il soulève et la manière dont il excite la curiosité du public en révélant au compte-gouttes des informations essentielles à une vision d’ensemble. Et ce n’est guère surprenant, lorsqu’on sait que Colony a été créée par Carlton Cuse, scénariste de Lost… Les énigmes, les secrets et les faux-semblants sont des éléments qu’il connaît bien, et qu’il manie avec aisance. Dans le cas présent, le fond est d’ailleurs plus accessible, plus réaliste et nettement moins ésotérique…  Ajoutez-y la présence de Josh Holloway (alias Sawyer dans Lost) et de Sarah Wayne Callies (Prison Break, The Walking Dead), qui délivrent une prestation convaincante ; des seconds rôles bien écrits et étoffés par la suite ; un scénario solide et une réalisation efficace…  De quoi obtenir une série prenante, alliant intelligemment action et suspense.

Le pilote de Colony annonce une série intrigante et prometteuse. L’argument de base a déjà été exploité, mais la série y ajoute une part de mystère en parsemant le récit de détails et d’allusions à partir desquels se dessine la vision d’ensemble. Un parti pris intelligent, qui permet à Colony de se démarquer en mêlant action, science-fiction, suspense et espionnage.  Après avoir vu la première saison (la deuxième est en cours de diffusion aux Etats-Unis), on regrettera sans doute quelques épisodes moins réussis et on reconnaîtra que Colony traîne parfois en longueur. Elle reste cependant fidèle aux prémices posés par le pilote.  

Colony.

12 épisodes de 45’ environ.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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