Après les tumultes de la vie dadaïste pendant lesquels Jean Arp (1887 – 1966) et Sophie Taeuber (1889 – 1943) réalisent des collages abstraits, broderies et reliefs polychromes, le couple se réfugie dans la sérénité de Clamart. Cadre idéal à l’élaboration d’un langage plastique novateur, leur fascinante résidence, devenue aujourd’hui la Fondation Arp, leur offre un réel épanouissement artistique. A travers ce site exceptionnel qu’ils laissent en héritage au public, la rédaction de VL vous propose une vue de la sculpture d’avant-garde dans toute sa splendeur.
« Je me laisse mener par l’œuvre en train de naître, je lui fais confiance, je ne réfléchis pas. Les formes viennent, avenantes ou étranges, hostiles, inexplicables, muettes ou ensommeillées » – Jean Arp
A l’orée de la forêt de Meudon, cette charmante maison atelier n’est autre que l’ancienne demeure de ces deux personnalités complexes du dadaïsme zurichois. Dans les années 1930 ce lieu était fréquenté par la plupart des artistes et écrivains des avant-gardes tels que Max Ernst, le couple Van Doesburg, Kurt Schwitters, Tristan Tzara, James Joyce, Paul Éluard, et le couple Delaunay, entre autres. Le bâtiment dessiné par Sophie Taeuber, inséparable de son contenu artistique, plonge le visiteur dans un tout organique, échappant à l’asphyxie des musées.
Nouveau langage plastique
Le domaine propose un parcours immersif dans un monde matériel et spirituel où le contenant dialogue avec le contenu. Il regroupe une multitude de sculptures d’une sensualité manifeste aux volumes courbes et sinueux. Cette recherche de nouvelles formes selon un processus analogue à la croissance de la nature donne naissance à un univers de formes organiques délicates et harmonieuses. Dans ces œuvres audacieuses, le plâtre détrône le marbre, et l’explicite disparaît au profit de l’art de la suggestion. Celui-ci laisse transparaître l’essence du motif représenté. Sculptures, mobilier, tissages et tableau épousent cet intérieur imbu de l’intimité et de l’effervescence du couple.
« Les créations de Sophie Taeuber nous donnent le sentiment d’être hors du temps, car elles restent toujours vivantes et en équilibre et procurent ainsi du bien-être au spectateur. Les peintures et les desseins s’inscrivent dans un espace quasi calculé qu’on peut imaginer comme un réseau sous-jacent », écrit en 2007 Ester Hess à propos de Sophie Taeuber dans « Rythmes plastiques, réalités architecturales ».
Une collection des 115 plâtres, placée en dépôt permanent à la Fondation Arp par le Musée National d’Art Moderne, vient compléter l’imposant ensemble d’oeuvres.
Infos pratiques:
21 rue des Châtaigniers, Clamart
RER C, bus 169 ou 289, arrêt Meudon Val-Fleury
Ouverture au public les jeudi, vendredi, samedi, dimanche de 14 à 18h,
Tarif visiteurs : 9 € par personne.
Tarif réduit : 7 € (étudiants)