Le Parti national conservateur hongrois a obtenu 48,8 % aux élections législatives. Fort du taux de participation élevé, Viktor Orban, le Premier ministre, démarre son troisième mandat dans des conditions idéales.
Alors que le Premier ministre a réussi à conserver sa majorité à l’issue des élections de dimanche, l’inquiétude de Bruxelles s’intensifie face à la montée d’une vague que l’on appelle le « populisme ». Que faut-il retenir de cette réélection ?
Les faits
Dimanche, Viktor Orban et sa formation d’extrême droite triomphent lors des élections législatives hongroises. Ils obtiennent 48,8 % des votes et 133 sièges (sur 199) au Parlement. En d’autres termes, la majorité absolue.
Ils gagnent surtout avec la manière, jamais les Hongrois n’avaient été aussi nombreux à voter depuis 2002. 7 électeurs sur 10 se sont déplacés ce week-end. Le FIDESZ devient aussi le premier parti à gagner trois fois de suite depuis le début de la transition démocratique.
C’est un point de retour pour la vague antieuropéenne, elle qui avait pris forme ici même, en Hongrie, il y a 8 ans. Depuis, c’est la moitié de l’Europe qui a été arrosée par les idées radicales : Autriche, Slovaquie, Italie, Pologne…Paris et Berlin doivent commencer à se sentir seuls dans ce grand ménage à 28.
Une campagne basée sur le rejet de l’immigration
Orban compte bien sauver sa nation de l’Europe et du monde. Pour ce dernier, l’extérieur constitue le danger. Sa campagne a été marquée par des frasques anti étrangers. Il avait notamment affirmé que l’Union Européenne et les Nations Unies souhaitaient remplacer les habitants d’Europe Centrale par des réfugiés africains. Une politique de dénonciation de l’autre qui est bien d’ailleurs rentrée dans la tête de ses soutiens, un de ces militants déclare au Monde : « Vous n’avez pas vu assez de sang couler le soir du Bataclan ? Vous voulez toujours intégrer les migrants ? »
Et maintenant, l’inquiétude ?
Fort d’une majorité absolue, Orban peut désormais modifier la Constitution magyare. lI semblerait que la loi dite « Stop Soros » sera une des premières votées au Parlement.
Cette loi aura recours aux services secrets pour surveiller la société civile. Cela inquiète les Hongrois, comme cette femme qui craint pour la liberté d’expression : « Je crains que l’espoir des intellectuels et des gens qui veulent le changement ne soit désormais brisé. J’ai peur que les gens ne viennent plus chez nous et c’est ce qui va nous enfermer encore plus. J’ai vraiment peur de ce qui va se passer, ici, dans les prochaines années ».
La pérennité des ONG sur le sol est aussi menacée, cette loi pourrait les obliger à déguerpir. Orban souhaite fermer les organisations se mêlant de politique, c’est-à-dire des organisations qui aident les réfugiés. Amnesty International pourrait bientôt être contraint de quitter la Hongrie. Ce serait une première en Europe.
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