Depuis mercredi dernier, près de 200 personnes se relaient pour dormir dans la tente de l’association Droit au Logement [DAL]. Un abri de 140 m², Place de la République, où logent bénévoles et sans-abri. Leur objectif : faire un coup de gueule pour dénoncer “l’inefficacité” du gouvernement sur la question des SDF.
“Nous voulons qu’Emmanuel Macron aide réellement les gens de la rue, comme il l’a promis durant sa campagne”, déclare Marie Laurent, salariée de DAL. Entourée de plusieurs SDF, cette jeune femme nous explique que “la plupart des familles ici devraient être logées par le Samu Social”. Mais selon la militante, “lorsque l’on appelle le 115, on doit attendre deux mois pour avoir un toit au-dessus de la tête.”
L’aide publique apportée par l’Etat est très critiquée : “Le Président de la République doit respecter ses engagements, et fournir un logement à tous les sans-abri de France.” Pour se faire entendre, ils campent “pour une durée indéterminée” sur une des plus grandes places de la capitale.
10h, et encore quelques sans-abri dorment sur le sol. Ils ne sont plus qu’une quinzaine présents sur place. “La plupart viennent pour la nuit, supporter notre action, et repartent le lendemain matin pour aller travailler ou faire la manche”, explique Ouda, une autre bénévole, “on va bientôt se faire remplacer par la relève, on tourne chaque jour.”
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Aucune cuisine sur place. Pour manger, et donc “tenir le plus longtemps possible”, c’est l’association “Une chorba pour tous” qui apporte chaque soir une gamelle de soupe. Les autres repas sont financés par une cagnotte collective. “Chacun donne ce qu’il peut, même les commerçants du quartier nous apportent de l’eau et du pain”, rappelle Ouda.
Leur mission ? Dénoncer l’aide du service public, et plus particulièrement celle du Samu Social. Chokria s’est fait expulser de son logement en mai dernier. “Solibail m’a mis dehors du jour au lendemain, sans me prévenir, parce que je n’avais plus de revenu”, explique cette Algérienne de 67 ans, “du coup aujourd’hui je dors par terre.”
La sénior critique principalement “l’inutilité du Samu.” “J’appelle le 115 tous les jours, mais à chaque fois, ils me disent de rappeler le lendemain, ce que je fais ! Au final, ça fait deux mois que je dors dehors,” témoigne-t-elle.
Même avis pour son amie Chaibie : “Si vous n’êtes pas prioritaire, [femme enceinte, femme battue, enfant de moins de 3 ans et maladie grave], le Samu va difficilement vous trouver un logement. Et si vous dormez déjà quelque part, on peut facilement vous expulser de l’hôtel qu’on a mis à votre disposition.” Aujourd’hui, après de nombreuses manifestations devant la préfecture organisées par DAL, Chaibie à de nouveau un toit au-dessus de la tête, financé par le Samu Social. “Mais les chambres qu’ils nous mettent à disposition sont très insalubres, remplies de souris et de cafards”, raconte-t-elle, “mais bon il vaut mieux rester discret à ce sujet si on ne veut pas en subir les conséquences.”
Les conditions de vie ne sont pas la priorité pour ces mères de famille : “J’ai peur que l’on me prenne ma fille,” confie l’une d’entre elles. Cette Africaine fait allusion à l’Aide Sociale à l’Enfance [ASE], qui prévoit un logement pour tout mineur à la rue. Toute stressée, elle explique que, “quand on est des parents à la rue, l’ASE doit nous prendre nos enfants pour s’en occuper. Ça n’arrivera jamais, je préfère mourir que de perdre ma fille.”
