En premier lieu, pour comprendre le conflit, il est essentiel de saisir la différence entre les sunnites et les chiites : En 632 de notre ère, les musulmans n’étaient pas d’accord quant au futur successeur du prophète Mahomet. Deux groupes se distinguèrent alors : D’une part, les chiites estimaient qu’Ali, cousin et gendre de Mahomet, était le successeur légitime de Mahomet. Or, les Sunnites voyaient plutôt en Abou Bakr le digne successeur de Mahomet étant le plus fidèle parmi les fidèles. Si ces deux groupes se reconnaissent comme musulmans, il existe une vraie fracture entre eux. Pour comprendre le conflit qui se déroule au Yémen, il faut retenir que l’Arabie Saoudite est principalement sunnite et l’Iran majoritairement chiite. Quant au Yémen, globalement, la population est à 55% sunnite et à 45% chiite.
Les origines du conflit depuis 2004
Le conflit au Yémen est le résultat de deux conflits successifs : En 2004, éclate la guerre de Sadaa,une ville située au nord du Yémen, en raison d’un sentiment de marginalisation ressenti par la communauté chiite houthis, qui tire son nom du chef du clan, Hussein al-Houti. En effet, ceux-ci se sentent lésés par le gouvernement sur les plans économiques, politiques et religieux. Depuis Saada, les insurrections chiites se multiplient et sont largement soutenues par l’Iran, majoritairement chiite.
En 2011, le Yémen connaît lui aussi, comme d’autres pays du Moyen-orient une série de manifestations populaires lors du Printemps Arabe. Le conflit démarre réellement en 2014 : une guerre civile éclate entre les rebelles chiites houtistes et les fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, qui était alors au pouvoir depuis 34 ans et qui a été contraint de quitter son poste. Il est alors remplacé par Abraddo Mansour Hedi, son vice-président. Les rebelles se sont alors dirigés vers le sud et se sont emparés de Sanaa, la capitale du Yémen. La rébellion va provoquer le coup d’Etat de 2015 qui vise le président Abraddo Mansour Hedi, contraint de fuir vers l’Arabie Saoudite. Les chiites s’emparent alors du pouvoir.
En 2015, les choses se compliquent davantage par l’internationalisation du conflit. Lorsque le président Abraddo Mansour Heidi s’enfuit vers l’Arabie Saoudite, Riyad, la capitale, déclenche son opération « Tempête décisive » qui se solde par des frappes aériennes contre les rebelles houtistes, accusés d’être soutenus par l’Iran. Cette opération est soutenue par une coalition de 9 pays arabes. Le pays devient rapidement à feu et à sang, les civils étant indifféremment touchés par les bombardements saoudiens. Cette guerre, qui était jusque-là politique, devient également religieuse par l’entrée en guerre de l’Arabie Saoudite sunnite contre l’Iran chiite sur les terres du Yémen.
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— Agence France-Presse (@afpfr) 16 décembre 2018
Une paix difficile à obtenir
Une des conséquences tragique de cette guerre est la famine qui a rapidement touché tout le pays. Le porte-parole du Programme Alimentaire Mondial (PAM) a déclaré que 8 million de yéménites sont au bord de la famine, dont 5,3 millions d’enfants. Dans les régions touchées par la guerre, le prix de la nourriture a grimpé de 68% depuis 2015. Il devient donc urgent de trouver une solution pacifique au conflit.
Depuis l’affaire Jamal Kashoggi, la France et les Etats-Unis ont fait pression sur une Arabie Saoudite fragilisée pour cesser les bombardements aériens. Les appels se sont multipliés afin de trouver une solution pacifique pour mettre un terme au conflit, sous l’égide des Nations Unies.
Le 18 décembre, l’ONU a permis de rendre effectif un cessez-le-feu dans le ville d’Hodeida entre les rebelles houtistes et le gouvernement yéménite, réunis à Rimbo, en Suède. Selon l’ONU, cette ville connaîtrait la « pire crise humanitaire du monde ». En effet, elle a été coupée de deux routes la reliant au reste du pays et a connu, en conséquence, une montée des prix des denrées alimentaires et du carburant. Toutefois, le répit n’aura pas duré longtemps, des heurts ayant éclaté à l’est du pays quelques heures seulement après la signature du cessez-le-feu. Depuis 2014, sept trêves négociées par l’ONU n’ont pas été respectées.
D’autres trêves devraient normalement être mises en oeuvre comme le retrait des rebelles dans les ports d’Hodeïda, d’Al-Salif et de Ras Issa à compter du 7 janvier. Le gouvernement yéménite est sceptique quant à leur application effective, ayant déclaré que les houtis « historiquement n’avaient jamais respecté les règles de la guerre ».