Après une fin d’année chaotique, l’année 2019 va débuter sous le signe d’une (énième) nouvelle stratégie de communication de l’Elysée. Emmanuel Macron veut re-présidentialiser son image pour reconquérir l’opinion. Mais pour quels résultats ?
C’était presque un un non-évènement mais la symbolique était importante. En fin de semaine dernière au Tchad, Emmanuel Macron saluait l’engagement des armées dans l’opération Barkhane. Derrière ce déplacement, le message était clair : le Président se réapproprie des thématiques comme l’ordre et l’autorité. Un retour en force sur les sujets régaliens pour servir la nouvelle stratégie de com’ de l’Elysée. Après une itinérance mémorielle chaotique et une crise des gilets jaunes dont l’exécutif a eu du mal à sortir, Emmanuel Macron doit reconstruire son image. Pour cela, le Château mise sur la re-présidentialisation du chef de l’Etat.
Montrer un Président de la République au travail et concentré
Le déplacement au Tchad était prévu de longue date mais en pleine crise des gilets jaunes le message allait plus loin qu’un simple soutien aux armées. L’objectif était de montrer un Emmanuel Macron au travail et concentré, loin des « Macron démissions » scandés sur les ronds-points depuis fin novembre. Le Président de la République peut être contesté mais le chef de l’Etat et des Armées, lui, ne l’ai pas. Une crise des gilets jaunes qui a mis subitement – et pour longtemps – un terme à la tentative de l’Elysée de rapprocher le Président et les Français. Les images d’Emmanuel Macron au contact, écoutant et entendant la colère durant son itinérance mémorielle de novembre appartiennent au passé. Avant tout, durant cette fin d’année, Emmanuel Macron n’a pas apprécié la banalisation et la surexposition de sa parole. Résultat : retour à une présidence jupitérienne, loin des médias.
Un nouveau mode d’emploi de la communication présidentielle.
Emmanuel Macron avait imaginé sa présidence dans un style « gaullo-mitterrandien » : le Président dirige la politique et le Premier Ministre monte au front. La fin d’année 2018 est venue confirmer que cette stratégie était la bonne et l’Elysée met au point un nouveau mode d’emploi. Terminé le silence total mais place à une communication ultra-maîtrisée. Première règle : minimiser la prise de risque en limitant les sorties médiatiques. Il est loin le temps des confrontations journalistiques avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. Seconde règle : contourner (voire se passer) des journalistes, a fortiori politiques. Durant ce mois-ci, deux événements étaient interdits à la presse. Si des journalistes sont parfois conviés, ils sont directement choisis par l’Elysée. Emmanuel Macron dit « préférer un contact direct » avec les Français … mais pas trop non plus. Une allocution présidentielle en semi-directe la mieux adaptée à cette nouvelle stratégie présidentielle.
Cette nouvelle méthode peut-elle donner des bons résultats ?
La minimisation de la prise de risques et le contournement des journalistes ne sont pas forcément l’assurance d’un bon résultat. Ils peuvent donner l’image d’un chef de l’Etat enfermé, comme paralysé par son impopularité. Cependant, les résultats sont difficiles à prévoir d’autant plus qu’Emmanuel Macron a promis, début 2019, d’aller à la rencontre et ne pourra que très difficilement éviter les confrontations avec les gilets jaunes. Le dilemme est le suivant : ne pas aller à la rencontre montre qu’il se cache et aller échanger directement, c’est prendre le risque d’un dérapage. Des changements qui ne règleront pas le principal problème : la personnalité et la parole d’Emmanuel Macron – parfois de façon totalement irrationnelle – peuvent être visées et contestées.
Tout les mea-culpa de la terre d’Emmanuel Macron ne remplaceront pas une lente, très lente reconstruction de son image. Pour cela, le Président doit éviter les petites phrases et retrouver la fameuse bienveillance prônée durant la campagne présidentielle. Le tout en s’appuyant sur le dernier trait de sa personnalité qui tienne dans l’opinion : sa volonté et sa capacité à réformer le pays. Réponse sur le terrain début 2019.