Élèves de premières, pas d’annulation de l’oral de français à l’horizon pour le moment. VL vous soutient, on continue d’espérer ! En attendant, le stress monte lentement mais surement. Les cours vous ont manqué sur un bon nombre d’œuvres au programme ? Pas de panique ! Aujourd’hui, nous révisons avec vous le recueil Alcools de Guillaume Apollinaire.
Apollinaire, l’auteur
Guillaume Apollinaire est né à Rome en 1880. De nationalité polonaise par ascendance maternelle, il est élevé par sa mère et grandit notamment à Monaco et à Nice. Après son échec au baccalauréat, il s’installe en 1900 à Paris et vit dans la précarité. Un an plus trad, il parvient à publier ses premiers poèmes et devient précepteur d’une famille noble qui l’entraîne avec elle dans ses voyages en Allemagne et en Autriche. C’est donc en Allemagne qu’il découvre la richesse culturelle de la Rhénanie, dont il s’inspire dans sa poésie.
Cet épisode en tant que précepteur marque également son amour non réciproque pour la gouvernante anglaise de la famille pour qui il travaille, Annie Playden.
Il retourne à Paris en 1903 et s’éprend pour l’artiste peintre Marie Laurencin en 1907. Ses ouvrages commencent à connaître le succès. Il se lie d’amitié avec des artistes tel Picasso, la scène de la peinture du début du XXème siècle s’ouvrant à lui. Il défend la modernité artistique et s’intéresse entre autres au cubisme.
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Accusé de complicité pour vol de La Joconde, il est incarcéré pendant une semaine, épisode qui le marquera et influencera ses écrits.
Il publie Alcools en 1913. Il part pour l’armée en 1915 mais sera blessé sur le front un an plus tard, alors qu’il avait tout juste obtenu la nationalité française. Inapte au combat, il publie en 1918 Calligrammes, autre recueil de poèmes. Il meurt la même année à Paris de la grippe espagnole, âgé de 38 ans.
L’œuvre
Publiée en 1913, l’œuvre Alcools rassemble des poèmes écrits entre 1898, alors que l’auteur n’avait que 18 ans, et 1913. C’est certainement le recueil le plus célèbre d’Apollinaire et le plus représentatif de la poésie du XXème siècle.
Les poèmes, bien qu’assez hétérogènes de premier abord, sont organisés en thèmes communs qui relèvent d’une certaine dimension autobiographique dans le recueil : son séjour en Rhénanie marqué par son amour pour Annie Playden ou encore son séjour en prison sont chacun évoqués dans des sections thématiques.
L’amour, souvent malheureux, est un thème récurrent dans ce recueil. L’amour déçu qu’il éprouva envers Annie Playden se retrouve notamment dans le poème La Chanson du Mal-aimé, et sa passion pour Marie Laurencin, avec qui il mène une relation tumultueuse de 1907 à 1912, influence son poème Marie. Il est en quête de l’idéal amoureux.
La fluidité est également particulièrement mise en scène dans Alcools. Le thème de l’eau qui coule, de la Seine, du Rhin, et de l’alcool sont à associer au temps qui passe, à la nostalgie, à la volonté d’oublier, ce que l’on peut trouver dans le poème Le pont Mirabeau.
Le voyage est également très présent. L’auteur nous invite à un itinéraire entre Paris et l’Allemagne, en passant par l’Amérique. On peut dresser une analogie avec son adoption de styles d’écriture changeants, voguant entre romantisme, symbolisme, cubisme ou encore surréalisme, terme qu’il inventera lui-même en 1917 et qui désignera un mouvement dont il aura été le précurseur par l’utilisation d’images insolites.
Ce qu’il faut retenir
Cette œuvre marque surtout une transition esthétique, entre quête de modernité et utilisation des traditions lyriques. L’inspiration d’Apollinaire est double.
D’un côté, l’attachement à la tradition poétique est particulièrement visible. Apollinaire utilise la thématique du mythe, notamment dans ses évocations de son voyage en Rhénanie, région qui regorge de légende et de mythologie germanique. Ainsi, le poème La Loreley évoque cette sirène du Rhin sur son rocher.
Apollinaire s’accroche aussi à des thèmes très romantiques, notamment en exaltant la nature, les saisons et en traitant du temps qui passe. Outre le romantisme, la mélancolie et le temps montrent également une influence Baudelairienne. Avec Alcools, le thème de l’ivresse rappelle les poèmes de Baudelaire, de presque 60 ans l’ainé d’Apollinaire, qui questionnent sur la condition de l’artiste moderne.
D’un autre côté, l’inspiration moderne est incontestable dans Alcools, à commencer par sa forme. La suppression de la ponctuation et des unités rythmiques des syllabes, vers et strophes apporte une lecture peu rythmée, fluide, et provoquant une certaine émotion lyrique. On peut rapprocher cette forme à l’essor des mélodies simples et « horizontales » en musique impressionniste française. De même, les poèmes disparates du recueil mais qui forment un tout cohérent rappelle le cubisme en peinture, avec ses objets décomposés et rassemblés. On observe l’influence mutuelle des arts dans leur différents mouvements esthétiques.
Le fond, les thématiques modernes évoquées sont quant à elle liées à un chamboulement esthétique ambiant. L’Europe est en effet plongée dans l’époque bouillonnante de la Deuxième Révolution industrielle. Inspiré par la modernité en peinture, le poète souhaite lui-même bouleverser son art : il en abolit les codes et utilise la thématique urbaine, la nouveauté technique (entre autres l’aviation) et la vie contemporaine. Le premier poème, Zone, est un parfait exemple de ces thèmes avant-gardistes : Apollinaire y fait l’éloge de la ville industrielle. Son goût pour l’industrie, la technologie, la machine est fortement lié au futurisme en peinture.